L'hôpital de Nevers condamné à indemniser la famille d'une patiente décédée après une hystérectomie
Le centre hospitalier de Nevers a été jugé responsable du décès d'une mère de trois enfants survenu en février 2017, suite à une hystérectomie. La famille de la victime recevra plus de 300 000 euros d'indemnisation. Cette décision judiciaire met en lumière une série d'erreurs médicales graves commises par l'établissement et son personnel.
Un enchaînement d'erreurs médicales
Tout commence en septembre 2015, lorsqu'une patiente de 40 ans subit la pose d'implants de stérilisation par un gynécologue de l'hôpital de Nevers. Ces implants provoquent divers troubles, amenant la patiente à consulter de nouveau en 2016. Le médecin découvre alors qu'un implant est mal positionné et qu'elle présente un kyste ovarien, et révèle une hypersensibilité au nickel, composant des implants.
En février 2017, le gynécologue décide de pratiquer une hystérectomie pour soulager la patiente. L'opération a lieu le 14 février, mais les jours suivants, elle éprouve de sévères difficultés respiratoires et des douleurs intenses. Bien qu'elle soit amenée aux urgences, elle est renvoyée chez elle et décède le 20 février. L'autopsie révèle une tumeur cancéreuse du col de l'utérus, non détectée par le médecin.
La reconnaissance des fautes médicales et la condamnation
Le rapport d'expertise judiciaire conclut que le décès de Mme E est directement lié à l'intervention chirurgicale par cœlioscopie réalisée le 14 février 2017. Cette intervention n'était pas justifiée médicalement, les saignements de Mme E étant dus à un cancer du col de l'utérus non diagnostiqué en raison d'un suivi gynécologique insuffisant et de l'absence d'un bilan étiologique complet avant l'opération. De plus, la prise en charge post-opératoire a été défaillante : les premiers signes respiratoires apparus après l'intervention n'ont pas été explorés, et Mme E n'a pas été correctement prise en charge lors de son passage aux urgences les 16 et 17 février 2017. Les experts notent que l'insuffisance respiratoire et circulatoire dont souffrait Mme E est une complication rare mais connue de la cœlioscopie, facilement diagnostiquable par un examen clinique et une imagerie thoracique, et traitable par un drainage pleural bilatéral. Des facteurs de risque spécifiques n'ont pas été pris en compte dans le suivi de Mme E. L'expertise judiciaire conclut à des fautes graves de la part du médecin et du centre hospitalier.
En 2021, l'assurance du médecin indemnise la famille de la victime. Cependant, l'hôpital ne verse aucune somme, ce qui conduit la famille à saisir le tribunal administratif de Dijon. Le 17 mai 2024, les juges condamnent le centre hospitalier de Nevers à verser 303 893 euros, soulignant la prise en charge inadéquate de la patiente.
Conditions de travail à l'hôpital de Nevers : une situation alarmante
Ce jugement intervient dans un contexte de crise profonde au centre hospitalier de Nevers. Le personnel des urgences dénonce régulièrement des conditions de travail insoutenables. En 2023, 4 300 patients ont passé la nuit aux urgences, contre seulement 420 en 2018. La saturation des services est telle que des patients sont installés dans des zones inappropriées, parfois même dans le sas d'accès des ambulances.
Le manque de personnel et de lits est criant : seulement 399 lits ouverts sur 602 autorisés et sept postes de médecins sur 26 pourvus. Cette situation conduit à des temps d'attente excessifs et une augmentation de la mortalité et de la morbidité. Le personnel, épuisé et en sous-effectif, tente de maintenir le service malgré des conditions de travail déplorables.
Plus d'infos : Le JDC
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