« Je ne suis plus éthique », déplore la cheffe de service démissionnaire Agnès Hartemann dans une vidéo

« Je ne suis plus éthique », déplore la cheffe de service démissionnaire Agnès Hartemann dans une vidéo Suite à la démission de plus d’un millier de chefs de service hospitaliers qui fustigent le manque de moyens de l’hôpital public, la professeure Agnès Hartemann, cheffe du service de diabétologie de la Pitié-Salpêtrière, a tenu un discours poignant lors d’une conférence de presse filmée par C à vous (France 5).

1101 chefs de service hospitaliers de toutes spécialités ont présenté leur démission le 14 janvier dernier de toutes fonctions administratives afin d’alerter une énième fois les autorités de tutelles et le grand public sur l’état de déliquescence de l’hôpital public.

« La dégradation des conditions de travail des professionnels est telle qu’elle remet en cause la qualité des soins et menace la sécurité des patients » déploraient-ils dans une tribune publiée sur Libération.

Pour les démissionnaires, il s’agit d’un geste politique très fort, un acte grave et ultime. S’ils le font, « la mort dans l’âme », c’est avant tout pour sauver le bien commun que constitue l’hôpital public qui « est en train de s’écrouler ».

À l’occasion de cette triste journée, la professeure Agnès Hartemann, cheffe du service de diabétologie de la Pitié-Salpêtrière s’est exprimée au cours d’une conférence de presse qui a été filmée par une équipe de France 5. Elle a partagé avec une grande émotion le dilemme éthique que lui pose la logique de rentabilité qui prévaut aujourd’hui à l’hôpital public.

« Le cauchemar a commencé quand on a commencé à nous dire : “ Il va falloir que vous produisiez du séjour ”, alors qu’on avait l’habitude de prodiguer des soins ». Elle explique l’engrenage et la course à la rentabilité qui en découlent, car « quand notre activité baisse, on nous supprime des moyens » comme du personnel soignant ou on ferme carrément des lits faute de rentabilité. Elle confesse alors être devenue comme « une espèce de robot » à se demander « quand est-ce qu’il sort ? Cela fait quinze jours qu’il est là, il occupe la chambre, je ne vais pas pouvoir faire du séjour ».

 

Dans une interview sur France Culture, elle enfonce le clou.

« Si vous devez prendre le patient le moins grave au lieu de prendre le patient le plus grave, c’est insupportable »

 

Si les chefs de service démissionnaires ont obtenu une entrevue avec la ministre de la Santé, ils en sont tous ressortis déçus face à son refus d’ouvrir de nouvelles négociations.

 

« On a redit à la ministre à quel point il y a urgence à nous donner plus de moyens. L’hémorragie des personnels paramédicaux nous contraint à fermer des lits d’hospitalisation tous les jours. Il est impératif de revaloriser très vite les salaires pour rendre de l’attractivité à l’hôpital public. Elle n’entend pas cet appel. », résume Agnès Hartemann pour Libération.

 

De son côté, la ministre réclame de la patience, 2 mois exactement, le temps que les primes annoncées fin novembre soient effectivement versées aux 200 000 personnels soignants concernés.

Un calendrier d’autant plus inacceptable que la progression immédiate de l’ONDAM et du budget des hôpitaux, ainsi que la refonte de la T2A demeurent des points d’achoppements majeurs entre les médecins démissionnaires et le gouvernement.

Face à l’impuissance de la ministre qui n’a clairement pas de mandat pour aller plus loin, le collectif a donc lancé une journée « Hôpital mort » pour le 14 février. La crise à l’hôpital s’enlise donc un peu plus chaque jour.

 

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