Bilan épidémiologique hivernal  : une saison 2024-2025 marquée par une grippe particulièrement sévère

Bilan épidémiologique hivernal  : une saison 2024-2025 marquée par une grippe particulièrement sévère Entre hausse des hospitalisations et impact fort chez les enfants, les personnes âgées et les populations à risque, le dernier bulletin de Santé publique France dresse un tableau contrasté des virus hivernaux. Les professionnels de santé doivent rester vigilants, malgré la fin de la surveillance hebdomadaire.

Une épidémie de grippe plus précoce, intense et prolongée

L’épidémie de grippe 2024-2025 a commencé dès début décembre et a duré 12 semaines, soit deux de plus que la moyenne des dernières années. Son intensité a été particulièrement marquée en médecine de ville, avec environ 2,7 millions de consultations pour syndrome grippal et un pic d’activité atteignant 27,8 % des actes SOS Médecins.

À l’hôpital, l’épidémie s’est traduite par plus de 29 000 hospitalisations après un passage aux urgences, notamment chez les moins de 5 ans et les plus de 65 ans. En réanimation, 1 849 cas graves ont été signalés, dont près de 90 % étaient adultes avec comorbidités. Près de 80 % des patients dont le statut vaccinal était renseigné n’étaient pas vaccinés contre la grippe.

La mortalité a également été notable, avec un excès estimé à 14 100 décès toutes causes sur la période de l’épidémie, dont près de 5 000 avec une mention explicite de la grippe sur le certificat de décès. Par comparaison, lors des saisons précédentes, l’excès de mortalité attribué à la grippe s’élevait à environ 8 100 décès en 2016-2017, 13 000 en 2017-2018 et 3 600 en 2018-2019, selon les bilans annuels de Santé publique France. La saison 2024-2025 s’inscrit donc parmi les plus sévères de la dernière décennie en termes de mortalité, dépassant même les pics observés avant la pandémie de COVID-19.

Une couverture vaccinale encore trop faible

La couverture vaccinale antigrippale reste insuffisante : 53,7 % chez les 65 ans ou plus, et 25,3 % chez les moins de 65 ans à risque. L’efficacité du vaccin a été jugée modérée, avec un taux global estimé à 47 % ; elle chute à 38 % chez les 65 ans et plus, selon les données du réseau Sentinelles. Ces niveaux de couverture sont bien en-deçà des recommandations européennes qui visent un taux de 75 % chez les personnes âgées.

Le contexte virologique a sans doute joué un rôle aggravant, avec une co-circulation inhabituelle des trois virus grippaux (A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B/Victoria), contribuant à la sévérité de la saison.

Bronchiolite : une circulation modérée, un effet des nouvelles stratégies de prévention ?

En contraste avec la grippe, l’épidémie de bronchiolite a été courte (8 semaines) et de faible intensité. Le recours aux soins a été inférieur à celui des saisons antérieures, tant en médecine de ville qu’à l’hôpital, en particulier chez les nourrissons de moins de 3 mois.

Cette évolution pourrait être liée à l’impact des campagnes d’immunisation contre le VRS, via la vaccination maternelle ou l’administration de l’anticorps monoclonal nirvesimab. Sur les 572 cas graves signalés chez les moins de 2 ans, 36 % avaient reçu le nirvesimab. Ces résultats doivent toutefois être interprétés avec prudence : la couverture de ces interventions reste incomplète et leur efficacité réelle en population générale reste à documenter.

COVID-19 : une saison hivernale calme, mais un suivi toujours nécessaire

La COVID-19 est restée à un niveau de circulation faible durant l’hiver, avec deux pics en juillet et septembre 2024. Aucun pic hivernal n’a été observé, contrairement aux saisons précédentes. À l’hôpital, les passages aux urgences et hospitalisations pour COVID-19 sont restés modérés. Seuls 21,7 % des plus de 65 ans avaient reçu une dose de rappel pendant la campagne automnale.

Une nouvelle campagne vaccinale ciblée (80 ans et plus, immunodéprimés, résidents d’Ehpad) a été lancée le 14 avril 2025. Les personnes concernées peuvent recevoir une dose de vaccin à partir de trois mois après leur dernière injection ou infection. La campagne se poursuit jusqu’au 14 juin dans les établissements médico-sociaux, les pharmacies et centres de santé partenaires.

Impact marqué dans les établissements médico-sociaux

Depuis l’automne 2024, plus de 4 000 épisodes groupés d’infections respiratoires ont été signalés dans les établissements médico-sociaux, dont une majorité en Ehpad. La grippe en a été la cause principale, suivie par la COVID-19 et le VRS. Le pic a été atteint début janvier, coïncidant avec celui observé à l’échelle nationale.

À retenir pour les équipes de terrain

  • Grippe 2024-25 : intensité record et mortalité élevée.

  • Vaccination antigrippale insuffisante, en particulier chez les personnes à risque.

  • Bronchiolite moins sévère, probablement grâce aux mesures préventives.

  • COVID-19 : faible circulation hivernale, mais couverture vaccinale à renforcer chez les aînés.

 

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