Le salaire des infirmiers

Les infirmiers jouent un rôle central dans le système de santé, intervenant à chaque étape du parcours de soins, qu'il s'agisse de gestes quotidiens ou de soins hautement techniques. Bien qu'ils soient indispensables, leur rémunération reste un sujet récurrent dans les débats sur la reconnaissance de leur profession. Cet article explore en détail les salaires des infirmiers en France, en tenant compte de critères tels que l'ancienneté, la spécialisation et le secteur d'activité, tout en comparant ces données avec celles d'autres pays européens.

Les facteurs influençant le salaire des infirmiers

Plusieurs éléments influencent le niveau de rémunération des infirmiers :

• Niveau d'expérience : Un infirmier débutant gagnera moins qu'un infirmier avec 20 ans d'expérience.
• Formation et qualifications : Les infirmiers spécialisés, comme les infirmiers anesthésistes (IADE) ou les infirmiers de bloc opératoire (IBODE), perçoivent des salaires plus élevés que les infirmiers généralistes.
• Secteur d'emploi : Le secteur public et privé ne rémunèrent pas les infirmiers de la même manière. Les infirmiers libéraux, eux, disposent d'une autre structure de rémunération.
• Localisation : Le salaire peut également varier en fonction des régions, avec des différences entre les zones urbaines et rurales.
• Les heures supplémentaires et des gardes : 

• Les infirmiers peuvent augmenter leur salaire grâce aux heures supplémentaires et aux gardes (nuit, week-ends, jours fériés). Voici un aperçu des majorations appliquées :

  • Garde de nuit : Majoration de 25 % à 50 % du salaire horaire.
  • Garde de week-end : Augmentation de 50 % à 100 % selon les conventions collectives.

  Ces primes représentent une part importante du revenu pour les infirmiers travaillant dans des services avec des rotations fréquentes (urgences, réanimation).

Salaire moyen des infirmiers en France

Le salaire moyen des infirmiers en France est généralement compris entre 2 000 et 3 000 euros brut par mois, selon leur ancienneté et leur lieu d'exercice. Par exemple :

• Infirmier débutant : Environ 1 900 euros brut par mois.
• Infirmier confirmé (après 10 ans d'expérience) : Entre 2 500 et 3 000 euros brut par mois.
• Infirmier en fin de carrière : Jusqu’à 3 500 euros brut par mois.

Ces montants varient également en fonction des primes et des heures supplémentaires, en particulier pour les infirmiers travaillant dans des services où les gardes de nuit et de week-end sont fréquentes.

Evolution du salaire des infirmiers

Le salaire des infirmiers progresse en fonction de l'ancienneté. Un infirmier en début de carrière, juste après son diplôme, peut espérer toucher environ 1 900 euros brut par mois, tandis qu'après 20 à 25 ans de carrière, son salaire brut peut atteindre 3 200 à 3 500 euros, surtout s'il exerce dans le secteur public où la progression salariale est encadrée par une grille indiciaire.

Dans le secteur privé, la progression est souvent moins rigide et dépend des négociations avec l'employeur.

Le salaire des infirmiers spécialisés

Les infirmiers ayant suivi des formations spécialisées bénéficient souvent d'un salaire supérieur. Voici quelques exemples :

• Infirmier Anesthésiste Diplômé d'État (IADE) : Leur salaire brut mensuel se situe entre 2 500 et 4 500 euros, selon l'expérience et le lieu de travail.
• Infirmier de Bloc Opératoire Diplômé d'État (IBODE) : Ces infirmiers gagnent généralement 2 300 à 4 000 euros brut par mois, selon leur ancienneté.
• Infirmier de Puériculture : Spécialisé dans le soin des enfants, leur salaire est légèrement supérieur à celui des infirmiers généralistes, autour de 2 300 euros brut par mois.

Les spécialisations exigent souvent des années de formation et d'expérience, mais elles offrent des perspectives salariales plus attractives.

Le salaire des infirmiers dans le secteur public

Les infirmiers travaillant dans la fonction publique hospitalière sont rémunérés selon une grille indiciaire. Voici un aperçu des salaires en fonction des échelons et de l'ancienneté :

• Infirmier débutant : 1 970 euros brut par mois.
• Infirmier confirmé (après 10 ans d’expérience) : 2 400 à 2 800 euros brut par mois.
• Infirmier en fin de carrière (plus de 20 ans d’expérience) : Jusqu'à 3 000 euros brut par mois.

Le secteur public offre également des primes spécifiques, notamment pour les heures de nuit ou les jours fériés, et un accès à une retraite avantageuse.

Grille Indiciaire du Grade 1 - Infirmier en Soins Généraux (IDE)

La grille du grade 1 concerne les infirmiers en début de carrière ou ayant peu d'ancienneté. Elle est divisée en 11 échelons, avec une progression salariale basée sur la durée passée dans chaque échelon. Voici quelques exemples des salaires bruts associés à cette grille :

• Échelon 1 : indice majoré 395, salaire brut de 1 944,50 €.
• Échelon 6 : indice majoré 518, salaire brut de 2 550,00 €.
• Échelon 11 : indice majoré 678, salaire brut de 3 337,64 €.

Chaque échelon est atteint après une période qui varie de 1 à 4 ans, ce qui permet une progression régulière du salaire. Les infirmiers en grade 1 représentent la majorité des infirmiers non spécialisés au sein du système public

Cette grille concerne les infirmiers débutants et expérimentés, sans spécialisation majeure, exerçant dans des établissements publics hospitaliers

Grille Indiciaire du Grade 2 - Infirmiers Spécialisés (IBODE, IPDE)

La grille du grade 2 est destinée aux infirmiers spécialisés, comme les IBODE (Infirmiers de Bloc Opératoire Diplômés d'État) ou IPDE (Infirmiers Puériculteurs Diplômés d'État). Elle est plus avantageuse et adaptée aux professionnels ayant des qualifications supplémentaires. Les salaires y sont plus élevés :

• Échelon 1 : indice majoré 427, salaire brut de 2 102,03 €.
• Échelon 6 : indice majoré 563, salaire brut de 2 771,53 €.
• Échelon 11 : indice majoré 727, salaire brut de 3 578,86 €.

La progression est similaire à celle du grade 1 en termes de durée, mais les niveaux de rémunération sont plus élevés dès le premier échelon, grâce à la spécialisation. Les infirmiers qui poursuivent ces formations bénéficient donc de salaires bruts plus attractifs et de primes spécifiques selon leurs responsabilités et missions

Cette grille est destinée aux infirmiers spécialisés tels que les infirmiers de bloc opératoire (IBODE) ou infirmiers puériculteurs (IPDE), qui ont suivi des formations supplémentaires et exercent des missions plus techniques

Grille Indiciaire du Grade 3 - Infirmiers Spécialisés (IBODE, IPDE, IADE)

Commentaire

• Échelons et Durée : Comme pour les autres grades, la progression d'échelon se fait à des intervalles réguliers, mais la durée varie. Les premiers échelons durent 2 ans, puis à partir du 6ᵉ échelon, la progression peut durer jusqu'à 4 ans.
• Salaire de Départ et Fin de Carrière : Le salaire brut mensuel commence à 2 116,80 € et atteint un maximum de 3 155,50 € au 10ᵉ échelon.

Différence avec les Grades 1 et 2

Les infirmiers spécialisés du Grade 3 bénéficient de salaires plus élevés par rapport aux infirmiers généralistes du Grade 1 et du Grade 2. Cette différence reflète la technicité et la responsabilité des tâches des infirmiers spécialisés, comme ceux en bloc opératoire (IBODE) ou en puériculture (IPDE), qui nécessitent des qualifications supplémentaires et une formation spécialisée.

Ces informations proviennent des dernières mises à jour des grilles indiciaires pour les infirmiers de la fonction publique hospitalière. Vous pouvez consulter plus de détails sur le site emploi-collectivites.fr

Le salaire des infirmiers dans le secteur privé

Dans le secteur privé, les salaires des infirmiers sont légèrement plus variables. Les infirmiers dans les cliniques privées gagnent des salaires comparables à ceux du secteur public, mais sans la sécurité de l'emploi et les avantages sociaux offerts dans le secteur public.

• Infirmier débutant dans le privé : 1 900 à 2 100 euros brut par mois.
• Infirmier avec 10 ans d'expérience : 2 500 à 3 000 euros brut par mois, selon la clinique et les négociations salariales.

Le salaire des infirmiers libéraux (IDEL)

Les infirmiers libéraux, qui exercent en indépendants, disposent d’un modèle de rémunération bien distinct des infirmiers salariés. Leur revenu, non assimilé à un salaire, dépend directement du nombre d’actes réalisés et de la taille de leur patientèle. En moyenne, un infirmier libéral génère un chiffre d’affaires compris entre 4 000 et 5 000 euros par mois, versé sous forme d’honoraires par les Caisses primaires d’assurance maladie (CPAM). Cependant, pour obtenir l'équivalent d'un salaire net, il est nécessaire de déduire environ 40 % de ce montant, couvrant les charges sociales et les frais professionnels.

Le revenu net moyen d'une infirmière libérale titulaire en France s’élève à environ 43 500 euros par an avant impôts, soit 3 625 euros nets par mois. Ce chiffre varie en fonction du statut de l’infirmier libéral :

• Titulaire : environ 43 500 euros nets par an.
• Collaboratrice : environ 41 000 euros nets par an.
• Remplaçante : environ 33 400 euros nets par an.

Bien que la rémunération des infirmiers libéraux puisse fluctuer, un titulaire perçoit en moyenne 43 500 euros nets par an, un montant supérieur à celui des infirmiers hospitaliers mais qui traduit davantage de responsabilités et une charge de travail sensiblement plus elevée. 52 heures en moyenne pour une IDEL contre 35 heures reglementaires pour une IDE hospitalière.

Comparaison du salaire des infirmiers en europe

Le salaire des infirmiers en France est dans la moyenne basse par rapport à d'autres pays européens. Voici une comparaison approximative :

• Allemagne : 2 500 à 3 500 euros brut par mois.
• Espagne : 2 000 à 2 500 euros brut par mois.
• Italie : 1 800 à 2 500 euros brut par mois.
• Royaume-Uni : 2 400 à 3 500 euros brut par mois.

En France, le salaire moyen est légèrement inférieur à celui observé en Allemagne et au Royaume-Uni, malgré des conditions de travail souvent jugées similaires.

Conséquences de la crise sanitaire sur les salaires des infirmiers

La crise sanitaire liée au COVID-19 a profondément modifié la structure des salaires dans le secteur hospitalier. En 2020, les infirmiers ont bénéficié d'une augmentation salariale significative, avec l'introduction de primes exceptionnelles et des revalorisations durables via les accords du Ségur de la Santé.

Evolution des salaires des infirmiers en 2020

Le salaire net moyen mensuel des infirmiers en France a atteint 2 449 euros en 2020, marquant une augmentation de 6,4 % par rapport à 2019. Cette progression est principalement due à la prime exceptionnelle COVID-19, mais aussi à des hausses salariales structurelles.

Différences selon les secteurs

Les infirmiers du secteur public ont vu leur salaire augmenter davantage :

• Secteur public : 2 506 euros nets par mois, soit une hausse de 6,6 %.
• Secteur privé non lucratif : 2 311 euros, avec une progression de 5,5 %.
• Secteur privé lucratif : 2 269 euros, en hausse de 5,6 %.

Ces augmentations témoignent d'une volonté de revaloriser les professions soignantes, particulièrement mises à l'épreuve par la pandémie. Le Ségur de la Santé a permis aux infirmiers de bénéficier d'une augmentation pérenne de 183 euros nets par mois, à partir de la fin de l'année 2020.

Comparaison avec d'autres professions de la santé

Les infirmiers perçoivent des salaires plus élevés que les aides-soignants, mais restent en dessous des salaires des cadres de santé :

• Infirmiers (secteur public) : 2 506 euros nets.
• Aides-soignants (secteur public) : 1 965 euros nets.
• Cadres de santé : 3 245 euros nets.

Progression avec l'âge et l'ancienneté

Le salaire des infirmiers progresse également en fonction de l'âge et de l'expérience :

• Moins de 30 ans : 1 869 euros nets en moyenne.
• 50 à 59 ans : 2 419 euros nets.
• 60 ans et plus : 2 678 euros nets.

Source : Les Dossiers de la DREES n° 111 » publié en juillet 2023

Emploi infirmier : des besoins massifs 

Sur le front de l'emploi infirmier, les besoins en recrutement sont particulièrement pressants et devraient encore augmenter d'ici 2030. Selon les projections de France Stratégie et la DREES, la France devra créer environ 60 000 postes d'infirmiers d’ici 2030 pour faire face aux départs en retraite massifs des baby-boomers et à l'augmentation des demandes de soins liée au vieillissement de la population.

Le secteur de l'emploi infirmier en France connaît une forte demande, soutenue par le vieillissement de la population, l'allongement de l'espérance de vie, et l'augmentation des pathologies chroniques.

Les infirmiers exercent dans des environnements variés : hôpitaux publics et privés, cliniques, maisons de retraite, centres de soins, ou en tant que libéraux. La profession souffre d'un certain déséquilibre entre le nombre de postes disponibles et les conditions de travail. Le manque de personnel, la surcharge de travail et les horaires souvent difficiles rendent parfois la profession moins attractive.

Ces déséquillibres devraient persister et même s'accentuer si des mesures d'attractivité ne sont pas rapidement mises en place.

Perspectives de carrière et augmentations de salaires

Les possibilités d'évolution de carrière et de salaire restent relativement restreintes pour les infirmiers. Seules les spécialisations ou l'accès à des postes d'encadrement permettent une réelle progression.
Cette situation explique que près de la moitié des infirmiers quittent la profession au bout de 10 ans d'exercice. Des efforts restent donc à faire pour rendre le métier plus attractif sur le long terme, tant en termes de formation que de rémunération.

Les infirmiers peuvent évoluer vers des postes de cadre de santé ou s’orienter vers des spécialisations (IADE, IBODE, puériculture), ce qui offre des perspectives salariales plus élevées. Des primes peuvent également être obtenues pour des missions spécifiques ou des responsabilités supplémentaires.

Formation continue et son impact sur le salaire

La formation continue est un levier important pour faire évoluer sa carrière et son salaire. Les infirmiers qui suivent des formations spécialisées ou obtiennent des diplômes supplémentaires peuvent prétendre à des postes mieux rémunérés.

Le salaire des infirmiers : une rémunération à la hauteur des responsabilités ?

Une profession sous pression

Les infirmiers et infirmières occupent un rôle central dans le système de santé. En première ligne face aux patients, ils gèrent un large éventail de tâches, allant des soins de base aux procédures médicales plus complexes. Pourtant, leur salaire est souvent pointé du doigt comme étant insuffisant au regard de leurs responsabilités et de la pression qu'ils subissent au quotidien. De nombreux professionnels du secteur se demandent si leur rémunération est véritablement à la hauteur de l’engagement et des compétences qu’exige leur métier.

Comparaison internationale : un retard à combler

La question de la rémunération des infirmiers en France prend une dimension particulière lorsqu’on la compare à celle des autres pays européens. Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), les infirmiers français gagnent en moyenne 10 % de moins que leurs homologues européens. En Allemagne, par exemple, les infirmiers perçoivent des salaires supérieurs, tout en bénéficiant de conditions de travail jugées meilleures par de nombreux observateurs.

En France, un infirmier débutant touche en moyenne 1 900 euros nets par mois, après les récentes revalorisations salariales accordées dans le cadre du Ségur de la santé en 2020. Cependant, malgré ces augmentations, la perception d’une rémunération insuffisante reste très présente chez les professionnels. Pour beaucoup, le salaire ne reflète pas la complexité des tâches réalisées ni les conditions de travail souvent difficiles.

Des évolutions récentes insuffisantes ?

Le Ségur de la santé a permis une augmentation de salaire d’environ 183 euros nets par mois pour les personnels soignants, y compris les infirmiers. Si cette mesure a été saluée par les syndicats et les professionnels, elle ne suffit pas, selon eux, à rattraper le retard accumulé au fil des années. Les infirmiers réclament, en effet, une meilleure reconnaissance de leur travail, tant sur le plan financier que symbolique.

En outre, la profession fait face à une pénurie de main-d'œuvre, ce qui ajoute à la pression sur les équipes en poste. L'attrait du métier souffre aussi de cette faible rémunération, associée à des conditions de travail éprouvantes, notamment dans les hôpitaux publics.