Endométriose : vers une cohorte de 25 000 patientes pour valider l'Endotest
Une réponse attendue face à une errance diagnostique persistante
Longtemps ignorée, l’endométriose s’impose aujourd’hui comme un enjeu majeur de santé publique. Elle touche entre 10 et 15 % des femmes en âge de procréer et se manifeste par des douleurs pelviennes chroniques, parfois invalidantes, ainsi que des troubles de la fertilité. Pourtant, malgré sa fréquence, cette maladie reste difficile à diagnostiquer. Le délai moyen entre les premiers symptômes et la confirmation diagnostique est estimé à sept ans.
Ce retard est lié à plusieurs facteurs : des symptômes souvent banalisés, des examens cliniques peu spécifiques, des résultats d’imagerie parfois discordants, et un recours encore fréquent à la cœlioscopie diagnostique, technique invasive nécessitant une anesthésie générale. Dans ce contexte, l’arrivée de l’Endotest représente une avancée significative.
Développé par Ziwig, l’Endotest repose sur une analyse génétique des microARN présents dans la salive, interprétée grâce à l’intelligence artificielle. Marqué CE, ce test affiche des performances diagnostiques prometteuses : 95 % de sensibilité et 94 % de spécificité selon les évaluations de la Haute Autorité de santé (HAS).
📌 À qui s’adresse l’Endotest ?
-
Femmes âgées de 18 à 43 ans
-
Symptômes très évocateurs d’endométriose (douleurs pelviennes, troubles menstruels invalidants…)
-
Résultats d’imagerie normaux ou équivoques
-
Prescription par un gynécologue hospitalier
-
Réalisé dans un établissement habilité, dans le cadre de l’expérimentation
Une expérimentation à grande échelle dans le cadre du forfait innovation
Les résultats cliniques préliminaires de l'Endotest® sont très encourageants, avec une fiabilité supérieure à 95 %, et soulignent le caractère novateur de ce test, qui répond à un besoin médical encore insuffisamment couvert. Lors de sa première évaluation en janvier 2024, les données cliniques disponibles n’étaient pas suffisantes pour démontrer un impact significatif sur la prise en charge des patientes. La HAS a donc encouragé le fabricant lyonnais Ziwig à déposer une demande de forfait innovation pour permettre un accès rapide à l'Endotest®, et l’a accompagné dans l’élaboration d’un protocole d’étude clinique solide appelé ENDOBEST.
Aujourd'hui, grâce à cette démarche, le ministère de la Santé prévoit de financer temporairement l'Endotest® dans les 80 établissements désignés. Cette expérimentation clinique, qui inclura 2 500 patientes volontaires, vise à évaluer la réduction du nombre de cœlioscopies diagnostiques. 22 500 patientes supplémentaires pourront ensuite avoir accès au test dans ces 100 établissements, en attendant un remboursement élargi et pérenne. Les femmes de 18 à 43 ans présentant une suspicion d'endométriose pourront ainsi bénéficier gratuitement du test dans le cadre de cette étude, ouvrant potentiellement la voie à une adoption plus large et à une amélioration significative de la prise en charge de l'endométriose en France.
Le 28 mars 2025, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’endométriose, le ministère de la Santé a annoncé l’élargissement de l’accès à l’Endotest à 20 établissements supplémentaires, portant leur nombre à une centaine sur le territoire. Ce déploiement s’inscrit dans le cadre d’une expérimentation nationale prévue pour trois ans.
Initialement destinée à une cohorte de 2 500 femmes dans le cadre de l’étude clinique Endobest, cette phase expérimentale vise désormais 25 000 patientes éligibles. Le coût du test, évalué à 839 euros, est intégralement pris en charge grâce au forfait innovation, un dispositif temporaire de financement dédié aux technologies de santé innovantes en phase de validation.
Le test est réservé aux femmes présentant des symptômes très évocateurs d’endométriose mais dont les examens d’imagerie (échographie et IRM) sont normaux ou équivoques. Il doit être prescrit par un gynécologue et réalisé en milieu hospitalier, en raison de la complexité technique de l’analyse.
Une position claire dans la stratégie diagnostique
La HAS a positionné l’Endotest comme un outil de troisième intention dans le parcours diagnostique de l’endométriose. Il intervient après l’examen clinique et l’imagerie, en cas d’incertitude diagnostique. Selon le Pr François Golfier, investigateur coordinateur de l’étude Endobest, ce test constitue « une petite révolution » permettant de détecter la maladie « plus tôt et de manière moins invasive ».
L’objectif n’est pas de remplacer les examens standards, mais d’offrir une alternative non chirurgicale à la cœlioscopie lorsque les résultats cliniques et radiologiques ne permettent pas de trancher. Comme l’explique la Dr Aurélie Buffeteau, gynécologue au CHU de Bordeaux : « Ce test permet de raccourcir les délais du diagnostic [...] mais il ne concerne pas toutes les femmes, seulement celles dont le diagnostic peut s’avérer difficile lorsque les examens n’apportent rien de probant. »
📊 Parcours diagnostique de l’endométriose avec Endotest
-
Examen clinique
-
Interrogatoire palpation pelvienne
-
-
Imagerie (échographie, IRM)
-
Lésions visibles ?
→ Oui : diagnostic établi
→ Non/équivoque : passer à l’étape suivante
-
-
Endotest (test salivaire)
-
Positif : prise en charge orientée vers l’endométriose
-
Négatif : recherche d’autres causes possibles
-
-
Cœlioscopie uniquement si nécessaire
-
Confirmée en dernier recours
-
Des perspectives ouvertes pour une généralisation à moyen terme
La HAS a reconnu le caractère innovant de l’Endotest et son potentiel pour améliorer le diagnostic de l’endométriose. Toutefois, elle a estimé que les données actuelles ne suffisent pas à justifier un remboursement généralisé. L’expérimentation en cours permettra de compléter ces données en vie réelle : impact sur les décisions médicales, diminution des recours à la chirurgie, précision diagnostique, acceptabilité pour les patientes.
À l’issue de cette phase, prévue d’ici à 2027, la HAS réévaluera l’intérêt du test. Cette décision sera déterminante pour une éventuelle intégration du test dans le droit commun de remboursement par l’Assurance maladie.
Côté gouvernement, le soutien est manifeste. Catherine Vautrin, ministre de la Santé, s’est rendue sur le site de production de Ziwig dans les Landes, affirmant vouloir « aller aussi vite que possible » pour répondre à la forte demande exprimée par les patientes. Le cabinet de la ministre précise néanmoins que le calendrier et les exigences de la HAS seront scrupuleusement respectés.
Retour sur les annonces faites hier, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’endométriose :
— Catherine Vautrin (@CaVautrin) March 29, 2025
• Sensibilisation renforcée auprès des collégiens et lycéens
• Formation ciblée des professionnels de santé libéraux
• Labellisation de nouveaux centres de chirurgie… pic.twitter.com/ofzFvvWNce
La ministre a exprimé un soutien fort à l'Endotest, qu'elle considère comme une avancée majeure. Lors d'un entretien, elle a déclaré : « Nous travaillons aujourd’hui autour d’un groupe de 2 500 femmes testées qui permettront à la Haute Autorité de santé de mettre en place un remboursement par la Sécurité sociale. On avance aussi vite qu’on peut parce qu’on voit qu’il y a un vrai écho et une vraie demande ». Elle a également salué cette innovation comme une étape clé pour réduire l’errance diagnostique et améliorer la prise en charge des patientes.
Une évolution significative du parcours de soins
L’élargissement de l’accès à l’Endotest pourrait transformer le parcours de soins pour de nombreuses femmes. En réduisant le recours à la chirurgie diagnostique, le test allège les contraintes physiques, psychologiques et financières associées à la cœlioscopie. Il pourrait également permettre une orientation plus rapide vers une prise en charge adaptée, notamment en matière de traitement de la douleur et de préservation de la fertilité.
Enfin, cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large, portée par la Stratégie nationale de lutte contre l’endométriose lancée en 2022. Elle vise à améliorer la reconnaissance de la maladie, à favoriser l’accès à une prise en charge pluridisciplinaire et à soutenir la recherche sur ses causes et traitements.
Descripteur MESH : Femmes , Diagnostic , Santé , Maladie , Recherche , Caractère , Lutte , Échographie , Endométriose , Sécurité sociale , Sécurité , Vie , Entretien , Adoption , Gouvernement , Soins , Face , Santé publique , France , Génétique , Mars , Intention , Orientation , Anesthésie générale , Anesthésie , Préservation de la fertilité , Palpation , Démarche , Analyse génétique , MicroARN , Douleur , Salive