Des patients hospitalisés dans le garage de l'hôpital de Langres
Le 26 octobre dernier, l'hôpital de Langres, en Haute-Marne, s'est retrouvé dans de beaux draps. Gérald Claudet, un patient admis pour une inflammation intestinale, a vécu une mésaventure qui a fait grand bruit. Au lieu de passer la nuit dans un lit douillet, il s'est retrouvé à dormir à la belle étoile... ou presque.En effet, faute de place dans l'établissement, le malheureux a été contraint de passer la nuit dans le garage attenant aux urgences. Une situation qui a de quoi faire dresser les cheveux sur la tête et qui soulève de nombreuses questions sur l'état de notre système de santé.
Une situation qui fait froid dans le dos
Initialement installé dans une chambre des urgences, Gérald Claudet a vu son monde s'écrouler vers 1h du matin. On l'a réveillé pour le transférer dans ce qui s'est avéré être le garage habituellement réservé à l'ambulance du SAMU. Un véritable coup de théâtre qui l'a laissé pantois.L'environnement décrit par le patient a de quoi faire frémir : un sol en béton brut, des portes de garage, des paravents et des draps pour séparer les patients, un bruit "infernal" dû à la ventilation mécanique, et l'absence de toilettes à proximité. On est loin du grand confort, c'est le moins qu'on puisse dire ! Face à cette situation ubuesque, le patient a décidé de prendre le taureau par les cornes. Il a filmé la scène et quitté l'hôpital dès le lendemain, avec l'accord du médecin.
Un problème qui ne date pas d'hier
Malheureusement, il semblerait que ce cas ne soit que la partie émergée de l'iceberg. Selon des associations locales de santé, une centaine de personnes auraient déjà fait les frais de ce garage au cours de l'année écoulée. C'est à se demander si l'hôpital ne prend pas l'eau de toutes parts !La source du problème ? Il semblerait que la suppression d'une trentaine de lits dans l'établissement l'année précédente ait mis le feu aux poudres, aggravant une situation déjà tendue. On peut dire que l'hôpital a mis la charrue avant les bœufs en réduisant sa capacité d'accueil sans avoir de solution de rechange.
Une administration "invisible, déshumanisante, infantilisante"
Dans une interview pour Medscape, Le Dr Vincent Escudier, qui a démissionné après 12 ans à la tête des urgences, décrit une situation en nette détérioration depuis la mise en place d’une administration commune entre Langres, Bourbonne et Chaumont en 2020. Auparavant, Langres, une ville de 8000 habitants, avait conservé une offre de soins diversifiée, incluant plusieurs spécialités médicales. Mais, l’arrivée de cette administration, qualifiée de « déshumanisante » et « infantilisante », a provoqué un exode de médecins. En trois ans, six médecins ont quitté l’établissement.
Les décisions administratives, souvent incompréhensibles, ont aggravé la situation. Par exemple, l'accueil administratif des urgences est fermé à certaines heures, contraignant les patients à faire des allers-retours inutiles. Malgré des propositions de réorganisation, la direction est restée inflexible, illustrant une rigidité administrative qui complique le fonctionnement quotidien.
"ils ont développé une suradministration qui a empilé les strates les unes derrière les autres. Auparavant notre structure était souple et réactive et nous nous sommes englués dans un système où il n'était plus possible de prendre de décisions." Dr Escudier
Les tensions se sont exacerbées avec la fermeture du service de soins de suite et de réadaptation (SSR) en 2022, entraînant la suppression de 21 lits. Ces fermetures ont engendré un goulet d’étranglement, obligeant le service des urgences à gérer un afflux de patients sans solutions en aval. Selon le Dr Vincent Escudier, la loi Rist complique par ailleurs le recrutement de remplaçants, forçant la fermeture de lits dès qu’un praticien est en congé. tant et si bien qu'à l'hiver 2022, les urgences ont dû gérer 20 patients avec seulement 4 lits disponibles, une situation intenable pour l’établissement.
L'ARS diligente une nouvelle enquête
Suite à cette révélation qui a fait l'effet d'une bombe, plusieurs actions ont été entreprises. Gérald Claudet n'a pas gardé sa langue dans sa poche : il a contacté les médias et écrit au directeur de l'hôpital, à l'Agence Régionale de Santé (ARS) et au ministère de la Santé. Une façon de mettre les pieds dans le plat et d'exiger des explications.
L'ARS du Grand Est, quant à elle, a annoncé mener des investigations pour mettre un terme à cette situation qu'elle qualifie d'"inacceptable". Il faut dire qu'une inspection avait déjà été diligentée en 2023 suite à des signalements similaires, aboutissant à une injonction de cesser l'utilisation du garage pour l'hospitalisation de patients. Visiblement, l'hôpital n'a pas su faire autrement.
Cette affaire met en lumière les difficultés persistantes du système hospitalier, qui semble parfois marcher sur la tête. Elle soulève des questions épineuses sur l'allocation des ressources et l'efficacité des mesures prises pour améliorer la situation des hôpitaux publics.
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