FACT/F-CRIN fait le point sur les avancées des maladies cardio-vasculaires
A quelques semaines de la prochaine journée mondiale du cœur le 29 septembre, l’alliance française pour les essais cliniques cardio-vasculaires FACT/F-CRIN, fait le point sur les avancées des traitements et études en cours. Interview du Pr Ph.Gabriel Steg, Président de FACT (réseau labellisé F-CRIN), chef du service de cardiologie à l'hôpital Bichat (AP-HP), expert de l’infarctus du myocarde et l’un des rares spécialistes français à mener de grands essais cliniques internationaux.
Quelle est la fréquence des maladies cardio-vasculaires ?
L’infarctus du myocarde est l’une des premières causes de décès dans le monde. En France, c’est la 2e cause derrière le cancer. Il y a environ 100 000 infarctus du myocarde par an en France. Un homme est exposé à plus de risques à partir de 55 ans, tandis que pour une femme, l’infarctus peut survenir plus tard, dès 65-70 ans. Avant la ménopause, le risque est 4 fois moins important que pour un homme même si le risque d’infarctus précoce tend à augmenter chez les femmes en raison du tabagisme féminin.
Quels sont les traitements et solutions actuels ?
La Cardiologie est riche en traitements médicamenteux, interventionnels et chirurgicaux, à la fois pour le traitement curatif mais aussi pour la prévention. Les progrès sont considérables, qu’il s’agisse de médicaments (antiarythmiques pour les anomalies des battements, anticoagulants et antiplaquettaires pour prévenir la formation de caillots, bêtabloquants qui réduisent la fréquence cardiaque et la pression artérielle, statines qui préviennent l’accumulation de plaques dans les artères et réduisent le risque à long terme de crise cardiaque..) ou interventions plus ou moins invasives (angioplastie et stents pour dilater les artères, choc électrique et ablation endocavitaire pour restaurer le rythme cardiaque, pontage aortocoronarien pour améliorer l’apport sanguin vers le cœur, interventions valvulaires visant à réparer ou à remplacer une ou plusieurs valves du cœur parfois sans chirurgie, stimulateur et défibrillateur implantable, pour contrôler le rythme cardiaque…). Grâce à toutes ces techniques, nous sommes par exemple passés d’une mortalité de l’infarctus du myocarde de 25 % dans les années 80 à 4 % de nos jours.
Quelles sont les dernières avancées de la recherche clinique de FACT sur les maladies cardiovasculaires. En quoi sont-elles innovantes ?
La mission de FACT, l’alliance française pour les essais cliniques cardio-vasculaires, est de concevoir, conduire et réaliser des essais cliniques. Depuis sa création en 2012 nous avons mené de nombreux essais cliniques dont la plupart sont en phase 3 (en phase de test du médicament ou de la technique interventionnelle). Par exemple, sur les médicaments anticoagulants, qui sont très importants dans le traitement des infarctus, ou encore sur des médicaments initialement prévus pour le diabète, que nous repositionnons, nous avons fait 2 publications particulièrement importantes l’année dernière : Reality, mené par le Pr Grégory Ducrocq (Bichat, Paris) le premier essai au monde qui a comparé différentes stratégies de transfusion du sang pour traiter un infarctus du myocarde en cas d’anémie, et Flower MI (essai mené par le Pr Étienne Puymirat, HEGP, Paris) : la comparaison de plusieurs stratégies pour guider l’angioplastie coronaire après un infarctus chez les patients porteurs de lésions coronaires complexes.
Quels sont les autres essais cliniques en cours sur les maladies cardio-vasculaires auxquels participe le réseau FACT ?
Nous participons parallèlement à plusieurs essais et études :
- EVAOLD, menée par le Pr Gilles BARONE-ROCHETTE (CHU Grenoble Alpes) qui étudie la meilleure stratégie pour traiter les infarctus du myocarde chez les personnes âgées de 80 ans et plus.
- AQUATIC, coordonnée notamment par le Pr Gilles LEMESLE, (CHRU Lille), pour définir le meilleur traitement antithrombotique chez les sujets coronariens souffrant de fibrillation atriale (trouble du rythme cardiaque le plus fréquent).
- RITA 2 MI, un essai financé par l’Europe pour tester une découverte Française du Pr Ziad MALLAT (PARCC/HEGP INSERM Paris et University of Cambridge), qui cherche à évaluer l’impact d’une nouvelle stratégie thérapeutique ciblant la réponse immunitaire des patients après un infarctus du myocarde (IM).
Quels sont les avancées/bénéfices de ces études pour les patients et leurs familles ?
Nous assistons à une énorme progression des traitements préventifs et curatifs ces dernières années avec, pour effet, une réduction de 10 à 15 % des infarctus. Nous nous intéressons également à de nouveaux facteurs de risques, notamment dans le registre FRENCHIE, un registre observationnel prospectif français d’infarctus du myocarde, qui explore l’importance de ces nouveaux facteurs de risques, tels que, une mauvaise hygiène dentaire et les infections parodontales, ou encore les maladies obstructives du sommeil comme l’apnée du sommeil, qui semblent être des facteurs aggravants la probabilité d’un infarctus du myocarde. En traitant ces facteurs, des infarctus pourraient être évités. Nous étudions également les anomalies d’une fraction particulière du cholestérol : la Lp (a) et l’impact de ces anomalies sur le risque d’infarctus du myocarde chez les patients et leur famille.
Comment les malades peuvent-ils participer aux études actuelles ou futures ?
Tous les patients intéressés de participer aux études en cours doivent en parler à leur médecin qui peuvent les mettre en contact avec le réseau FACT. Il existe par ailleurs un registre des essais cliniques à l’AP-HP (consultable en ligne : https://www.aphp.fr/registre-des-essais-cliniques), avec la possibilité de se porter volontaire. Nous sommes particulièrement intéressés par les personnes atteintes d’élévation anormale de la Lp (a) et de maladie coronaire : ces patients peuvent nous contacter (https://www.fact-trials.eu/fr/contact)
Quel est l’apport du réseau F-CRIN pour la maladie ?
Pour faire des essais cliniques, nous avons besoin d’effectifs de patients importants : souvent plusieurs milliers, parfois plusieurs dizaines de milliers. D’où l’importance d’appartenir à des réseaux dynamiques et organisés tels que les réseaux F-CRIN. Il est également important que le réseau représente la France dans les collaborations internationales et parfois puisse être à l’initiative et au pilotage de ces grands essais internationaux.
Quel message aimeriez-vous adresser aux patients et familles qui nous lisent ?
J’aimerais insister sur l’importance de la prévention. Même si la situation est plus favorable en France que dans d’autres pays, l’infarctus du myocarde reste la 2e cause de mortalité, alors qu’une grande partie d’accidents pourraient être évités. La prévention n’est donc pas assez efficace. Les personnes souffrant d’hypertension doivent être mieux dépistées et soignées ; les personnes qui ont du cholestérol doivent changer leur mode de vie et prendre, le cas échéant, des médicaments ; les fumeurs doivent être conscients du risque du tabac sur les accidents cardio-vasculaires… Nous nous y employons, mais il reste des progrès à faire dans ce domaine.
À propos de F-CRIN
Créée en 2012, portée par l’INSERM et financée par l’ANR et le ministère de la Santé, F-CRIN (French Clinical Research Infrastructure Network) est une organisation d’excellence au service de la recherche clinique française. Elle a pour but de renforcer la compétitivité́ de la recherche clinique française à l’international, d’identifier et labelliser les réseaux de recherche, faciliter la mise en place d’essais cliniques académiques ou industriels, et développer l’expertise des acteurs de la recherche clinique, en mutualisant les savoir-faire, les objectifs et les moyens. L’organisation, qui dispose d’une unité de coordination nationale localisée à Toulouse, a déjà̀ labellisé et fédère actuellement 16 réseaux d’investigation clinique ciblant des maladies d’intérêt général international (Asthme Sévère, AVC, Cardiologie, Cardio-néphrologie, Dermatite atopique, Maladies auto-immunes et auto-inflammatoires, Maladies Cardio-rénales, Maladies cardiovasculaires, Maladie du neurone moteur/maladie de Charcot, Obésité́, Pathologies rétiniennes, Parkinson et maladies du mouvement, Pédiatrie, Sclérose en Plaques, Sepsis Thrombose, Troubles psychotiques, Vaccinologie), 3 réseaux d’expertise et de méthodologie (Maladies Rares, Dispositifs Médicaux, Épidémiologie) et une plateforme de supports sur mesure offrant l’ensemble des services nécessaires à la conduite des essais cliniques. Au total, F-CRIN représente une force de frappe de plus de 1400 professionnels en recherche clinique. F-CRIN bénéficie du soutien de plusieurs CHU, Universités et Fondations. Pour plus d’informations : https://www.fcrin.org/
À propos de FACT/F-CRIN
Fondé par les Prs Ph.Gabriel Steg, Nicolas Danchin, et Tabassome Simon, assisté d’un comité scientifique constitué de 3 membres (les Prs Patrice Jaillon, Jean-Pierre Bassand, Pascal Gueret), le réseau FACT labellisé F-CRIN rassemble des équipes cardiologiques hospitalières d’excellence, publiques (académiques et non académiques) et cliniques privées, investies dans la recherche clinique cardiovasculaire et tout particulièrement les essais cliniques dans le domaine de la maladie coronaire. Ce réseau a pour objectifs de mener des essais cliniques performants dans le domaine de la maladie coronaire, en particulier l’athérothrombose coronaire et les complications cardiovasculaires du diabète ; de promouvoir une recherche clinique de qualité ; de professionnaliser la recherche clinique dans la maladie coronaire en assurant la formation des investigateurs aux Bonnes Pratiques Cliniques et en facilitant le recrutement des patients dans les essais de médicaments ; de constituer un « guichet unique » pour les essais de médicaments et de dispositifs médicaux dans le domaine cardiovasculaire permettant aux promoteurs industriels de gagner du temps et d’éviter les démarches fastidieuses auprès de tous les investigateurs ; et d’augmenter la visibilité de la recherche clinique coronaire en France et à l’étranger. Plus d’informations : https://www.fact-trials.eu/fr
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