La grève des médecins libéraux reconduite du 2 au 8 janvier
Le collectif « Médecins pour demain » appelle à la reconduction de la grève des médecins libéraux du 2 au 8 janvier 2023. Une manifestation est également annoncée à Paris ce jeudi 5 janvier, à 13 heures place du Panthéon avec le ministère de la Santé comme destination finale du rassemblement.
« Nous nous y attendions. Le gouvernement n’a malheureusement pas daigné nous accorder de l’attention malgré cette première semaine de grève. Au contraire, nous avons même été injustement sermonnés par notre ministre.
C’est avec beaucoup de regret et d’amertume que nous appelons officiellement à une deuxième semaine de grève des médecins libéraux de France : du 2 au 8 janvier 2023 inclus.
Espérons que cette fois, nous soyons entendus… Restons solidaires chers confrères !
Et merci à tous les patients qui nous soutiennent, nous avons beaucoup de retours positifs de votre part et ça nous fait vraiment chaud au cœur !
Car ce n’est pas de gaité de cœur que nous fermons nos cabinets, croyez-nous. »
Un mouvement qui met les services d’urgence sous tension ?
Le 28 décembre, François Braun, en visite à Annecy, avait qualifié cette grève de malvenue. Marc Noizet, chef des urgences de Mulhouse et président de l’association Samu-Urgences de France estimait également au micro de France Bleu Alsace que « Cette grève arrive au pire des moments… Depuis 15 jours, on observe une augmentation excessivement importante, que je qualifierais presque de vertigineuse, de l’activité dans les centres d’urgence… On est en limite de rupture de ce qu’on est en capacité de faire avec les moyens dont on dispose en cette période de fin d’année ».
S’il soutient la grève des médecins libéraux, Urfan Ashraf, vice-président de SOS Médecins Grand Paris, constate que son service doit prendre en charge 30 % de patient en plus par rapport à l’année dernière.
Patrick Peloux président de l’AMUF livre son sentiment pour le Figaro « ils mettent leur grève au moment où de nombreux médecins libéraux sont déjà en vacances, et ne tiennent pas compte de la crise absolument catastrophique que nous vivons dans les hôpitaux » publics. Cette grève entraîne donc un abandon, en quelque sorte, de la population et de la demande des malades, ce que je trouve assez inquiétant. Je n’ai pas à juger leur grève, mais je pense qu’on a une responsabilité collective à l’égard des malades. De plus, je vois beaucoup de demandes de rémunération dans leurs revendications, mais très peu de propositions structurantes pour le système de santé. »
« il n’y a pas de bon moment pour faire grève »
Sur FranceBleu, Bénédicte Marvill médecin généraliste à Toulouse et membre du collectif « médecins pour demain » semble répondre à ces détracteurs qu’il n’y pas de bon moment pour faire grève.
« Malheureusement, le système de santé est à l’agonie depuis de nombreuses années. Nous n’avons trouvé que ce moyen de faire grève, la fermeture de nos cabinets, parce que les grèves silencieuses n’avaient jusqu’alors pas été entendues par nos instances gouvernementales »
Noëlle Cariclet, psychiatre et porte-parole du mouvement explique pour France24 que non réponse du gouvernement ne leur laisse guère le choix.
« Du fait de l’absence de réponse, nous avons décidé de reconduire la grève. Face au mépris du gouvernement, nous n’avons pas d’autre choix. Nous sommes extrêmement inquiets pour l’avenir de la médecine. »
Un choc d’attractivité pour répondre à la pénurie de médecin
Même si le directeur de l’assurance maladie considère cette revendication comme extravagante [alors qu’un médecin allemand est payé 76 € pour une consultation], Médecin pour demain maintient fermement le cap et demande le passage des tarifs de la consultation à 50 € en médecine générale.
Ces nouveaux moyens financiers pourraient non seulement motiver une partie des 40 % de médecins généralistes formés qui n’exercent pas aujourd’hui à s’installer mais aussi susciter un peu plus d’adhésion chez les jeunes médecins. La 4e année d’internat, les menaces de coercitions à l’installation qui planent sur les jeunes médecins ainsi que la souffrance au travail qu’ils constatent chez leurs ainés font office de repoussoirs.
Noëlle Cariclet rappelle qu’un médecin sur deux est en burnout. Et ces nouveaux moyens au-delà d’une juste revalorisation après des années de stagnation devraient surtout leur permettre de réduire cette souffrance au travail en leur redonnant plus de liberté, et une organisation plus efficiente au service de leurs patients.
“Cette revendication aurait un effet rapide sur l’accès au soin. Elle favoriserait l’attractivité de la profession de la médecine libérale qui souffre d’une hémorragie. Elle nous permettrait d’investir dans du matériel et déléguer la surcharge administrative. Ce n’est pas pour augmenter nos revenus” confie Mélanie Rica-Henry pour Ouest France
“Le bras de fer va se poursuivre, c’est sûr, mais sans doute pas sous cette forme. Cette grève n’aurait déjà pas dû avoir lieu, notre but n’est pas d’affecter nos patients. Nous allons donc réfléchir à des actions qui mettront davantage la pression sur les institutions pour que les choses changent et qu’on arrête de nous ignorer comme c’est le cas depuis des années. Nous espérons que les pouvoirs publics vont enfin nous écouter, et nous attendons beaucoup des négociations conventionnelles. Car cela n’a pas de sens pour un médecin de faire grève.” Explique la porte-parole pour France24
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