Cotations des perfusions : quand la CNAM tire sur la corde des soins infirmiers

La CNAM envisage de réduire la cotation des perfusions, suscitant une levée de boucliers de la part de Convergence Infirmière et de la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI). Les deux syndicats dénoncent une manœuvre purement comptable qui fragilise les infirmiers libéraux et leurs patients.

Le coup de massue de la CNAM sur les idel

Les discussions entre la CNAM et les syndicats des infirmières libérales ont révélé des divergences profondes sur la cotation des perfusions. Convergence Infirmière s’insurge contre les projets de la CNAM qui, sous prétexte de rationaliser les coûts, créent des interprétations disparates au niveau des CPAM, multipliant les indus injustifiés. Ces nouvelles restrictions risquent de réduire les ressources des infirmières tout en compliquant leur quotidien.

La FNI, d'habitude adepte des tractations discrètes, a cette fois claqué la porte des négociations, rejoignant publiquement Convergence Infirmière pour dénoncer une attaque en règle contre les conditions de travail des infirmières libérales. Cette rupture de la FNI avec sa stratégie habituelle souligne l'ampleur du mécontentement face à ce qu'elle qualifie de diktat comptable de la CNAM.

Une logique comptable au détriment de la qualité des soins

Depuis 2014, des nouveaux libellés avaient été introduits pour les perfusions dans le cadre du virage ambulatoire, une politique visant à diminuer les hospitalisations en favorisant les soins à domicile. Or, l'Assurance Maladie envisage de revoir les cotations actuelles des perfusions, jugées trop coûteuses, car elle observe une hausse importante de la rémunération forfaitaire, bien au-delà des prévisions. Elle souligne également une augmentation du nombre de patients bénéficiant de perfusions longues en libéral, entraînant plus d'actes facturés mais un nombre de jours de soins en baisse.

Pour réduire les coûts, l'Assurance Maladie propose de :

• Revenir au découpage des actes, parfois au détriment du forfait ;
• Modifier la fréquence des actes ;
• Limiter la cotation à la seule surveillance infirmière si l’infirmier ne réalise pas l’acte technique.

Pour Convergence Infirmière et la FNI, ces mesures sont une trahison des objectifs de santé publique au profit d'une politique d'économies de bout de chandelle. Les plus vulnérables — patients âgés et isolés — seraient les premiers touchés par ces décisions. La FNI estime que ce "re-saucissonnage" des actes de perfusion risque de détourner les infirmiers libéraux de ces pratiques, ce qui pourrait engorger les hôpitaux et instaurer une sélection des patients selon leur complexité. 

La remise en cause de la cotation des perfusions aurait des conséquences directes sur la viabilité économique de la profession et sur la qualité des soins offerts aux patients, en particulier les plus fragiles, isolés ou âgés. Pour Convergence Infirmière, cette démarche représente une régression majeure dans la reconnaissance du rôle des infirmières dans le maintien à domicile des patients.

Une alliance inédite pour une mobilisation renforcée

L’alignement des positions entre Convergence Infirmière et la FNI marque une étape clé dans la lutte contre les mesures restrictives de la CNAM. Alors que la FNI, d’ordinaire si attachée à un dialogue discret avec les instances de santé, s’oppose publiquement aux décisions envisagées, les deux syndicats se montrent unis dans leur détermination à défendre les intérêts des infirmières libérales. Ils refusent de cautionner une circulaire qui renforcerait les pressions locales sur les infirmières et méconnaîtrait les réalités de leur pratique quotidienne.

Face à cette offensive, les deux syndicats appellent à la résistance. Convergence Infirmière et la FNI refusent de signer des accords qui dégradent les conditions d'exercice des infirmières. Leur message à la CNAM est clair : les professionnels de santé ne sont pas des variables d'ajustement budgétaire, et leurs réalités de terrain ne peuvent plus être ignorées.