Les infections nosocomiales en hausse de près de 15% sous l’effet de la Covid-19
Santé Publique France (SPF) a dévoilé les premiers résultats de son enquête quinquennale, l'enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissements de santé (ENP). L'étude révèle une hausse des indicateurs de référence relatifs aux infections nosocomiales et à l'utilisation des traitements anti-infectieux.
1 patient sur 18 touché par une infection à l’hôpital
Selon l'ENP 2022, un patient sur 18 hospitalisés dans l'un des 1 155 établissements de santé participants, soit une prévalence de 5,71%, a présenté au moins une infection nosocomiale. SPF estime à 4200 le nombre de décès annuel liés à une infection nosocomiale en France. Notamment, la prévalence a augmenté de 14,7% entre 2017 et 2022. La moitié de cette augmentation est due aux infections nosocomiales à SARS-CoV-2. En excluant ces dernières, la prévalence reste relativement stable, passant de 4,98% en 2017 à 5,35% en 2022.
Les résultats révèlent également des variations en fonction de la catégorie d'établissement et du service de santé. Les centres de lutte contre le cancer et les CHR/CHU, ainsi que les services de réanimation et les services de médecine, sont les zones présentant la prévalence la plus élevée. Ces lieux hébergent généralement des patients plus âgés, avec des affections graves ou des conditions immunitaires affaiblies, ce qui peut augmenter le risque de complications infectieuses.
L'enquête révèle une certaine constance dans la distribution des sites d'infections nosocomiales et des micro-organismes pathogènes principaux entre 2017 et 2022. Les quatre sites d'infections les plus courants – les infections urinaires, les pneumonies, les infections du site opératoire et les bactériémies – représentaient 70,7% des sites d'infections documentés, une proportion presque inchangée depuis 2017 (71,5%).
De même, la composition des principaux micro-organismes causant ces infections est restée stable. Escherichia coli, Staphylococcus aureus, Enterococcus faecalis, et Pseudomonas aeruginosa composaient 48,3% des micro-organismes pathogènes, une proportion proche de celle de 2017 (50,2%). Cela souligne la persistance de ces agents pathogènes dans le paysage nosocomial français.
Le nombre de patients sous antibiotique en hausse de 7,5%
L’enquête a également mis en évidence une prévalence croissante des patients sous traitement antibiotique. En 2022, un patient sur six hospitalisé recevait au moins un traitement antibiotique, une augmentation de 7,5% par rapport à 2017. Les services de réanimation présentaient la plus forte utilisation, avec un patient sur deux sous antibiotiques.
Les cinq principaux antibiotiques ou associations d'antibiotiques prescrits en 2022 diffèrent de ceux de 2017 et comprennent l'association amoxicilline-acide clavulanique, la ceftriaxone, l'association pipéracilline-tazobactam, l'amoxicilline et le cotrimoxazole. Ces cinq éléments représentent près de la moitié de toutes les prescriptions antibiotiques en établissements de santé.
Ces résultats invitent à intensifier les efforts de prévention des infections associées aux soins, en mettant l'accent sur les infections les plus courantes, et à renforcer les actions pour promouvoir l'usage rationnel des antibiotiques. Les résultats de l’enquête française seront transmis à l’ECDC, et les premiers résultats européens devraient être disponibles début 2024, offrant une comparaison avec la situation dans d'autres pays de l'Union Européenne.
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