Sepsis : le suivi des recommandations de prise en charge est insuffisant
Une enquête menée auprès de 368 médecins hospitaliers dans six pays européens — dont la France — montre que si le sepsis est bien connu, le suivi des recommandations reste encore insuffisant.
Le sepsis est une maladie grave où la réaction de l’organisme à une infection provoque des défaillances d’organes, et conduit souvent au décès. Selon un rapport de l’OMS (2020), le sepsis est responsable d’un décès sur cinq dans le monde, soit plus que le cancer. Chaque année en Europe, plus de 3,4 millions de personnes développent un sepsis et 700 000 d’entre elles ne survivent pas. En France, le nombre de décès annuels est estimé à 57 000. Il s’agit donc d’un sujet de santé publique aussi alarmant que le cancer ou le Covid, pourtant il reste encore méconnu du grand public.
Aujourd’hui, il est essentiel de détecter et diagnostiquer rapidement le sepsis pour favoriser une prise en charge précoce des patients : plus la mise en place d’un traitement adapté est retardée, plus le taux de mortalité est élevé. Un ensemble de pratiques cliniques sous le nom de « Sepsis Bundles » a été défini à l’échelle internationale, pour améliorer considérablement la situation des patients atteints par la maladie.
Fort de ce constat, et à l’occasion du mois de sensibilisation au sepsis, une enquête a été menée par le laboratoire bioMérieux, l’organisation internationale UK Sepsis Trust et l’institut IPSOS auprès de 368 médecins hospitaliers dans six pays européens — dont la France — afin d’évaluer leurs connaissances et leurs pratiques en matière de prise en charge du sepsis.
Les résultats de cette enquête montrent que, en France, malgré une bonne connaissance des médecins hospitaliers sur le sepsis et sa gravité, le suivi des « Sepsis Bundles » reste insuffisant. Parmi les résultats marquants de l’étude :
- 43 % déclarent qu’il existe des retards dans le diagnostic dans leur hôpital
- 1 médecin hospitalier sur 3 déclare que certains cas ne sont pas diagnostiqués
- Le nombre élevé de patients, le manque de personnel et le manque de formation et de connaissance des recommandations sont identifiés comme les principaux obstacles au suivi des Sepsis Bundles, en France comme dans le reste de l’Europe
En France, les médecins hospitaliers ont une prise de conscience plus avancée sur la question de l’antibiorésistance, et ont à cœur de prescrire l’antibiotique adéquat pour traiter le sepsis
À la lecture des résultats de cette étude, le Pr Djillali Annane, médecin, chef du service de réanimation à l’hôpital Raymond-Poincaré (AP-HP) à Garches et professeur de médecine, déclare : « Cette enquête inédite illustre la nécessité de mobiliser les efforts de tous pour vaincre le sepsis. Un effort particulier doit être fait sur l’éducation, la formation, l’accélération du transfert des innovations pour les soins courants, et pour financer la recherche multidisciplinaire seule à même de trouver les traitements qui sauveront les vies des enfants et des adultes de tout âge. »
Jamila Hedjal, Présidente de l’association Sepsis France, complète : « L’étude démontre, de manière claire, que le sepsis est une urgence imminente de santé publique. Sa prise en charge doit être précoce pour accroître les chances de survie du patient. Les pouvoirs publics européens doivent prioriser et investir, dans la formation des professionnels de santé, l’éducation du Grand Public et la recherche. Il est capital d’inciter les professionnels de santé à user des biomarqueurs et outils de détection déjà existants pour le diagnostic du sepsis précocement. C’est en conjuguant nos efforts que nous pourrons vaincre le sepsis ».
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