Alcool et santé : un rapport préconise des avertissements sanitaires plus visibles en Europe
Une consommation d'alcool préoccupante en Europe
L'Union européenne (UE) figure parmi les régions du monde où la consommation d'alcool est la plus importante, avec un niveau deux fois supérieur à la moyenne mondiale. En 2019, plus de 5 % des décès dans l'UE étaient directement attribuables à l'alcool, et le cancer représentait la première cause de mortalité associée. "En 2020, il y a eu 111 298 nouveaux cas de cancers attribuables à l’alcool et 53 254 décès liés à ces cancers dans l’UE-27" (OMS, 2025). Face à cette réalité, un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) - région Europe appelle à un renforcement des avertissements sanitaires sur les emballages des boissons alcoolisées afin d'améliorer la prévention et d'informer efficacement les consommateurs des risques encourus.
L’OMS rappelle que l’alcool est responsable d’environ 800 000 décès par an dans la région européenne, ce qui fait de cette problématique un enjeu majeur de santé publique. Pourtant, seulement 3 pays de l’UE sur 27 ont mis en place un étiquetage sanitaire sur l’alcool, laissant la grande majorité des consommateurs sans information claire sur les risques qu’ils encourent.
Des avertissements sanitaires plus explicites pour une sensibilisation accrue
Le rapport insiste sur l’urgence d’introduire des avertissements sanitaires plus visibles et plus percutants, en mettant particulièrement en avant les liens entre la consommation d'alcool et certains cancers. Aujourd'hui, l'information sur ces risques reste largement méconnue : "seulement 39 % des répondants étaient conscients que l'alcool provoque le cancer colorectal, et seulement 15 % savaient qu’il est un facteur de risque pour le cancer du sein" (OMS, 2025).
L’OMS insiste sur le droit à l’information des consommateurs, affirmant que "des étiquettes d’avertissement claires et bien visibles sur les alcools, comprenant un avertissement précis au sujet du cancer, sont une pierre angulaire du droit à la santé, car elles permettent aux individus de disposer d’informations d’une importance vitale afin d’opérer des choix éclairés".
Expérimentations : l’impact des messages sanitaires sur le public
Entre novembre 2022 et mai 2023, une étude menée dans 14 pays européens a évalué l'efficacité de différents types d'étiquetages sanitaires. Les résultats indiquent que les avertissements spécifiques aux cancers, notamment ceux mentionnant le cancer du sein et du côlon, sont les plus efficaces pour améliorer la connaissance des risques liés à la consommation d’alcool. L'ajout de pictogrammes et de couleurs vives amplifie encore davantage leur impact. "Les avertissements sur le cancer ont significativement augmenté la sensibilisation au lien entre l'alcool et le cancer dans tous les pays étudiés, indépendamment de l’âge, du sexe ou du niveau d’éducation des répondants" (OMS, 2025).
Une étude de l’OMS menée auprès de 20 000 participants a également démontré que les avertissements relatifs au cancer sont plus susceptibles de susciter des discussions sur les risques de l’alcool et de réduire la consommation que d’autres messages sanitaires plus généraux.
Une autre partie de l’expérimentation a testé l’usage de QR codes permettant d’accéder à des informations sanitaires numériques. Les résultats obtenus dans un supermarché en Espagne ont révélé des limites significatives : seuls 0,085 % des clients ont scanné le QR code affichant des informations sur les dangers de l'alcool. Ces chiffres démontrent que l’étiquetage direct sur les emballages demeure le moyen le plus efficace pour toucher un large public. "Si l'information est uniquement accessible via un QR code, l'exposition du consommateur au message sanitaire est considérablement réduite" (OMS, 2025).
Vers une harmonisation européenne des étiquetages sanitaires ?
L'Irlande s’apprête à devenir le premier pays de l'UE à imposer des avertissements sanitaires mentionnant le cancer sur les bouteilles d'alcool, avec une mise en application prévue en 2026. À ce jour, seuls quelques pays européens, dont la France, l'Allemagne et la Lituanie, disposent d'une réglementation sur l'étiquetage sanitaire des boissons alcoolisées.
L’OMS souligne que plus de trois quarts des Européens soutiennent l’inclusion d’avertissements sanitaires clairs sur les étiquettes des boissons alcoolisées, signe d’une demande sociale forte en faveur d’une meilleure transparence sur les risques liés à l’alcool.
Les auteurs du rapport préconisent une harmonisation des politiques à l'échelle européenne afin d’assurer une information cohérente et accessible aux consommateurs. Ils recommandent également d’explorer de nouvelles stratégies pour optimiser la conception des étiquettes, en ajustant leur taille, leur couleur et leur positionnement, afin de maximiser leur visibilité et leur impact.
Enfin, l’OMS rappelle que l’étiquetage sanitaire peut aussi influencer les normes sociales et réduire l’attrait des boissons alcoolisées, notamment chez les jeunes générations, contribuant ainsi à un changement culturel plus large en matière de consommation d’alcool.
Malgré l’opposition de l’industrie de l’alcool, le rapport souligne que "des avertissements bien conçus, en particulier ceux qui mettent en avant le lien entre alcool et cancer, peuvent considérablement renforcer la sensibilisation du public et favoriser une remise en question de la consommation d'alcool" (OMS, 2025). Une réglementation plus stricte pourrait ainsi contribuer à une meilleure sensibilisation du public et à une réduction significative des maladies attribuables à l’alcool.
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