Covid-19 & Vitamine D : les patients carencés auraient deux fois plus de risque de décès
Une étude préliminaire disponible en pre-print sur medrxiv a permis d’établir un lien statistique entre carences en vitamine D et formes sévères de Covid-19. Selon ses conclusions, les personnes carencées en Vitamine D auraient 15 % de risque supplémentaire de développer une forme sévère de la maladie et deux fois plus de risques de décès que les personnes qui ne sont pas carencées. Pour expliquer ces liens, les auteurs évoquent un possible rôle modérateur de la vitamine D sur l’orage de cytokines et de manière plus générale une meilleure réponse du système immunitaire face aux infections respiratoires.
Une équipe de l’université Northwestern située dans la banlieue nord de Chicago a cherché à identifier des liens statistiques entre carences en vitamine D et formes graves de covid-19 en compulsant les données épidémiologiques de différents pays fortement touchés par l’épidémie de Coronavirus Sars Cov-2 (Chine, France, Allemagne, Italie, Iran, Corée du Sud, Espagne, Suisse, Royaume-Uni et les États-Unis)
Comme le niveau en Vitamine D des patients étudiés n’était pas connu, les chercheurs se sont basés sur lien inverse établi par Qian LI au cours d’une autre étude entre niveaux de protéine C-Réactive (CRP) et déficience en Vitamine D et confirmés par ailleurs par d’autres études épidémiologiques. Ces données ont par la suite été rapprochées du niveau de CRP de 1099 patients COVID-19 dont les caractéristiques cliniques ont été publiées dans une étude parue dans le NEJM le 30 avril dernier.
Il ressort de cette analyse statistique que les patients qui n’étaient pas carencés en Vitamine D présentaient un risque de 14,6 % de développer une forme grave de Covid-19 alors que pour les patients carencés en Vitamine D, ce risque était de 17,3 %, soit une augmentation de 15 %.
Dans un communiqué, Vadim Backman explique que si la Vitamine D n’empêche pas l’infection, elle pourrait réduire les complications et même diviser par deux les risques de décès.
En effet, selon les auteurs, il existe une forte corrélation entre carences en vitamine D et orage de cytokine d’une part et mortalité des suites du Covid-19 d’autre part.
Si le rôle de la vitamine D dans l’activation des défenses immunitaires a de plus en plus été documenté dans la littérature ces dernières années, son rôle immunomodulateur est aussi suspecté dans de nombreuses maladies à composantes auto-immunes. Une étude publiée en 2009 suggère également que la vitamine D réduirait la production de cytokine dans le cadre de l’épidémie de grippe espagnole de 1918.
« Les carences en vitamine D sont clairement néfastes pour le système immunitaire et pourraient à elles seules expliquer une grande partie des différences de mortalités face au Covid-19 selon les pays. Il pourrait être relativement facile de protéger les populations souvent carencées comme les personnes âgées, mais aussi les Afro-Américains avec une supplémentation adaptée en vitamine D3 » explique le Pr Backman.
Mais il ne s’agit pas pour autant de supplémenter en Vitamine D toute la population qui doit être mise en garde contre les risques de surdosage. Le chercheur milite pour que des études mesurant précisément le niveau de vitamine D des patients covid-19 soient entreprises afin non seulement d’évaluer un dosage efficace, mais aussi d’explorer plus en détail les mécanismes physiopathologiques qui pourraient être à l’origine de ces corrélations statistiques.
« Ces données pourraient éclairer les mécanismes de la mortalité du COVID-19 et mener à de nouvelles cibles thérapeutiques » conclut il.
Descripteur MESH : Risque , Patients , Vitamine D , Personnes , Rôle , Système immunitaire , Face , Maladie , Mortalité , Statistiques , Carence en vitamine D , Littérature , Coronavirus , Études épidémiologiques , Population , Protéine C , Chicago , Iran , Chine , Corée , France , Allemagne , Italie , Espagne , Suisse