Maladie professionnelle : + 50 % de signalements entre 2016 et 2018 selon SPF
Santé Publique France présente des données inquiétantes sur l'évolution des maladies à caractère professionnel (MCP) entre 2012 et 2018, en soulignant une forte augmentation des troubles musculo-squelettiques (TMS) et de la souffrance psychique.
Des chiffres alarmants et une hausse des signalements
La surveillance des MCP pour la période 2012-2018 révèle une augmentation préoccupante du taux de signalement. Entre 2016 et 2018, ce taux a été multiplié par 1,4 chez les hommes et 1,5 chez les femmes. Les principales MCP signalées sont les TMS et la souffrance psychique, avec une prévalence des TMS en hausse depuis 2015 et une augmentation progressive de la souffrance psychique entre 2007 et 2018. Les femmes sont davantage touchées par ces deux catégories de MCP, et notamment par les facteurs d'exposition de type organisationnels, relationnels et éthiques.
Des profils de risque et des secteurs d'activité spécifiques
Les TMS et la souffrance psychique sont inégalement répartis selon l'activité professionnelle et le genre. Les TMS touchent plus fréquemment les ouvriers que les cadres, avec 80 % des cas attribuables à des facteurs biomécaniques tels que les mouvements répétitifs, les postures et le travail avec force. La souffrance psychique, quant à elle, semble être plus présente chez les cadres, bien que ces résultats soient à prendre avec précaution en raison d'une possible sous-déclaration chez les ouvriers. La souffrance psychique est particulièrement observée chez les femmes de 35 à 44 ans et chez les hommes de 45 à 54 ans.
Un besoin d'amélioration de la prévention et de l'information
L'étude souligne la nécessité d'informer davantage les travailleurs et de renforcer les actions préventives, en particulier chez les travailleurs identifiés comme étant les plus à risque. Environ 75 % des TMS correspondant à un tableau de maladie professionnelle (MP) n'ont pas été déclarés en tant que tels, principalement en raison de la méconnaissance de la procédure par le salarié et d'un bilan diagnostique insuffisant. La souffrance psychique, quant à elle, ne bénéficie pas d'un tableau de MP spécifique.
La surveillance des MCP permet d'identifier les secteurs d'activité et les professions les plus à risque, et de prioriser les actions de prévention. Elle montre également l'intérêt particulier qui doit être porté aux travailleurs vieillissants et la nécessité d'adapter le travail avec l'avancée en âge.
Le caractère multifactoriel des TMS, incluant des déterminants individuels et professionnels, est reconnu. Les facteurs organisationnels, relationnels et éthiques jouent également un rôle dans la survenue ou l'aggravation de ces troubles. L'étude de ces facteurs est essentielle pour déterminer les risques affectant la santé mentale et physique des travailleurs et protéger les salariés.
Les auteurs soulignent :
- Que la démarche de prévention doit être globale, avec une composante psychosociale, seule exposition commune à tous les métiers, catégories socioprofessionnelles et secteurs d'activité.
- L’importance de la prévention en entreprise afin d'améliorer la qualité des relations au travail, de réduire les contraintes de temps ne laissant que peu de marge de manoeuvre aux travailleurs et d'interroger les organisations du travail pour les faire évoluer et éviter les charges accrues.
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