Transfuser davantage de sang aux patients atteints d'infarctus du myocarde et d'anémie réduirait significativement la mortalité

Transfuser davantage de sang aux patients atteints d’infarctus du myocarde et d’anémie réduirait significativement la mortalité L’essai clinique international MINT montre qu’une stratégie transfusionnelle plus libérale diminue de manière significative le risque de décès d’origine cardiaque chez les patients victimes d’infarctus du myocarde et d’anémie. Ces résultats pourraient conduire à une modification des pratiques actuelles en cardiologie.

L'infarctus du myocarde reste l'une des principales causes de mortalité dans le monde. En France, environ 100 000 cas sont recensés chaque année. L'anémie, caractérisée par une baisse du taux de globules rouges, est souvent présente chez ces patients, aggravant leur état. Jusqu’à récemment, le débat persistait quant à la meilleure stratégie transfusionnelle à adopter : fallait-il privilégier une approche libérale, consistant à transfuser davantage de sang, ou une approche restrictive ?

L’essai MINT, le plus vaste jamais mené sur cette question, apporte désormais des réponses claires. Réalisée dans 144 centres répartis dans six pays, cette étude a comparé les effets de ces deux stratégies chez 3 504 patients atteints à la fois d’un infarctus du myocarde et d’anémie.

Une réduction significative de la mortalité cardiaque

Les résultats de cet essai sont frappants. Le groupe de patients ayant reçu une transfusion sanguine libérale, visant à maintenir un taux d’hémoglobine supérieur à 10 g/dL, a montré une réduction de 52 % du risque de décès d’origine cardiaque dans les six mois suivant l’infarctus, comparé au groupe soumis à une stratégie plus restrictive. Plus largement, la mortalité globale à six mois était légèrement inférieure dans le groupe libéral (20,5 %) contre 21,7 % pour le groupe restrictif.

Le Pr Tabassome Simon, cheffe du service de pharmacologie clinique à l’hôpital Saint-Antoine AP-HP et co-fondatrice du réseau F-CRIN "FACT", qui a présenté ces résultats au Congrès Européen de Cardiologie (ESC) à Londres, souligne que ces données apportent "des preuves solides en faveur d’une stratégie transfusionnelle plus généreuse pour ces patients à haut risque."

Ces conclusions sont d'autant plus marquantes qu'elles tranchent avec certaines études antérieures, qui évoquaient des effets indésirables potentiels des transfusions, notamment une difficulté pour le sang transfusé à libérer suffisamment d’oxygène dans les tissus cardiaques endommagés. Mais, comme l’explique le Pr Philippe Gabriel Steg, chef du service de cardiologie à l’hôpital Bichat AP-HP, "ces résultats apportent enfin une réponse claire à une question qui divisait la communauté médicale".

Des implications majeures pour la pratique clinique

L'étude MINT, menée dans des centres aux États-Unis, au Canada, en France, au Brésil, en Nouvelle-Zélande et en Australie, a également bénéficié du soutien de nombreuses institutions, notamment le National Heart Lung and Blood Institute et l'Agence Nationale de Recherche en France. Ce travail collaboratif met en lumière le rôle clé des réseaux internationaux, tels que le réseau F-CRIN "FACT", dans la réalisation d’essais d’envergure mondiale.

Les implications de ces résultats pour la pratique clinique sont nombreuses. Adopter une approche transfusionnelle plus libérale pourrait considérablement améliorer la survie des patients victimes d’infarctus et souffrant d’anémie. Toutefois, les chercheurs insistent sur l’importance de poursuivre les recherches afin d’affiner les recommandations et d’ajuster les seuils de transfusion pour chaque patient.

Un tournant pour la cardiologie

L’essai MINT pourrait bien être le catalyseur d’une révision des protocoles de soins dans les services de cardiologie. Alors que la communauté médicale disposait de données contrastées sur l’efficacité des transfusions en cas d’infarctus, ces résultats apportent un nouvel éclairage sur l’importance de maintenir des niveaux optimaux d’hémoglobine pour limiter la mortalité cardiaque.

En conclusion, l’adoption d’une stratégie transfusionnelle plus libérale semble prometteuse pour améliorer la prise en charge des patients cardiaques anémiés. Ce tournant pourrait non seulement sauver des vies, mais aussi transformer les pratiques médicales dans les services de cardiologie à travers le monde.

https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.124.069917

 

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