Baisse de 5% des cancers pris en charge à l’hôpital en 2020 en raison de la crise sanitaire
Dans le dernier BEH, Santé publique France (SPF) a examiné les conséquences de la crise sanitaire liée à la Covid-19 sur l'incidence des cancers en France. Leur étude, basée sur les variations temporelles du nombre de patients hospitalisés pour un nouveau cancer, offre une première estimation de cette situation
Le cancer a vu sa prise en charge largement affectée par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Cette situation a suscité de vives préoccupations et UNICANCER avait estimé en 2020 que ces retards de prise en charge se traduiraient par 1000 à 6000 décès prématurés. Dans le dernier BEH, SPF a cherché à fournir une estimation indirecte des conséquences en France, en se basant sur les variations temporelles du nombre de patients hospitalisés pour un nouveau cancer.
Les données hospitalières de 2010 à 2021 ont été extraites du Système national des données de santé. Une description graphique du nombre mensuel de patients hospitalisés pour un nouveau cancer avant et pendant la pandémie a été réalisée (de 2018 à 2021). Ensuite, pour mesurer plus directement les conséquences de la crise sanitaire, les nombres annuels observés de patients hospitalisés pour un nouveau cancer en 2020 et 2021 ont été comparés à des nombres attendus estimés en projetant les tendances modélisées de 2010 à 2019.
La description graphique a montré un déficit manifeste du nombre de patients hospitalisés pour un nouveau cancer au moment du premier confinement (mars à mai 2020). À partir de la modélisation et des projections, on estimait que l'écart annuel à l'attendu était de -5% en 2020 et de -0,9% en 2021. Les cancers bénéficiant d'un dépistage organisé ou d'un report de chirurgie possible étaient plus touchés que les cancers de mauvais pronostic, tels que les cancers du foie ou du pancréas.
En 2020, le nombre réel de patients admis à l'hôpital pour un nouveau diagnostic de cancer en France hexagonale (avec le cancer en DP) s'élevait à 366 582, contre un nombre prévu de 385 808, soit un déficit de 5,0% (IC95%: [-7,0% ; -2,9%]). Pour l’année 2021, le déficit était plus faible avec un écart de -0,9% [-3,5% ; +1,9%].
Sur les 22 types de cancer identifiés en 2020, 19 montraient un nombre de cas inférieur à celui attendu. Ce déficit était particulièrement notable pour les cancers suivants : la thyroïde (-11,5%), le col utérin (-10,0%), le rein (-7,6%), le sein (-7,0%) et la prostate (-6,4%). Les seuls cancers où le nombre observé n'était pas inférieur au nombre attendu concernaient le système nerveux central (0%), le foie (+0,7%) et la maladie de Hodgkin (+4,0%).
Les conséquences de la crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19 sur le nombre de patients hospitalisés pour un nouveau cancer en France était manifeste lors du premier confinement en 2020, et le déficit ne semble pas avoir été compensé en 2021. Par ailleurs, les indicateurs étudiés ne témoignent que partiellement des retards au diagnostic et de leurs multiples conséquences potentielles. L'évaluation de la portée de la pandémie dans toutes ses dimensions doit être poursuivie et affinée, en particulier à l'aide des données observées d'incidence des registres de cancer, qui seront disponibles courant 2023 pour les diagnostics réalisés en 2020.
Cet article souligne l'importance de continuer à surveiller et à évaluer les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur l'incidence des cancers. Il est essentiel de comprendre comment la crise sanitaire a affecté le diagnostic et le traitement des cancers afin d'adapter les stratégies de santé publique et de minimiser les retards de diagnostic à l'avenir.
En résumé : La crise sanitaire liée à la Covid-19 a eu des effets délétères sur la prise en charge des cancers en France. Les retards de diagnostic et les interruptions de traitement ont conduit à une diminution du nombre de patients hospitalisés pour un nouveau cancer. Cependant, les données actuelles ne permettent qu'une estimation partielle des conséquences réelles de la pandémie. Des études supplémentaires, basées sur les données d'incidence des registres de cancer, sont nécessaires pour une évaluation plus complète et précise. Ces résultats soulignent l'importance de maintenir les services de dépistage et de traitement du cancer pendant les crises sanitaires pour minimiser les effets sur l'incidence des cancers.
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Descripteur MESH : France , Incidence , Patients , Patients hospitalisés , Santé , Santé publique , Diagnostic , Foie , Pancréas , Maladie , Pronostic , Mars