Troubles du sommeil et usage excessif des écrans sont liés selon une étude alarmante de l’ORS
L’Observatoire régional de la santé (ORS) vient de publier une étude qui fait le point sur la prévalence des troubles du sommeil, analyse la consommation de services numériques des jeunes et évalue ses impacts sur la santé. Il en ressort un lien statistique entre usage excessif des écrans et détérioration du sommeil ainsi qu’une forte prévalence des troubles du sommeil particulièrement alarmante chez les jeunes. Si cette étude se veut avant tout francilienne, elle met en lumière une tendance nationale, voire internationale.
La moitié des jeunes franciliens est touchée par des troubles du sommeil
En dépit de la variabilité des définitions et des tranches d’âge des différentes études analysées, les auteurs de l’ORS ont pu établir que plus d’un jeune Français sur deux présente au moins un trouble du sommeil et la prévalence de l’insomnie définie par des critères internationaux se positionne autour des 15 %.
C’est à l’adolescence que la prévalence des troubles du sommeil augmente significativement. En effet, la prévalence de dette de sommeil passe de 16 % à 11 ans à 40 % à 15 ans et celle de dormeurs courts (temps de sommeil inférieur à six heures) se multiplie par dix entre ces deux âges (2,6 % vs 25 %). Plus de la moitié des étudiants expérimentent des difficultés pour dormir. D’une manière générale, la proportion des personnes en restriction de sommeil est bien plus importante chez les jeunes que chez leurs aînés.
Alors que la prévalence des troubles du sommeil semble se stabiliser chez les personnes âgées, celle-ci n’aurait cessé de croître depuis le début des années 2000 chez les jeunes.
Si les causes de l’augmentation de la prévalence des troubles du sommeil chez les jeunes ces dernières années ne peuvent être établies avec certitude, l’existence d’un effet générationnel dans ce changement suggère l’existence d’un lien avec l’avènement du numérique et l’usage des écrans.
Usage excessif des écrans et troubles du sommeil sont liés
« 57 % des jeunes de 17 ans passent au moins quatre heures par jour devant un écran, 39 % au moins six heures ! » Bobette-Matulonga, médecin épidémiologiste à l’ORS pour le JDD
Pour les auteurs, l’utilisation des outils électroniques et surtout des écrans mobiles est associée chez les jeunes à une réduction de la durée totale du sommeil, à un allongement de la durée d’endormissement, à des troubles du rythme circadien et à des sommeils non réparateurs.
Ils mettent par ailleurs en avant un certain nombre de comportements à risque :
– des activités numériques dans l’heure avant le coucher,
– les activités interactives nocturnes, ou en position couchée,
– plus de 2 heures par jour d’écran,
– la présence de smartphone dans la chambre
L’exposition aux smartphones est plus à risque en raison de la possibilité d’usage partout et à tout moment, de sa capacité à interrompre le sommeil par ses notifications, de la difficulté qu’éprouvent les parents à le réguler et de la grande multitude d’activités qu’on peut mener avec ces petits écrans.
L’étude souligne également les risques inhérents aux troubles du sommeil et à une consommation excessive de services numériques comme les troubles de santé mentale, et les maladies chroniques dont l’obésité.
Pour les auteurs, l’amélioration du sommeil des jeunes est un vrai sujet de santé publique que les pouvoirs publics seraient bien inspirés de prendre à bras le corps pour mettre en œuvre un politique de prévention efficace.
« Il est aujourd’hui temps de réagir, d’informer et de protéger les plus fragiles devant ce risque. Car le manque de sommeil n’est pas une fatalité. Il est possible de se déconnecter la nuit pour profiter des bienfaits et du plaisir de dormir. Il est possible d’informer les jeunes adultes sur les effets négatifs du manque de sommeil. Il est possible d’améliorer la qualité de son sommeil par des traitements comportementaux. » Professeur Damien LÉGER
Intitulée « Le Sommeil des jeunes Franciliens à l’ère du numérique », cette étude est une revue bibliographique effectuée sur PubMed et sur des sites français de référence. Ce travail a été complété par des entretiens avec des experts français du domaine.
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