10 000 médecins ont défilé à Paris pour refuser une médecine à deux vitesses
Les syndicats médicaux libéraux et hospitaliers, les internes, le CNGE, l’Ordre des médecins et le collectif Médecins Pour Demain à l'origine de cette manifestation ont défilé ensemble dans les rues de Paris dans une union historique pour défendre le système de santé français et exprimer leur colère contre l’Assurance maladie et le gouvernement.
Les manifestants ont réclamé de meilleurs tarifs de consultation et ont appelé au blocage de la PPL RIST qui facilite l’accès direct des patients aux infirmiers, kinésithérapeutes et orthophonistes. Les syndicats de médecins accusent le texte de mettre en danger la santé des patients en contournant la fonction de coordination du médecin traitant.
Le cortège, composé de 4 500 à plus de 10 000 participants selon les sources, a été précédé d’une dizaine de véhicules de SOS Médecins, également en grève pour l’occasion, et emmené par les dirigeants syndicaux derrière une banderole « Tous unis face au mépris ». Partis du ministère de la Santé en début d’après-midi, les manifestants ont rejoint le Panthéon, non loin du Sénat, où la PPL RIST devait être examinée en fin de journée.
Les syndicats de médecins estiment que cette réforme va mettre en danger la santé de la population en contournant la fonction de coordination du médecin traitant, tandis que le gouvernement la défend en affirmant qu’elle vise à donner plus de temps de soin aux médecins et à faciliter l’accès aux soins. Les infirmiers, les maires de France et les associations de patients sont également favorables à cette réforme.
« La loi Rist Bergé, au prétexte de “lever les freins”, se propose de déréguler l’accès aux soins, ouvrant la voie d’une redoutable et néfaste médecine à deux vitesses… Les syndicats signataires refusent que soit ainsi mis en péril l’accès de nos concitoyens à un système de santé qui doit rester solidaire et équitable, respectueux de la médecine libérale. » expliquent les syndicats dans un communiqué commun.
Les médecins demandent une revalorisation de leurs tarifs et ont réagi avec colère à la proposition de l’Assurance maladie d’une hausse de seulement 1,50 euro du prix de la consultation de base. Les syndicats demandent un tarif de 30 euros minimum par consultation, mais sans contrepartie, ou 50 euros pour l’UFMLS, la FHF et Médecins pour demain, mais sans les rémunérations forfaitaires comme la ROSP.
Le directeur de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme, a déclaré qu’il était prêt à aller plus loin dans les revalorisations, mais dans une logique de donnant-donnant, avec des contreparties pour que les médecins s’engagent à prendre davantage de patients, faire des gardes et assurer des soins non programmés. Il a fait valoir que la hausse de 1,5 € représentait une hausse moyenne des honoraires de 7 000 € par médecin par an, ce qui sans être faux représente une vision partielle, voire partiale ou même trompeuse de la proposition de la CNAM.
Car en l’état l’application stricte de la nouvelle convention et de la loi RIST pourrait bien mettre en péril le modèle économique des médecins libéraux qui ne voudraient pas adhérer au contrat d’engagement territorial. Ceux-ci seraient en effet privés de certaines majorations et du transfert « des consultations simples » vers les IPA, ce qui pourrait se traduire par des pertes d’honoraires bien supérieures à 7 000 €.
De nombreux médecins envisagent logiquement un déconventionnement pur et simple ou un arrêt de l’exercice libéral de la médecine pour échapper à ce carcan conventionnel. Ce qui, in fine, pourrait bien correspondre aux objectifs non avoués des autorités de tutelle.
Crédit Photo : Médecins pour Demain
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SEFORAH LAURENCE BENHAMOU| 21/02/2023-