Près d'1 médecin généraliste sur 4 est en situation de détresse professionnelle

Près d’1 médecin généraliste sur 4 est en situation de détresse professionnelle Alors que la souffrance au travail des professionnels de santé apparaît progressivement comme une question d'intérêt public, un sondage[1] AplusA/Le PASS fait apparaître que 23% des médecins généralistes sont en situation de grande détresse professionnelle - 81% d'entre eux ayant déjà vécu une situation de burn out. Parmi les problèmes les plus fréquemment rencontrés par l'ensemble de la profession, des patients de plus en plus exigeants, le manque de considération des pouvoirs publics, le manque de temps avec leurs patients. La relation au patient reste la principale source de satisfaction.

Près d'un quart des médecins généralistes se disent malheureux voire très malheureux.

Plus âgés que la moyenne de la profession, ils connaissent des conditions d'exercice souvent tendues : 54h de travail par semaine (contre 51 heures en moyenne), avec plus d'activité en week-end (65% contre 49%) et un volume de patientèle supérieur (58% ont plus de 120 patients/semaine contre 49%).

Ils apparaissent aussi comme les plus réticents aux évolutions de leur profession, jugeant notamment plus négativement la création du médecin traitant (41% contre 19%), la généralisation du DMP (51% contre 37%) et du tiers payant (80% contre 67%), ainsi que le niveau d'information accru des patients (48% contre 36%).

Les conséquences sur leur vie quotidienne et leur état de santé sont très importants :
90% d'entre eux déclarent que leur vie familiale souffre de leur activité professionnelle (vs 68%) : ils sont deux fois plus nombreux à évoquer des problèmes de couple (92% contre 50,4%) et avec leurs enfants (77% contre 35,8%).
59% avouent avoir déjà été en dépression au cours de leur vie professionnelle (contre 25%) et 81% disent avoir déjà été en situation de burn out.
77% ont déjà envisagé de changer de métier (contre 40%)
89% d'entre eux trouvent toutefois dans la relation au patient la principale source de satisfaction.


Pour l'ensemble de la profession, ce sondage met aussi en lumière une perception du métier qui s'aggrave du fait des évolutions en cours : près de 27% des médecins généralistes s'estiment déçus au regard de leurs espoirs de début de carrière.
Parmi les évolutions les plus mal vécues, on peut citer l'exigence des patients (87,8%), le nomadisme médical (72.6%) et la généralisation du tiers payant (67%).

 

Le point de vue de l'expert

Dr Jean Thévenot, Président du PASS

En médecine de soin, la qualité de la relation soignant-soigné reste le principal facteur de satisfaction du soignant, et comme le montrent d'autres études, la qualité des soins délivrés est directement en rapport avec la qualité de cette relation.

La transformation du patient en « usager de la santé » comme celle du soignant en « dispensateur de soins » n'a pas complétement détruit le cadre privilégié de ce moment spécifique, le colloque singulier, que Hamburger appelait « la rencontre de deux solitudes ».

Le manque de considération (institutions ne jouant pas leur rôle…), la surcharge administrative (tiers payant mal organisé…), et le surcroit d'activité (démographie médicale en chute libre…) nécessitent de revoir l'organisation des soins en la centrant sur l'humain, la relation soignant-patient, pour améliorer le bien-être des soignants au bénéfice de tous les patients.

Cet accompagnement des soignants en difficultés individuelles et collectives est l'ambition humaniste du PASS (Programme Aide Solidarité Soignants).


Le point de vue du sondeur

Alain Collomb, Vice-Président Opérations France d'A A

Cette étude vient confirmer le malaise qui traverse actuellement les professions de santé et que nos études pointent régulièrement. Elle démontre que la souffrance des soignants dépasse largement le seul périmètre hospitalier pour s'inscrire cette fois dans la médecine de Ville.

Si l'étude indique que la relation avec le malade demeure la principale source de satisfaction pour le médecin, elle témoigne aussi des évolutions à la fois politiques, règlementaires et sociologiques qui viennent fortement la perturber.

Face à des changements souvent importants qui questionnent leur métier, certains s'en sortent mieux que d'autres, et notamment les femmes et les plus jeunes qui font peut-être preuve d'une meilleure capacité d'adaptation.

 

Le PASS
Le PASS (Programme Aide Solidarité Soignants) rassemble 7 associations et structures référentes d'entraide pour les soignants. Label de référence constitué en partenariat avec le Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM), il rassemble toutes les parties-prenantes de la chaîne soignante: médecins généralistes et spécialistes, infirmiers, kiné, sages-femmes, dentistes, pharmaciens et le réseau des USPS.

AplusA
AplusA est le leader français des études de marché santé, spécialisée dans l'industrie pharmaceutique, mais également dans la biotechnologie, les dispositifs médicaux et la santé grand public. Depuis 1990, AplusA mène des études sur l'ensemble des problématiques des industries de santé et développent constamment de nouvelles solutions et outils pour répondre à l'évolution des besoins de ses clients.

Descripteur MESH : Patients , Santé , Médecins , Médecins généralistes , Travail , Temps , Vie , Soins , Médecine , Femmes , Pharmaciens , Biotechnologie , Conseil , Démographie , Solutions , Dentistes , Dépression , Réseau , Professions de santé , Professions , Industrie , Perception , État de santé , France , Lumière , Infirmiers , Industrie pharmaceutique

Actualités professionnelles: Les +