L’activité physique à l’école : un levier pour la santé publique

L’activité physique à l’école : un levier pour la santé publique Face à la montée inquiétante de la sédentarité chez les jeunes, l’Académie nationale de médecine appelle à renforcer l’éducation physique en milieu scolaire. Des programmes concrets peuvent inverser la tendance et améliorer la santé à long terme des enfants et adolescents. Quels sont les enjeux et les actions à privilégier ?

Un rapport alarmant : l'inactivité physique des jeunes en France

Dans son rapport intitulé Améliorer la pratique des activités physiques, du sport et réduire la sédentarité à l’école : un enjeu de santé publique adopté le 17 septembre 2024, l’Académie nationale de médecine fait état de chiffres préoccupants. En France, seuls 50,7 % des garçons et 33,3 % des filles âgés de 6 à 17 ans respectent les recommandations de l'OMS, qui préconisent au moins 60 minutes d'activité physique modérée à intense par jour.

Chiffres clés du rapport :

  • 3 à 4 heures : temps moyen passé chaque jour devant un écran par les enfants et adolescents.
  • Seulement 16 % des filles de 15 à 17 ans atteignent les recommandations de l'OMS.
  • 20 % des garçons et 10 % des filles handicapés atteignent ces recommandations.

Cette inactivité accrue, combinée à un temps d’écran de plus en plus important, contribue à l’augmentation des cas de surpoids, d’obésité et de maladies cardio-métaboliques chez les jeunes. La pandémie de COVID-19 a exacerbé cette situation, réduisant les possibilités d’activité physique et augmentant le temps de sédentarité.


Les conséquences sur la santé des jeunes

1. Risques physiques immédiats et à long terme :

  • Surpoids et obésité : Le rapport de l'Académie montre que l'inactivité physique et la sédentarité sont des facteurs de risque majeurs de surpoids et d'obésité chez les jeunes. L'activité régulière aide à prévenir ces problèmes en améliorant la condition cardiorespiratoire et musculaire des enfants.
  • Pathologies cardio-métaboliques : Des études citées par l'Académie indiquent qu’une activité physique insuffisante durant l’enfance peut entraîner des maladies cardiovasculaires à l’âge adulte. Une bonne endurance cardiorespiratoire à l’adolescence est associée à un risque réduit de mortalité prématurée.

2. Impact sur la santé mentale et cognitive :

  • Bien-être psychologique : Le rapport souligne que la sédentarité, notamment le temps passé devant les écrans, affecte négativement le bien-être mental des jeunes, augmentant les risques de dépression et d’anxiété.
  • Réussite scolaire : L’Académie met en avant les bénéfices de l’activité physique sur les performances scolaires. Les élèves actifs montrent une meilleure concentration, une mémoire de travail plus performante et une flexibilité cognitive accrue, ce qui se traduit par de meilleurs résultats, notamment en lecture et en mathématiques.

Des initiatives concrètes inspirées du rapport de l’Académie

Étude de cas : "30 minutes d'activité quotidienne" Dans l’académie de Créteil, une initiative visant à inclure 30 minutes d'activité physique quotidienne en plus des cours obligatoires d’éducation physique et sportive (EPS) a montré des résultats positifs. 94 % des enseignants ont observé une amélioration du bien-être des élèves et 80 % ont constaté une meilleure attention en classe. Ce type de programme est un exemple d’action simple et efficace que les écoles peuvent adopter pour promouvoir l’activité physique.


Recommandations pour améliorer la situation

  1. Renforcer l'éducation physique et sportive (EPS) : Augmenter les heures d'EPS à 4 heures hebdomadaires dans les établissements scolaires. Mettre en avant des sports qui stimulent les fonctions cognitives, tels que les sports collectifs et les arts martiaux.

  2. Promouvoir les déplacements actifs : Encourager les trajets à pied ou à vélo pour se rendre à l'école afin de renforcer l'activité physique quotidienne. Des initiatives comme les "pédibus" (bus pédestres) ou les "vélibus" (bus à vélo) pourraient faciliter cette transition.

  3. Adapter les programmes pour les enfants en situation de handicap : Proposer des activités physiques adaptées et inclusives pour les élèves en situation de handicap, avec des équipements spécifiques et un encadrement formé.

  4. Sensibiliser les parents et les enseignants : Impliquer les parents dans la promotion d'un mode de vie actif et réduire la sédentarité à la maison. Les enseignants doivent être formés à l'importance de l'activité physique pour la santé et le développement global des élèves.

Bénéfices immédiats et durables de l'activité physique

Les recommandations du rapport de l’Académie sont fondées sur les effets mesurés de l’activité physique, à la fois à court et à long terme.

Effets immédiats :

  • Amélioration de la concentration et des résultats scolaires : L’activité physique régulière améliore l’attention en classe, réduisant ainsi l’agitation et renforçant les capacités cognitives des élèves. Cela se traduit par des progrès académiques mesurables, en particulier dans les matières telles que les mathématiques et la lecture.
  • Réduction de l’anxiété : L’activité physique stimule la production d’endorphines, ce qui aide à réduire les niveaux de stress et d'anxiété chez les enfants et adolescents.

Impacts à long terme :

  • Prévention des maladies chroniques : En encourageant l’activité physique chez les jeunes, on réduit les risques de surpoids et d'obésité, ainsi que l’apparition de maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires, à l’âge adulte.
  • Santé mentale renforcée : L’activité physique régulière favorise un bon équilibre mental et émotionnel, notamment en renforçant l’estime de soi et en améliorant l’intégration sociale des jeunes.

L'implication des professionnels de la santé, facteur clé de succés

Le rapport de l'Académie nationale de médecine souligne l'importance des collaborations entre écoles, familles et professionnels de la santé pour promouvoir un mode de vie actif chez les jeunes. Les professionnels de santé ont un rôle clé à jouer pour encourager les bonnes pratiques, tant à l’école qu’au sein des familles.

  1. Sensibiliser les familles : Organiser des ateliers avec les parents pour les informer des dangers de la sédentarité et des bienfaits de l’activité physique. Les professionnels peuvent également encourager la limitation du temps d’écran à domicile.

  2. Soutenir les initiatives scolaires : Collaborer avec les écoles pour soutenir les programmes d’activité physique. Encourager les écoles à organiser des activités physiques en récréation et promouvoir les déplacements actifs (marche, vélo) vers l’école.

  3. Recommander des activités adaptées : Conseiller des activités sportives adaptées à chaque enfant, en tenant compte de leurs préférences et besoins. Il est aussi essentiel d’intégrer des programmes spécifiques pour les jeunes en situation de handicap.


Investir pour une jeunesse plus active et en meilleure santé

Les recommandations du rapport de l'Académie nationale de médecine sont claires : l’augmentation de l’activité physique chez les enfants et adolescents est une priorité pour améliorer leur santé à long terme. Les professionnels de la santé, en partenariat avec les enseignants et les familles, peuvent jouer un rôle majeur dans la promotion d'un mode de vie actif. En adoptant des actions concrètes et en sensibilisant les jeunes aux bienfaits du sport, il est possible de renverser la tendance actuelle et de créer un avenir plus sain pour la jeunesse française.

Il ne reste plus qu'à trouver une volonté politique forte et des financements adéquats pour permettre la mise en œuvre de ces recommandations. Cet investissement, bien qu'important, sera probablement l’un des plus rentables à moyen terme : il permettra de réduire les coûts liés aux maladies chroniques et à la prise en charge des conséquences de la sédentarité tout en favorisant le bien-être et la réussite des jeunes.

Voir le rapport

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