Mayotte dévastée par le cyclone Chido : une crise sanitaire majeure en perspective

Mayotte dévastée par le cyclone Chido : une crise sanitaire majeure en perspective Le cyclone Chido, qui a frappé Mayotte le 14 décembre 2024, a provoqué une catastrophe humanitaire sans précédent dans ce département français de l'océan Indien.

Des infrastructures en ruine et une population coupée du monde

L’île, marquée par une forte précarité avec une part importante d’habitations insalubres et un accès limité à l’eau potable, est désormais totalement dévastée. Le cyclone a privé la totalité de la population d’eau courante, tandis que plus de 15 000 foyers sont sans électricité ni connexion Internet. Les poteaux électriques arrachés, les arbres déracinés et les routes impraticables compliquent encore davantage les efforts de secours.

Les infrastructures vitales, comme l’hôpital principal et les écoles, ont également subi de lourds dégâts. Les communications sont réduites à leur minimum, rendant la coordination des secours extrêmement difficile.

Dans les bidonvilles, qui abritaient une grande partie de la population, la situation est dramatique. Le bidonville de Kawéni, le plus grand de France, est entièrement détruit. Sur les 20 000 habitants qu’il comptait, seuls 5 000 ont pu rejoindre des abris d’urgence. Dès le 16 décembre, ces refuges font face à l’épuisement des stocks d’eau et de vivres, plongeant les sinistrés dans une détresse encore plus grande.

un bilan humain toujours incertain

Les autorités rapportent au moins 22 décès et 1 373 blessés, mais ce chiffre est loin de refléter l’ampleur réelle de la catastrophe. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé que les logements précaires, qui hébergeaient plus d’un tiers de la population dans des structures en tôle, sont « complètement détruits ».

Le préfet de Mayotte a exprimé des craintes quant à un bilan humain catastrophique, estimant que « plusieurs centaines, voire quelques milliers de morts » pourraient être recensés. Cependant, établir un décompte exact s’avère particulièrement complexe. La tradition musulmane, qui impose une inhumation dans les 24 heures suivant le décès, et la forte proportion de clandestins non recensés compliquent l’identification et la déclaration des victimes.

Un défi humanitaire colossal

Face à cette crise, les autorités locales et nationales, ainsi que les organisations humanitaires, tentent de répondre à une situation sans précédent. Les infrastructures à reconstruire, les sinistrés à secourir et les menaces sanitaires à contenir nécessitent une mobilisation exceptionnelle pour permettre à Mayotte de se relever.

Des infrastructures sanitaires lourdement affectées

Les infrastructures essentielles de Mayotte ont subi des dommages majeurs sous l’effet du cyclone. Le Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), principal établissement de santé de l’île, a vu ses services critiques – urgences, réanimation et maternité – devenir inopérants en raison d’inondations et de destructions structurelles.

Les réseaux d’eau potable et d’assainissement sont également hors service, privant des milliers d’habitants d’accès à l’eau propre. Cette situation augmente considérablement les risques de propagation de maladies hydriques telles que le choléra.

Par ailleurs, l’approvisionnement en électricité reste instable dans de nombreuses zones, ce qui freine les efforts de secours et perturbe la reprise des activités médicales.

Des risques sanitaires majeurs

Propagation de maladies infectieuses

Le passage du cyclone Chido a créé les conditions idéales pour une recrudescence de maladies infectieuses. Le choléra, déjà présent sur l’île, pourrait se propager rapidement à cause de l’eau contaminée par les corps en décomposition. D’autres maladies hydriques comme la leptospirose, la fièvre typhoïde et les gastro-entérites sont également redoutées.

De plus, la saison des moustiques accroît le risque de maladies vectorielles telles que la dengue et le chikungunya, qui menacent d’alourdir encore le fardeau sanitaire.

Santé mentale et insécurité alimentaire

La catastrophe a également des impacts sur la santé mentale des habitants. Le stress post-traumatique est répandu, aggravé par la perte de logements, l’insécurité alimentaire et le manque d’accès aux services essentiels.

Les pénuries alimentaires et hydriques compliquent davantage la situation : des routes coupées et l’aéroport endommagé entravent l’acheminement de ressources vitales. L’accès à l’eau potable et à la nourriture reste très limité, mettant en péril les populations les plus vulnérables.

Un appel à la mobilisation humanitaire et médicale

Renforts médicaux et hôpitaux de campagne

Un hôpital de campagne, mobilisant 90 personnels médicaux, sera opérationnel dès le 19 décembre pour venir en aide au CHM. Des évacuations sanitaires ont débuté vers La Réunion, permettant de traiter les cas les plus graves dans des conditions adaptées.

Santé publique France a activé la réserve sanitaire nationale, mobilisant des médecins, infirmiers et techniciens volontaires pour des missions d’urgence d’une durée minimale de 10 jours. Ces équipes viennent renforcer les soignants locaux débordés par l’afflux de patients.

Initiatives des ONG et soutien logistique

Des ONG comme Médecins du Monde et Solidarités International se sont activées pour répondre à l’urgence. Elles apportent une aide directe à la population, notamment en matière d’approvisionnement en eau potable, et appellent à une réponse durable des autorités publiques.

Des ponts aériens et maritimes ont été mis en place pour acheminer des denrées alimentaires, de l’eau et du matériel médical. Ces efforts logistiques visent à pallier les insuffisances locales et à éviter une crise sanitaire majeure.

Appels à la mobilisation

Les autorités et les organisations humanitaires appellent à une mobilisation accrue pour soutenir Mayotte.

  • Rejoindre la réserve sanitaire nationale : Les professionnels de santé peuvent s’inscrire sur la plateforme officielle pour se porter volontaires.
  • Collaborer avec les ONG : Médecins du Monde, la Croix-Rouge et d’autres associations offrent des opportunités de s’engager dans les opérations de secours.
  • Coordonner avec l’ARS : L’Agence Régionale de Santé facilite l’intégration des volontaires dans les missions d’urgence.

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