Incidence du cancer du sein : la France numéro 1 mondial

Incidence du cancer du sein : la France numéro 1 mondial Selon le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), la France occupe désormais la première place mondiale pour l'incidence du cancer du sein, avec des perspectives pour 2050 peu reluisantes. Le Réseau Santé Environnement appelle dans un communiqué à une révision profonde des politiques de santé publique, soulignant l'impératif d'innover en matière de prévention et de soins pour renverser cette tendance.

En 2022, la France s'est positionnée comme le premier pays au monde en termes d'incidence du cancer du sein, marquant un tournant dans la lutte contre cette maladie. Avec des projections alarmantes jusqu'à 2050, prévoyant une augmentation de 37% des décès, de 14 700 à 20 100, l'urgence de s'attaquer aux causes environnementales de cette maladie n'a jamais été aussi évidente.

Une incidence croissante

Selon le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), la France a comptabilisé 484 000 nouveaux cas de cancer en 2022, entraînant 191 000 décès. Sur les trois dernières décennies, l'incidence du cancer a doublé, classant ainsi la France au neuvième rang mondial. Cette progression est marquée notamment par le cancer du sein, pour lequel la France a dépassé des pays comme la Belgique, les Pays-Bas, et le Luxembourg, qui étaient auparavant en tête. En 2022, elle est devenue le pays avec le taux d'incidence le plus élevé pour le cancer du sein à l'échelle mondiale. Les prévisions pour 2050 indiquent une aggravation de la situation, avec une estimation de 595 000 cas de cancer et 261 000 décès. Concernant spécifiquement le cancer du sein, une hausse de 37% des décès est anticipée, le nombre passant de 14 700 à 20 100. Pour le Réseau Santé Environnement l'urgence de s'attaquer aux causes environnementales de cette maladie n'a jamais été aussi évidente

Incidence du cancer du sein : la France numéro 1 mondial

La mortalité, une préoccupation majeure

Concernant la mortalité, bien que la France ne figure pas en première position à l'échelle mondiale, une place détenue par les îles Fidji, elle se positionne tout de même au-dessus de la moyenne globale et européenne. Elle présente un excès de 45% par rapport à l'Espagne pour la tranche d'âge 0-85 ans et de 82% en comparaison avec la Norvège et la Suisse pour les moins de 49 ans.

Les perturbateurs endocriniens au cœur du problème

L'impact des perturbateurs endocriniens sur le développement du cancer du sein est désormais reconnu comme un facteur déterminant. Des substances telles que le bisphénol A, les phtalates, et certains pesticides ont été identifiés comme ayant la capacité d'initier ou de favoriser le développement de cette maladie. L'étude PEPS'PE de Santé Publique France a même classé le cancer du sein dans la catégorie des maladies ayant un « niveau de preuve suffisant » pour le lien avec ces substances, suggérant la nécessité d'une action immédiate pour réduire l'exposition.

Vers une nouvelle stratégie de lutte

Le 30ème anniversaire d'Octobre Rose appelle à une réévaluation de la stratégie de lutte contre le cancer du sein. Le constat est sans appel : malgré les efforts de dépistage, l'incidence et la mortalité n'ont pas diminué comme espéré. Ce phénomène suggère que les actions doivent désormais se concentrer sur les causes environnementales du cancer, plutôt que sur le dépistage seul. La nécessité de s'appuyer sur les connaissances scientifiques actuelles pour guider les politiques de santé est impérative.

La France, en tant que leader involontaire dans l'incidence du cancer du sein, se trouve à la croisée des chemins. Les données scientifiques pointent vers une origine majoritairement environnementale de cette maladie, appelant à une révision profonde de la stratégie de lutte. Cela implique une collaboration internationale pour comprendre et agir sur les facteurs de risque, ainsi qu'une politique d'élimination à la source des perturbateurs endocriniens. La lutte contre le cancer du sein, à la lumière de ces informations, exige une approche à la fois préventive et inclusive, s'appuyant sur des preuves scientifiques solides pour un avenir plus sain.

Évaluation scientifique des risques chimiques sur le cancer du sein

Contexte et objectifs

Une étude publiée en janvier 2024 dans le journal Environmental Health Perspectives souligne la nécessité d'identifier les produits chimiques susceptibles d'augmenter le risque de cancer du sein (BC) en se concentrant sur ceux induisant des tumeurs mammaires chez les rongeurs ou activant les signaux des hormones sexuelles comme l'estrogène et la progestérone. L'objectif est de compiler des données sur les tumeurs chez les rongeurs, l'activité endocrinienne et la génotoxicité pour évaluer les caractéristiques clés des carcinogènes mammaires chez les rongeurs et identifier d'autres substances chimiques présentant ces effets, augmentant ainsi potentiellement le risque de BC.

Méthodologie

L'approche méthodologique de cette recherche repose sur l'utilisation de bases de données faisant autorité, telles que les Monographies de l'Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (IARC) et le programme ToxCast de l'EPA américaine. Les chercheurs ont sélectionné des substances chimiques induisant des tumeurs mammaires chez les rongeurs, stimulant la synthèse de l'estradiol ou de la progestérone, ou activant le récepteur d'estrogène (ER) in vitro. Ces substances ont été classées en fonction de leur génotoxicité et de l'intensité de leur activité endocrinienne pour évaluer leur prédominance parmi les carcinogènes mammaires.

Résultats

L'étude a identifié 279 carcinogènes mammaires et 642 autres substances chimiques stimulant la signalisation de l'estrogène ou de la progestérone. Les carcinogènes mammaires étaient significativement caractérisés par leur stéroïdogénicité, leur agonisme ER et leur génotoxicité. Ces caractéristiques soutiennent leur utilisation pour prédire la probabilité qu'une substance chimique induise des tumeurs mammaires chez les rongeurs et, par extension, augmente le risque de BC. Les résultats montrent une plus grande prévalence de stéroïdogènes parmi ces carcinogènes, avec beaucoup augmentant à la fois l'estradiol et la progestérone.

Discussion

Cette recherche met en lumière des centaines de composés aux activités biologiques susceptibles d'accroître le risque de BC, et démontre que ces activités sont prédominantes parmi les carcinogènes mammaires. Elle plaide pour une réévaluation de la classification des dangers de nombreuses substances sans étude approfondie de leur effet sur les tissus mammaires. Des substances chimiques avec les preuves les plus solides devraient être ciblées pour réduire l'exposition. Les auteurs proposent également des pistes pour renforcer l'identification des dangers, y compris des évaluations améliorées des effets mammaires, le développement d'essais pour plus de caractéristiques clés et des tests chimiques plus complets【https://doi.org/10.1289/EHP13233】.

 

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