Les pharmacies d’officine ne peuvent plus délivrer du Plaquenil sur la base d’une prescription d’un médecin généraliste
Le décret annoncé par olivier Véran le 23 mars dernier vient d’être publié. S’il autorise la prescription du Plaquenil dans les établissements de santé et son remboursement par la sécurité sociale dans le cadre du traitement du Covid-19, les pharmacies d’officine ont dorénavant l’interdiction d’en délivrer sur présentation de la prescription d’un médecin généraliste.
La délivrance des préparations à base d’hydroxychloroquine désormais limitée aux pharmacies intérieures
Il l’avait annoncé, il a tenu parole. L’usage de l’hydroxychloroquine est désormais fortement contraint et ne sera délivré hors AMM que dans les pharmacies intérieures des établissements de santé.
Les médecins libéraux pourront donc prescrire autant de Plaquenil qu’ils le veulent, les pharmacies d’officine ne pourront en délivrer à leur patient hors AMM ou en dehors du renouvellement d’une prescription existante. La médecine de ville est donc clairement exclue du dispositif.
« La spécialité pharmaceutique PLAQUENIL © et les préparations à base d’hydroxychloroquine ne peuvent être dispensées par les pharmacies d’officine que dans le cadre d’une prescription initiale émanant exclusivement de spécialistes en rhumatologie, médecine interne, dermatologie, néphrologie, neurologie ou pédiatrie ou dans le cadre d’un renouvellement de prescription émanant de tout médecin »
Néanmoins, les pharmaciens d’officine pourront continuer à délivrer le Plaquenil dans ses indications habituelles (polyarthrite rhumatoïde et lupus), aux patients chroniques qui en ont besoin. Ainsi, le Plaquenil ne doit être dispensé que lorsque la prescription initiale vient d’un rhumatologue, interniste, dermatologue, néphrologue, neurologue et pédiatre.
Pour le Dr Dominique Martin, directeur général de l’ANSM, il s’agit avant tout de « protéger » les patients qui en ont besoin et d’« éviter les risques de rupture » de leur traitement à cause d’ordonnances « injustifiées ».
Au contraire, les hôpitaux des armées, l’Institution nationale des Invalides et les structures médicales opérationnelles relevant du ministre de la Défense déployées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire sont dorénavant considérés comme établissements de santé et donc éligibles au dispositif.
Le décret interdit également l’exportation des spécialités contenant l’association lopinavir/ritonavir ou de l’hydroxychloroquine.
Cette décision repose sur un avis du Haut Conseil de la Santé Publique qui fait polémique et dont l’interprétation qu’en fait le ministre semble assez éloignée de l’avis en lui-même.
Mise à jour du 27 mars
Ce décret vient d’être amendé par un autre décret
Ces modifications visent à restreindre les prescriptions de Plaquenil dans les établissements de santé après décision collégiale dans le respect des recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique et, en particulier, de l’indication pour les patients atteints de pneumonie oxygéno-requérante ou d’une défaillance d’organe.
L’académie nationale de médecine s’est également fendue d’un avis sur le sujet. Pour elle, ce n’est pas la réponse adaptée au cas des patients en détresse respiratoire, dont la charge virale est à ce stade le plus souvent inexistante.
« L’Académie nationale de Médecine considère que la libération par les pouvoirs publics de l’hydroxychloroquine pour les malades hospitalisés en détresse respiratoire ne saurait être une réponse adaptée pour des patients dont la charge virale est, à ce stade, le plus souvent inexistante et dont la maladie n·est plus une virose stricto sensu, mais une défaillance pulmonaire (syndrome de détresse respiratoire aigu) liée à l·inflammation induite par le Sars-CoV-2. »
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