Polémique : le patron des doyens s'interroge sur les valeurs citoyennes des jeunes médecins
Lors d'un débat sur la démographie médicale aux universités d'été de la FHF, le Pr Jean Sibilia, président de la Conférence des doyens des facultés de médecine a tenu des propos envers les jeunes générations de médecins qui ont immédiatement enflammé la toile et provoqué une levée de boucliers non seulement des syndicats étudiants, mais également du conseil de l'ordre et du CNGE.
« Si les étudiants en médecine et les jeunes médecins avaient plus de valeurs citoyennes et républicaines et rendaient ce que l'hôpital leur a apporté, on se poserait la question de la répartition des médecins autrement » Pr Jean Sibilia
L'ANEMF et l’ISNAR-IMM, 2 syndicats étudiants ont légitimement réagi à cette attaque en règle.
"Nous ne pouvons pas croire qu’il s’agisse là d’une erreur de communication. Le Pr Sibilia n’en est pas à son coup d’essai : il avait déjà tenu des propos intolérables, dénigrant les futurs et jeunes médecins.
Aujourd’hui, il remet en cause les “valeurs” des étudiants en médecine. Pourtant, chaque jour, des étudiants partent en stage avec un ensemble de valeurs, d’empathie inhérente à la fonction de soignant, qu’ils sont prêts à partager avec les patients."
Le conseil de l'ordre des médecins a également manifesté sa vive opposition aux propos du Pr Sibilia, par voie de communiqué.
"L’Ordre des médecins salue l’engagement total des jeunes médecins, qui chaque jour exercent dans les territoires et les services hospitaliers partout en France, dans des conditions parfois difficiles."
Pour le CNGE " Selon l’avis de tous les universitaires de la discipline, il n’existe aucun argument valide à l’appui de cette mise en cause. Les étudiants en médecine sont engagés dans un cursus long et encore plus difficile et exigeant que celui qu’ont connu leurs aînés, ce qui devrait inciter ces derniers à beaucoup de retenue."
Le CNGE tient à souligner particulièrement l’investissement des internes en médecine générale qui par choix, s’engagent dans le métier passionnant de médecin généraliste alors qu’il reste le moins valorisé dans le système de santé. Il est paradoxal de reprocher aux internes de ne pas s’installer dans les territoires alors que rien n’a été fait en amont pour leur permettre.
On peut rappeler :
- Les moyens insuffisants de la filière universitaire de médecine générale instituée très tardivement malgré les demandes incessantes il y a à peine une dizaine d’années, et dont l’absence a occasionné historiquement une fuite massive des jeunes formés hors de la discipline.
- La discrimination reflet d’un élitisme inapproprié et archaïque pendant leur formation, assimilant souvent l’exercice en médecine générale dans les territoires à un échec comme en témoignait récemment et explicitement l’ex président de l’Anemf.
- L’insuffisance d’investissement dans la médecine générale et les soins premiers, l’absence de confiance des institutions dans les médecins généralistes qui n’ont pourtant jamais été aussi bien formés qu’aujourd’hui.
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