L'épidémie du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) est-elle proche de son pic ?
C'est du moins ce que suggèrent les résultats d'une étude statistique qui vient de paraître dans la revue Science. D'après le modèle mathématique développé par les chercheurs, le nombre final de cas cliniques de vMCJ pourrait être bien inférieur aux premières estimations.
Le principal problème d'une étude épidémiologique précise sur le vMCJ est l'absence de test pour identifier les personnes infectées mais asymptomatiques. Jerome Huillard d'Aignaux (London School of Hygiene and Tropical Medicine) et ses collaborateurs ont eu recours à une approche statistique pour évaluer l'ampleur de l'épidémie.
"En l'absence de test pour l'infection, une approche pour estimer le nombre d'individus infectés est fournie par la 'back-calculation' (rétro-calcul), une technique statistique développée à l'occasion de l'épidémie de VIH/SIDA", expliquent les chercheurs.
Ce modèle repose sur le fait que le nombre et le moment d'apparition des cas cliniques dépendent de trois facteurs : le nombre de personnes infectées (mais qui ne développeront peut-être pas la maladie), le moment de l'infection et la période d'incubation.
Les chercheurs ont émis plusieurs hypothèses de travail, par exemple que le risque d'infection était proportionnel à l'incidence des cas d'encéphalite spongiforme bovine ou que les cas cliniques ne toucheraient au maximum que 40 % de la population anglaise, c'est à dire les porteurs d'un génotype particulier ("homozygotes méthionine") du gène PrP qui a été associé à tous les cas de vMCJ identifiés à ce jour.
"Le modèle indique que les données actuelles sur les cas [identifiés] sont compatibles avec des nombres d'infections allant de quelques centaines à plusieurs millions", écrivent les chercheurs.
Ce dernier chiffre paraît alarmant mais pour ce cas, le modèle prédit une période d'incubation moyenne bien supérieure à l'espérance de vie humaine, ce qui résulterait en un nombre de cas de plusieurs milliers au plus. Ici encore, il ne s'agit pas de confondre infection et forme clinique de la maladie.
"Nos modèles suggèrent que le nombre de cas de vMCJ chez les homozygotes méthionine ne dépassera vraisemblablement pas quelques milliers mais qu'une incertitude considérable entoure le nombre d'infections survenues", commentent les chercheurs. Les incertitudes sur l'histoire naturelle du vMCJ et son épidémiologie sont donc encore nombreuses.
Source : Science 2001. Publication en avance sur le site du journal Science.
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