La consommation de nitrite serait corrélée à un risque accru de diabète de type 2
Des chercheurs de plusieurs institutions (INSERM, INRAE, Université Sorbonne Paris Nord, Université Paris Cité et Cnam) qui font partie de l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren-Cress) ont étudié le lien entre la consommation de nitrites/nitrates alimentaires et le développement du diabète de type 2.
Pour cela, ils ont analysé les données de santé et d’exposition aux nitrites/nitrates de 104 168 adultes français participant à l’étude NutriNet-Santé. Les résultats montrent une association entre la consommation de nitrites et un risque accru de diabète de type 2. Aucune association entre la consommation de nitrates et le risque de diabète de type 2 n’a été observée. Les résultats ont été publiés dans la revue PLOS Medicine.
Actuellement, on dénombre pas moins de 15 000 produits emballés sur le marché français qui contiennent des nitrites et/ou des nitrates. Ces additifs alimentaires sont fréquemment utilisés pour améliorer la conservation des viandes transformées, tels que les jambons et les saucissons. Cependant, leur innocuité est sujette à débat. Il est important de noter que les nitrites et nitrates se trouvent également naturellement dans certains aliments, tels que les légumes, ainsi que dans l’eau de consommation. Cependant, leur concentration peut varier du fait de certaines pratiques agricoles et industrielles.
Les 104 168 volontaires ont fourni des informations détaillées sur leurs consommations alimentaires en transmettant des enregistrements complets de leurs repas sur des périodes répétées de 24 heures, y compris les noms et marques des produits. Cette méthode a permis à l’équipe de mesurer précisément l’exposition des participants aux nitrates et nitrites, avec des niveaux de précision élevés. De plus, ces informations ont été complétées par des données de contrôle fournies par les autorités sanitaires, qui ont permis de déterminer l’exposition des volontaires aux nitrites/nitrates d’origine non-additifs (via l’eau et le sol) selon leur emplacement géographique.
Les chercheurs ont eu accès à des informations sur les antécédents médicaux, les données sociodémographiques, la pratique d’activité physique, le mode de vie et l’état de santé des participants. Les participants de l’étude n’étaient pas atteints de diabète de type 2 au moment de leur inclusion et ont été suivis entre 2009 et 2021 pour surveiller l’apparition de la maladie. Les chercheurs ont utilisé des analyses statistiques pour examiner les associations entre l’exposition aux nitrites/nitrates (sous forme d’additifs alimentaires et non-additifs) et le risque de diabète de type 2.
Les participants ayant une consommation plus élevée de nitrites (issus spécifiquement des additifs alimentaires et d’autres sources non-additifs) présentaient un risque accru de développer un diabète de type 2. Les résultats de l’étude ont montré une augmentation de 27 % du risque pour les personnes ayant la consommation la plus élevée de nitrites totaux par rapport à ceux ayant la consommation la plus faible, avec une augmentation de 53 % pour les nitrites provenant des additifs et de 26 % pour les nitrites provenant d’autres sources. Aucune association entre l’exposition aux nitrates et le risque de diabète de type 2 n’a été trouvée. Les résultats ne montrent également aucun bénéfice des nitrites ou des nitrates alimentaires pour protéger contre le diabète de type 2.
« Il s’agit de la première étude de cohorte à grande échelle qui suggère une association entre les nitrites provenant d’additifs et un risque potentiellement accru de diabète de type 2 », expliquent Bernard Srour, chercheur postdoctoral à l’INSERM, et Mathilde Touvier, directrice de recherche INSERM, qui ont piloté cette étude.
« Ces résultats fournissent un nouvel élément de preuve dans le contexte des discussions actuelles concernant la nécessité d’une réduction de l’utilisation des additifs nitrités dans les viandes transformées par l’industrie alimentaire, et pourraient également soutenir la nécessité d’une meilleure réglementation de la contamination des sols par les engrais. En attendant, plusieurs autorités de santé publique dans le monde recommandent déjà aux citoyens de limiter leur consommation d’aliments contenant des additifs controversés, dont le nitrite de sodium », concluent les deux scientifiques.
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