Maternité : Le Blanc voit toujours rouge
Pour compenser les effets délétères de la fermeture de la maternité du BLANC, la direction de l’hôpital Châteauroux-Le Blanc s'était engagée à développer une nouvelle offre de soins. Et si d'un coté elle semble respecter ses engagements par le déploiement d'une activité de dentisterie et l'ouverture d'un centre périnatal de proximité au sein d'une unité femme-enfant, la mairie et le comité des usagers n'y voient qu'une provocation supplémentaire, dénoncent le double discours de l'hôpital et de l'Agence Régionale de Santé et s'insurgent contre la mise en danger des futures mamans et de leur bébé.
Voici leur communiqué :
Après la fermeture de la maternité, les récentes annonces concernant l’activité de chirurgie sont une nouvelle provocation. Aujourd’hui, mardi 29 janvier, la direction du Centre Hospitalier Châteauroux‐Le Blanc ouvre officiellement le Centre Périnatal de Proximité sur les ruines encore fumantes de la maternité. Alors que la direction nous vante dans la presse le développement des activités sur le site du Blanc, nous tenons à dénoncer avec fermeté son double discours et la casse préméditée du Centre Hospitalier du Blanc et ses conséquences sur l’avenir de notre territoire, à commencer par la mise en danger des habitants.
Si nous apprécions l’annonce du développement de la dentisterie, une journée et demie par semaine, et celle de la création d’une consultation en ORL pédiatrique, elles ne peuvent nous faire oublier ni la tragédie de la fermeture de la maternité, ni son contexte scandaleux, ni le travail de sape engagé sur les autres services.
Derrière le titre enjôleur de Centre Périnatal de Proximité, nous constatons une tout autre réalité. Là où les femmes enceintes venaient accoucher 24 h sur 24 et 7 jours sur 7, elles ne se voient aujourd’hui proposer que 6 à 7 heures de consultation gynéco obstétrique 2 jours par semaine, SANS AUCUNE SOLUTION de prise en charge pour les accouchements d’urgence pour lesquels ni l’hélicoptère SMUR, ni les équipes d’urgences ne pourront assurer la sécurité (nous n’évoquerons même pas la solution d’une sage ‐femme d’astreinte au SMUR, puisqu’à ce jour aucune n’a accepté cette responsabilité dans de telles conditions d’insécurité).
Mais les dégâts ne s’arrêtent pas là !
L’annonce récente de l’arrêt des interventions chirurgicales de notre ophtalmologue, très réputé sur le territoire, nous alarme particulièrement, car il marque la perte d’une activité indispensable pour la population. S’il maintient ses consultations en ville, la fin de son activité opératoire sur le site du Blanc, à compter de mars, risque de porter un coup fatal au service de chirurgie ambulatoire avec la perte d’environ 1000 actes/an, et réduit à néant le projet de développement d’un centre départemental d’ophtalmologie, que permettait certes la présence d’un deuxième ophtalmologue sur site, mais surtout sa compétence en chirurgie de la rétine, inexistante dans notre département et encore réservé aux grands pôles universitaires.
Mais au-delà, les conditions de son départ prouvent une nouvelle fois les défaillances (pour ne pas dire le mépris) de la direction, qui s’est permis de faire la sourde oreille à ses demandes d’entretien pour envisager le renouvellement de son contrat, alors même que cette spécialité connaît une grande pénurie.
Dans son empressement destructeur, mi-décembre, la direction de Châteauroux évoquait également la fermeture du bloc opératoire le week-end. Suite à nos interventions, l’information était rapidement démentie par elle et l’A.R.S. Mais l’ARS ne disait ‐elle pas il y a 1 an que « la fermeture de la maternité n’était pas à l’ordre du jour » ?
Après 2 ans de fusion : quel bilan ?
Alors qu’en 2016, l’ARS engageait la fusion pour « recruter et stabiliser les effectifs médicaux » avec pour objectif de « conforter l’offre de soins sur le territoire blancois », nous constatons aujourd’hui un assèchement drastique de l’offre de soins au sein de l’hôpital :
· 12 à 14 heures de gynécologue ‐obstétricien et quelques consultations de sage femme par semaine (au lieu de la permanence 24 h/24 et 7 j/7 soit 168 heures)
· 1 jour de présence en pédiatrie (au lieu de 7)
· Quelques dizaines d’opérations en ophtalmologie de type cataracte et quelques consultations par an (soit une perte d’environ 700 opérations et 300 actes externes)
Et demain, nos craintes sont vives pour la permanence chirurgicale 24 h/24 et 7 j/7, et pour les urgences…
Les conséquences pour nous, habitants et usagers, sont dramatiques et révoltantes :
- Mise en danger des futures mamans et de leurs bébés
- Désert sanitaire et inégalité d’accès au soin dans presque toutes les disciplines
Et les conséquences pour les personnes qui y travaillent sont tout aussi révoltantes, en témoignent la fuite du personnel depuis la fusion et la multiplication des cas de burn-out. La souffrance au travail est quotidienne et toutes les méthodes sont utilisées pour inciter le personnel à quitter les lieux : ignorance, mépris, réduction de salaire ou de statut, frein aux avancements, pression hiérarchique et culture du silence, culture délétère entre les 2 sites (en témoigne l’AG du personnel du site de CHX)...
Dans ce monde de chiffres, que l’on soigne bien plus que les hommes et les femmes qu’ils représentent, le ministère nous explique que c’est là le prix à payer (le « bénéfice ‐risque ») pour équilibrer des lignes comptables… Alors, la direction se félicite dans la presse d’une situation financière encourageante. Au moins, pourra‐t‐elle se vanter auprès de l’ARS d’avoir réussi dans cette fusion son défi de « maintenir une situation financière saine ».
Mais là encore, nous dénonçons la réalité fallacieuse et manipulatrice de cette comptabilité soi‐disant exemplaire !
Manipulation des chiffres, trucage du prix de journée, détournement des dotations de l’état au profit du site de Châteauroux, nous découvrons la réalité financière du Centre Hospitalier du Blanc, bien loin d’un établissement en FAILLITE !
Puisqu’elle n’en est pas à un déni près, là où la direction s’était engagée à « permettre au CH du Blanc de conserver une certaine maîtrise de son avenir », notamment par le maintien d’un pôle unique et la représentativité du comité, c’est un tout autre constat que nous faisons ce jour :
· La maire du Blanc a été exclue du conseil de surveillance dès 2017
· Le Comité n’a jamais été associé à aucune instance
· Le pôle unique du Blanc censé « faciliter le maintien de sa cohérence et de son unité et l’organisation des instances » laisse place depuis décembre 2018 à un pôle mère ‐enfant et un pôle chirurgie, commun aux deux sites
Cette éviction savamment orchestrée des acteurs du territoire nous fait perdre chaque jour un peu plus la main sur l’avenir de notre hôpital, et laisse libre cours à la direction pour accomplir sa basse besogne.
Comment tant de mensonges ne pourraient‐ils susciter en nous cette défiance envers les administrations, qui signent des engagements et font le contraire en toute impunité ?
Comment ne pas y voir un mépris insupportable pour les mouvements citoyens, responsables et non violents, que nous représentons ?
De tels abus, de tels mépris sont à l’origine de la colère qui gronde depuis de nombreux mois, et creusent chaque jour un peu plus la fracture entre ruraux et citadins.
Dans la marche coloniale du ministère de la Santé à horizon 2022, désert sanitaire et déni de démocratie sont intimement liés. Et les indigènes que nous sommes assistent impuissants au pillage de leurs services de santé.
Mairie du Blanc - Comité de défense des usagers du site hospitalier du Blanc
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