Grande consultation des IPA : une insatisfaction générale et un appel aux réformes
Une rémunération jugée insuffisante
Créé en 2018, le statut d’infirmier en pratique avancée devait permettre une prise en charge plus fluide des patients tout en valorisant les compétences des soignants. Pourtant, six ans après, la réalité salariale ne suit pas. Selon l’enquête, seuls 5,5 % des IPA se disent satisfaits de leur rémunération. L'écart salarial par rapport aux infirmiers diplômés d’État (IDE) est jugé trop faible, les IPA estimant qu'il devrait s'élever à 530 € par mois, alors qu'il n'est actuellement que d’une centaine d’euros en moyenne (94 € exactement).
L’étude met en évidence des situations inéquitables selon les statuts :
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Fonction publique hospitalière (FPH) : 51 % des IPA y exercent, 95 % se disent insatisfaits de leur rémunération et 33 % envisageraient de quitter ce secteur. 13 % ne seraient toujours pas intégrés, avec une attente moyenne de 8,3 mois. 55 % des IPA intégrés directement n’auraient pas bénéficié d’une reprise d’ancienneté.
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Fonction publique territoriale (FPT) : Absence totale de grille salariale. 70 % des IPA seraient insatisfaits, 30 % envisageraient de quitter leur poste et 40 % seraient indécis.
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Secteur privé : Négociation individuelle des salaires créant des inégalités, augmentation moyenne de 290 €, mais 60 % des IPA resteraient insatisfaits.
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Secteur libéral : 65 % des IPA exerceraient exclusivement en libéral et 35 % en mode mixte. 70 % étaient IDEL avant de devenir IPA. Perte moyenne de chiffre d'affaires de 29 926 €, rejet massif du paiement à l'acte à 20 € (76,5 % des IPA). 59,6 % compteraient rester en libéral les six prochains mois.
Des blocages institutionnels persistants
Outre la question salariale, les IPA se heurtent à des obstacles administratifs freinant leur exercice. La loi Rist de 2023, censée faciliter l’accès direct aux IPA, peinerait à être appliquée en raison de l’absence de décrets d’application. De plus, l'Assurance Maladie refuserait toujours d'intégrer les IPA à la convention nationale des infirmiers, limitant leur capacité à facturer leurs consultations de manière autonome.
Face à ces obstacles, la profession peine à se structurer et à se développer. Les résultats de l’enquête montrent un risque accru de désertion de la profession si des mesures correctives ne sont pas rapidement mises en place.
Des attentes claires pour une meilleure reconnaissance
Les IPA formulent plusieurs revendications clés pour améliorer leur situation :
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Refonte des grilles indiciaires, avec un salaire de départ à 3 000 € net.
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Application stricte des règles d’intégration et de reprise d’ancienneté.
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Revalorisation salariale significative pour reconnaître l'expertise et les responsabilités accrues.
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Stabilisation du modèle libéral avec des forfaits adaptés et des aides à l'installation comparables à celles des médecins généralistes.
Une comparaison avec d'autres pays
Dans plusieurs pays, les infirmiers bénéficieraient de meilleures conditions salariales (source : TerraTern). Toutefois, ces salaires doivent être mis en perspective avec le coût de la vie dans chaque pays et les spécificités de leur système de santé :
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Suisse : Les infirmiers gagneraient en moyenne 90 000 à 99 000 USD par an, mais le coût de la vie y est particulièrement élevé, notamment en matière de logement et d'assurance maladie.
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Luxembourg : Rémunération annuelle entre 87 000 et 90 000 USD, dans un pays où les salaires sont globalement plus élevés que la moyenne européenne.
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Danemark : Salaire moyen de 85 000 USD, avec une forte taxation qui influence le revenu net disponible.
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Norvège : Entre 70 000 et 80 000 USD par an, mais un système de santé où les IPA disposent de plus d'autonomie.
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Australie : Salaire moyen de 71 000 USD, avec des conditions de travail réputées attractives et un niveau de vie globalement élevé.
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Canada : Entre 65 000 et 75 000 USD, avec un accès facilité aux consultations et des opportunités de développement professionnel.
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Irlande : Environ 61 000 USD, dans un pays où le manque d'infirmiers pousse à une augmentation des salaires.
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Italie : Salaire annuel moyen de 55 000 USD, bien que le système de santé italien soit confronté à des tensions budgétaires.
Ces chiffres suggèrent que la reconnaissance salariale des infirmiers en pratique avancée en France resterait inférieure à celle d’autres pays développés. Toutefois, il convient de pondérer ces comparaisons en tenant compte des niveaux de taxation, des avantages sociaux et des conditions de travail propres à chaque pays. Une adaptation du modèle français pourrait s’inspirer de ces exemples pour renforcer l’attractivité du métier.
Une profession en danger sans réforme rapide
Les conclusions de l’enquête sont sans appel : sans mesures concrètes et rapides, la profession d’IPA pourrait connaître une désertification progressive, mettant en péril son développement en France. Il appartient aux pouvoirs publics d'agir pour garantir un cadre salarial et professionnel à la hauteur des missions confiées aux IPA.
💡 Les prochaines discussions parlementaires sur la loi infirmière seront déterminantes pour l’avenir des IPA. La reconnaissance de leur rôle passe clairement par une revalorisation immédiate et une intégration effective au système de santé.
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