Le statut de médecin hospitalier en perte d'attractivité : la Cour des comptes tire la sonnette d'alarme
Un rapport récent de la Cour des comptes alerte sur les effets néfastes de la réforme de l'intérim hospitalier, jugée dévoyée. Le Syndicat national de praticiens hospitaliers (SNPHARE) demande des actions concrètes pour redonner de l'attractivité au métier de médecin hospitalier.
Des mesures inefficaces et coûteuses
La réforme visant à encadrer l'intérim hospitalier, en plafonnant les rémunérations à environ 1.400 euros brut pour 24 heures de travail, a été mise en place pour éviter une surenchère entre hôpitaux en manque de médecins. Cependant, cette mesure, bien que reportée à plusieurs reprises, n'a pas eu les effets escomptés. La Cour des comptes indique que cette réforme a généré des « effets non maîtrisés », notamment à travers l'utilisation accrue des contrats dits « de type 2 ». Ces contrats offrent des conditions de travail flexibles et des salaires pouvant atteindre 120.000 euros par an, attirant ainsi des médecins qui préfèrent ce statut temporaire et mieux rémunéré à celui de praticien hospitalier traditionnel, plafonné à 100.000 euros en fin de carrière.
Les événements indésirables graves associés aux soins sont également liés au recours aux emplois temporaires, déstabilisant les équipes soignantes et augmentant les coûts pour les hôpitaux. La Cour des comptes souligne que cette pratique coûte environ 147 millions d'euros par an aux hôpitaux et même 559 millions d'euros si l'on inclut l'intérim déguisé.
Un système hospitalier déstabilisé
Le recours massif à l'intérim et aux contrats de type 2 déstabilise les équipes soignantes et augmente les coûts pour les hôpitaux. Les praticiens « à peine formés ou aussitôt leur autorisation d'exercice obtenue » demandent ces contrats, et certains médecins démissionnent ou se mettent en disponibilité pour obtenir ces conditions plus avantageuses. Cette situation aggrave le manque de personnel permanent, et en 2022, plus de 7.500 postes sont restés vacants à l'issue des recrutements, tandis que 5.560 médecins ont quitté l'hôpital public.
Le SNPHARE déplore cette situation et critique vivement les mesures prises, les qualifiant d'inefficaces et coûteuses. « Des millions d'euros sont dépensés pour des mesures qui ne fonctionnent pas », a déclaré le syndicat dans un communiqué de presse, soulignant que le cœur du problème réside dans le manque d'attractivité des carrières hospitalières.
Redonner de l'attractivité aux praticiens hospitaliers
Pour le SNPHARE, l'urgence est de rendre le statut de praticien hospitalier plus attractif. Le syndicat demande des actions spécifiques, telles que le rétablissement de quatre années d'ancienneté pour les praticiens hospitaliers nommés avant le 1er octobre 2020, la revalorisation de la rémunération de la permanence des soins et des heures supplémentaires, et la mise en œuvre d'un juste décompte du temps de travail. Le syndicat propose également d'harmoniser les obligations de service à 39 heures par semaine pour toutes les spécialités.
Le ministère de la Santé a engagé des travaux pour restreindre les conditions de conclusion des contrats de type 2, prévoyant de les réserver aux médecins inscrits à l'Ordre depuis au moins cinq ans et d'exclure les praticiens hospitaliers en disponibilité. Les contrats devront durer au moins six mois et viser des médecins hautement spécialisés.
Le rapport de la Cour des comptes recommande également que les groupes hospitaliers de territoire (GHT) mutualisent les ressources médicales pour éviter le recours systématique à l'intérim. En réaction, le SNPHARE critique l'inefficacité des mesures actuelles et propose de rendre les quatre années d'ancienneté après la réforme du statut des praticiens hospitaliers en 2020, de revaloriser la rémunération de la permanence des soins et des heures supplémentaires, et d'assurer un juste décompte du temps de travail.
Le rapport de la Cour des comptes et les revendications du SNPHARE mettent en lumière la nécessité d'une réforme en profondeur pour résoudre la crise de l'attractivité des carrières hospitalières et stabiliser le système de santé publique. Le Dr Anne Geffroy-Wernet et le Dr Matthieu Débarre, représentants du SNPHARE, insistent sur l'urgence de ces réformes pour garantir la qualité et la sécurité des soins dans les hôpitaux publics.
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