IPA : 1751 étudiants en formation

La formation menant au statut d'infirmier en pratique avancée (IPA) semble aujourd'hui franchir un cap décisif. Après une période de flottement marquée par un essoufflement des inscriptions en 2022, les dernières données publiées par l'Union nationale des infirmiers en pratique avancée (UNIPA) révèlent une tendance à la hausse significative des effectifs pour les années 2023-2024. Cette évolution souligne un regain d'intérêt pour une profession dont l’attractivité et l’intégration pose questions.

30 % d'inscrits en plus

En 2022, l'UNIPA s'alarmait d'une baisse de la dynamique autour de la formation des IPA, une situation attribuée à plusieurs facteurs : le financement de la formation, une visibilité limitée de la profession et des discordances entre la législation et les rémunérations. Pourtant, le vent semble avoir tourné. L'année académique 2023-2024 enregistre une augmentation notable du nombre d'étudiants inscrits en Master 1, passant de 648 en 2022 à 936 en 2024, portant le total des étudiants en formation à 1 736. Cette croissance est notamment due à l'élargissement de l'offre universitaire, avec 33 universités habilitées à dispenser la formation, y compris une première accréditation dans les Antilles, répondant ainsi à un besoin spécifique de ces territoires.

Une profession de plus en plus reconnue

Le paysage de la pratique avancée en soins infirmiers évolue également grâce à une meilleure reconnaissance de la profession, tant dans le secteur libéral qu'à l'hôpital. La loi Rist de février 2023 a joué un rôle catalyseur en élargissant le champ d'action des IPA, notamment en leur accordant la primo-prescription, ce qui a renforcé l'attractivité de la profession. Cette évolution législative témoigne d'une volonté politique de valoriser le rôle des IPA et d'adapter les pratiques aux besoins actuels du système de santé.

Des inégalités et des défis persistent

Malgré ces avancées, la répartition des étudiants entre les différentes mentions de la formation reste inégale, reflétant des préférences marquées pour certaines spécialisations. Selon l'UNIPA, les spécialités orientées vers des objectifs démographiques (comme les Soins de longue durée, la Psychiatrie-Santé Mentale et les Urgences) captent l'attention de la majorité, avec plus de 85% des inscrits en formation IPA. La spécialité des "Pathologies chroniques stabilisées" (PCS) reste la plus prisée, représentant 53,1% du total des inscriptions, même si son attractivité semble légèrement reculer. De son côté, la spécialité "Néphrologie-dialyse et transplantation rénale" (NDT) a réussi à maintenir sa part d'effectifs à environ 4-5% sur les trois dernières années. Lise Mantisi précise pour infirmiers.com que les spécialités NDT et oncologie-hématologie (OH) requièrent généralement une pratique hospitalière ou au sein de centres spécialisés dans la lutte contre le cancer. Concernant la spécialité OH, elle met en exergue les difficultés des centres de santé à libérer leur personnel infirmier pour la formation sans affecter leur fonctionnement, étant donné l'absence de remplaçants pour les professionnels en formation.

Par ailleurs, le nombre de diplômés est encore loin des objectifs gouvernementaux, ce qui souligne l'importance de maintenir l'élan actuel et de résoudre les problématiques d'attractivité et d'intégration professionnelle. Les difficultés d'accès aux stages et les limitations réglementaires et économiques constituent des freins majeurs qui nécessitent une attention soutenue. Si la signature de l'avenant 9 et l'anticipation d'un décret sur la primo-prescription semblent des favoriser l’éclosion et la pérennisation de la profession, il reste encore un long chemin à parcourir.