Compléments alimentaires : que peuvent en attendre réellement les consommateurs ?
Les compléments alimentaires représentent un marché ayant dépassé les 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France depuis 2018. Toutes les tranches d’âge de la population française sont d’ailleurs susceptibles de consommer des compléments alimentaires un jour prochain. Multivitamines, vitamines et minéraux isolés, protéines en poudre, produits minceur, suppléments nutritionnels de la nutrition sportive ou nutraceutiques, il en existe aujourd’hui une quantité indénombrable pour un nombre tout aussi grand de domaines d’applications.
Marché en forte expansion, la demande ne cesse de croître d’année en année. Si l’offre en complément alimentaire est de plus en plus grande, les consommateurs français ne sont pas pour autant bien informés sur la consommation de ces produits, à savoir notamment ce qu’ils peuvent réellement en attendre…
Quelle définition donner aux compléments alimentaires ?
Selon la définition de la DGCCRF, il s’agit de denrées alimentaires dont l’objectif est de compléter le régime alimentaire normal tout en constituant une source concentrée de nutriments présentant un effet nutritionnel ou physiologique. Elles seront commercialisées sous différentes formes galéniques (gélules, poudre, capsules, gouttes, ampoules, gels…).
Il s’agirait donc clairement de compléter l’alimentation courante et quotidienne avec un ou plusieurs complément(s) alimentaire(s). Faut-il dès lors comprendre que l’alimentation quotidienne comporte des carences ? C’est envisageable… C’est d’ailleurs en ce sens que Synadiet, le syndicat national des compléments alimentaires, nous amène en affirmant : « Sources de nutriments, certains compléments alimentaires pallient les déficiences alimentaires. Sans se substituer à un régime équilibré, ils répondent aux besoins spécifiques de certaines populations (femmes enceintes, personnes âgées, végétariens…) » (1).
Ajoutons à cette liste les compléments alimentaires de la nutrition sportive, qu’il s’agisse de produits hypo ou hypercaloriques (produits minceur et musculation/fitness). Ce segment du marché s’avère d’ailleurs particulièrement dynamique à ce jour…
Il est impossible d’obtenir une forte concentration de nutriments isolés dans une alimentation standard comme le font les compléments alimentaires
Ajoutons que la définition de la DGCCRF ne tient pas compte des nutriments que l’on ne retrouve pas ou très peu dans l’alimentation générale. En revanche, Synadiet en tient compte et souligne : « En dehors de toute situation pathologique, des inconforts peuvent apparaître chez des personnes en bonne santé (difficulté à s’endormir, inconforts articulaires, digestion difficile, stress…). Dans ces situations, le complément alimentaire apporte une réponse mesurée et efficace contre ces désagréments. » (ibid.) Naturellement, Synadiet souligne le fait que ces inconforts sont à considérer hors de toute situation pathologique étant donné que les compléments alimentaires n’ont pas vocation à guérir, traiter ou prévenir la maladie. Ajoutons-y cependant un bémol, car le syndicat des compléments alimentaires affirme qu’ils peuvent prévenir et maintenir une bonne santé en « agissant sur la diminution des facteurs de risques de maladies (baisse du cholestérol, renforcement de la densité minérale osseuse…) et en maintenant l’équilibre physiologique du corps, de nombreux actifs présents dans les compléments alimentaires permettent de maintenir les consommateurs en bonne santé. » (ibid.) À ce sujet, il ne s’agit pas d’affirmations lancées au hasard étant donné que de nombreuses études cliniques ont démontré le rôle de la vitamine D, de la vitamine K ou du calcium sur la santé osseuse par exemple.
Les trois axes sur lesquels s’appuie Synadiet leur permettent donc d’affirmer que « Le complément alimentaire est l’un des outils permettant aux citoyens et aux professionnels de santé de mettre en place une démarche de maintien d’une bonne santé (…) » (ibid.)
De quels nutriments sont composés les compléments alimentaires ?
En général, les professionnels de santé ont une connaissance assez limitée des compléments alimentaires. Hormis les différentes formes galéniques sous lesquelles ils sont proposés sur le marché, les compléments alimentaires sont principalement composés de plantes, de micronutriments tels que les vitamines, les sels minéraux et les oligoéléments, ainsi que d’autres substances à propriétés nutritionnelles ou physiologiques reconnues comme la mélatonine, la caféine, la glucosamine, le MSM ou la lutéine par exemple… Ainsi, plusieurs décrets déterminent et encadrent les substances autorisées dans les compléments alimentaires (Décret n° 2006-352 du 20 mars 2006 et suivants) sur le plan légal (2). Ainsi, ces substances seront chimiquement définies et possédant des propriétés nutritionnelles et physiologiques (3).
Extraits de plantes, vitamines, minéraux, substances nutritionnelles et probiotiques…
De manière étonnante, il faut savoir que 75 % des compléments alimentaires vendus en France renferment au moins une plante et 40 % d’entre eux ne contiennent que des plantes. En outre, il peut s’agir de plantes en poudre, apportant la totalité ou une partie de la plante seulement, mais aussi d’extraits de plantes obtenus par macération du végétal dans un solvant. Naturellement, ces produits s’avèrent particulièrement spécifiques dans le sens ou des végétaux comme le Ginseng, la Sauge, la Valériane ou l’Ashwagandha ne font pas partie de l’alimentation quotidienne.
En revanche, les compléments alimentaires peuvent contenir les 13 familles de vitamines liposolubles (vitamines A, D, E et K) ainsi que les vitamines hydrosolubles comme les vitamines du groupe B et la vitamine C. Ces derniers participent alors aux besoins nutritionnels quotidiens en micronutriments vitaminiques apportés par le régime alimentaire. Sels minéraux et oligoéléments en font également partie. Dès lors, la directive 2022/46/CE et l’arrêté du 9 mai 2006 déterminent les 13 vitamines et 15 minéraux autorisés dans les compléments alimentaires. Les quantités admises pour chaque vitamine, minéral ou oligoélément ont été déterminées selon plusieurs critères. Il s’agit tout d’abord des DJM ou Doses Journalières Maximales, définissant selon plusieurs tranches d’âge, les teneurs maximales en micronutriments pouvant être apportées aux consommateurs sans risque pour sa santé. Plus connues par les utilisateurs, les VNR, mises pour Valeurs Nutritionnelles de Référence, constituent des recommandations établies selon des normes scientifiques faisant consensus, en termes notamment de besoins nutritionnels moyens et d’apports alimentaires satisfaisants. Enfin, ajoutons que les probiotiques font certainement partie des compléments alimentaires les plus populaires du marché…
Les probiotiques connaissent un succès étonnant parmi les consommateurs de compléments alimentaires
Les probiotiques et levures font partie des compléments alimentaires les plus vendus alors que leur popularité ne cesse de croître. Valeur nutritionnelle et fonctionnelle reconnue par l’OMS, les probiotiques sont considérés par cette organisation comme étant des « micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont consommés en quantités adéquates, ont un effet bénéfique sur la santé de l’hôte ». L’objectif visé par les probiotiques serait principalement de contribuer à l’équilibre du microbiote intestinal.
Encadrés par une réglementation complexe, mais nécessaire en termes de santé publique, les compléments alimentaires connaissent actuellement un succès grandissant. Leurs qualités et leur utilité générale ou spécifique sont aujourd’hui de plus en plus reconnues par les consommateurs, les associations et syndicats. Un encadrement plus complet permet dès lors à chacun de s’assurer qu’il bénéficie d’une information claire et non biaisée sur la composition, les conditions de mise sur le marché et la surveillance post-commercialisation des compléments alimentaires qu’il consomme.
Article écrit par Éric Mallet
1 — https://www.synadiet.org/leur-role/
2 — https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000638341
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex:32002L0046
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/ALL/?uri=CELEX%3A32006R1925
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