VIH : Paris et l’ARS annoncent une baisse de 16 % des nouveaux diagnostics entre 2015 et 2018
À l’occasion de la première Conférence des villes engagées pour mettre fin au sida Fast Track Cities 2019, la Ville de Paris et l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France, sur la base des données produites par Santé publique France, annoncent une baisse importante des découvertes de séropositivité dans la capitale.
Le 1er décembre 2014, la Ville de Paris et ses partenaires ONUSIDA, UN-Habitat et IAPAC lançaient l’initiative des villes pour mettre fin au sida d’ici 2030. Du 9 au 11 septembre 2019, les 250 villes signataires de cette Déclaration de Paris se réunissent à Londres pour évaluer et débattre des progrès accomplis en cinq ans.
La stratégie Vers Paris sans sida, adoptée début 2016, a permis de remobiliser les acteurs de la lutte contre l’épidémie à Paris pour augmenter la couverture du dépistage du VIH, faire connaître les nouveaux outils de la prévention diversifiée notamment la PrEP et promouvoir une approche inclusive des sexualités et des populations les plus touchées.
Une baisse de 16 % des nouveaux diagnostics d’infection à VIH entre 2015 et 2018, principalement chez les hommes gays ou bisexuels.
En 2018, 906 Parisiennes et Parisiens ont appris leur séropositivité, contre 1078 en 2015, soit un recul de 16 %. Cette baisse est particulièrement marquée chez les hommes ayant des rapports sexuels entre hommes (HSH, -22%), qui représentent 45 % des nouveaux cas en 2018, et parmi eux chez les HSH nés en France (-28 %).
Ces résultats encourageants sont à mettre en relation avec une augmentation du dépistage sur les deux dernières années : le nombre de sérologies VIH réalisées à Paris est passé de 485 000 en 2016, année la plus basse depuis 2011, à 534 000 en 2018 ( 10 %).
La contribution de Paris à la lutte contre l’épidémie de VIH en France est fondamentale, car la capitale concentre une part disproportionnée des découvertes de séropositivité, avec un taux par million d’habitants 7 fois supérieur à la moyenne métropolitaine hors Île-de-France.
Dépistage et PrEP, leviers majeurs de la réduction de l’épidémie VIH
La baisse des découvertes de séropositivité peut s’expliquer par :
1. Le déploiement de la PrEP dans la communauté gay parisienne. Le traitement préventif du VIH, autorisé et remboursé en France depuis mars 2016, a été rapidement adopté par les HSH parisiens et en premier lieu par les hommes les plus exposés, comme le montre l’étude ANRS Prevenir. La PrEP contribue à accroître la fréquence du dépistage dans cette population (bilan trimestriel recommandé, incluant le dépistage et le traitement des autres infections sexuellement transmissibles) et à réduire l’incidence (nouvelles contaminations) en protégeant efficacement contre l’acquisition du VIH.
2. L’augmentation de la couverture du dépistage, qui a pu contribuer à une érosion du nombre de personnes ignorant leur séropositivité grâce à un diagnostic et une entrée dans les soins plus précoces, les traitements antirétroviraux permettant de rétablir rapidement l’espérance de vie en bonne santé des personnes séropositives et d’empêcher la transmission du virus à leurs partenaires. Cette tendance devra être confirmée par une réévaluation de la taille de l’épidémie non diagnostiquée et des délais entre contamination et diagnostic pour 2018.
L’impact de la dynamique #PARISSANSSIDA
Depuis 2016, la Ville de Paris et l’Agence régionale de santé (ARS) animent ensemble le comité stratégique #PARISSANSSIDA qui réunit une cinquantaine d’acteurs locaux engagés dans la riposte à l’épidémie : cliniciens, chercheurs, associations et représentants des populations clés.
Sous l’impulsion de ce comité, la Ville de Paris, l’association éponyme Vers Paris sans sida et l’ARS se sont mobilisées pour :
· Accélérer la création de 15 consultations PrEP gratuites.
. Doubler la capacité de dépistage des associations intervenant auprès des diasporas afro-caribéennes, et particulièrement des jeunes HSH afro-descendants et des réfugiés et demandeurs d’asile LGBT.
· Renforcer l’offre des centres de santé sexuelle comme Le 190, le Checkpoint-Paris et l’Hôtel Dieu.
· Délivrer gratuitement 30 000 autotests de dépistage du VIH et 300 000 préservatifs.
· Créer des parcours de santé adaptés pour les personnes trans et leur entourage.
· Coordonner sur le territoire parisien les CeGIDD (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic) mis en place par l’ARS dans l’ensemble de la région
Parallèlement, Vers Paris sans sida a été à l’avant-garde d’une communication renouvelée et décomplexée sur la santé sexuelle et les nouvelles solutions de protection contre le VIH. Derrière le slogan « Faisons de Paris la ville de l’amour sans sida » lancé en juin 2017, l’association a développé un ensemble de contenus multimédias très ciblés, adaptés aux codes culturels des différents groupes les plus concernés par le VIH, qui prolongent et entretiennent localement les campagnes nationales.
L’Agence régionale de santé a adopté en 2018 une Feuille de route VIH qui définit, à l’échelle régionale, les principales actions dans le champ de l’extension du dépistage, de la diversification de la prévention, et de l’amélioration de la prise en charge et l’accompagnement des personnes. C’est dans le cadre de cette feuille de route qu’elle a délégué des crédits spécifiques dédiés à la PrEP. L’ARS finance la lutte contre le sida à Paris à hauteur de plus de 16,5 millions d’euros, dont 6,8 pour les CeGIDD.
Depuis le 1er juillet 2019, la Ville de Paris, l’ARS Île-de-France et l’Assurance Maladie, avec leurs partenaires du programme Objectif sida zéro : Nice et les Alpes-Maritimes s’engagent !, ont lancé VIHTEST : l’offre de dépistage du VIH sans frais, sans rendez-vous et sans ordonnance dans tous les laboratoires d’analyses médicales. Cette nouvelle offre doit permettre d’améliorer encore la couverture et la fréquence du dépistage, notamment dans les populations les plus touchées.
Des défis à relever pour atteindre la fin de l’épidémie
Si les bons résultats de 2018 indiquent une inflexion encourageante de l’épidémie de VIH, des défis demeurent. Les exemples étrangers et notamment ceux de Londres, Amsterdam ou San Francisco montrent qu’il est possible d’aller plus loin et donc nécessaire d’intensifier notre réponse.
La baisse des nouveaux diagnostics ne concerne quasiment pas les femmes, qui représentent 30 % des découvertes de séropositivité à Paris en 2018. Ce résultat plaide pour un meilleur accès des femmes aux nouvelles stratégies de prévention, dont la PrEP.
La baisse n’est pas non plus significative pour les personnes nées à l’étranger, y compris chez les HSH nés à l’étranger qui représentent plus de 40 % des HSH parisiens ayant découvert leur infection en 2018. La précarité et le risque de violence auquel peut exposer le parcours migratoire freinent la prévention. L’étude ANRS-Parcours a montré les liens entre précarité socio-économique et contamination au VIH après l’installation chez les migrants d’Afrique Subsaharienne résidant en Île-de-France. La faible diminution du nombre de découvertes de séropositivité chez les personnes nées à l’étranger ces dernières années doit nous alerter.
Paris s’est engagée dans une politique d’accueil et d’inclusion pour les minorités les plus exposées au stigma et à la précarité, dont #PARISSANSSIDA est un pilier. Fin 2019, un nouveau dispositif d’information sur la santé sexuelle conçu avec et pour les diasporas africaines et caribéennes de Paris sera une nouvelle réponse à ces défis.
De son côté, l’ARS continuera à développer une stratégie de prévention à l’échelle régionale, associant les personnes en situation de migration ou de précarité.
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