Applaudis au printemps, contraints à l’automne, les internes refusent le conventionnement sélectif
En cette période difficile, mobilisés depuis le début de la crise, nous constatons avec amertume la résurgence de propositions maintes fois discutées s’appuyant sur une logique maintes fois réfutée. Conventionnement sélectif comme mesures coercitives ne sont pas une solution miracle aux problèmes actuels de démographie médicale !
À ce titre, nous, internes de médecine générale, étudiants en médecine et jeunes médecins généralistes, devons donc une fois de plus rappeler notre engagement.
Selon certains, les étudiants en médecine et jeunes médecins seraient redevables à l’État. Il faut néanmoins rappeler que nous sommes un élément essentiel, indispensable au fonctionnement du système de santé. Nous permettons à l’État de réaliser pendant toutes nos années d’études des économies substantielles. De plus, nos conditions de travail actuelles sont inacceptables [1] avec des dépassements perpétuels du temps de travail, bien au-delà des normes européennes [2], impactant la santé mentale des étudiants et jeunes médecins [3].
Notre engagement permanent auprès des patients pour maintenir un système de santé performant ne serait donc pas suffisant ? Cette interprétation erronée témoigne encore une fois d’un manque flagrant de (re) connaissance d’un travail incessant assuré dans des conditions précaires. Les étudiants et jeunes médecins généralistes ne se tairont pas alors qu’ils participent tous les jours à améliorer le système. Il est temps que les réflexions évoluent, que la réalité de nos études et de notre pratique médicale au quotidien soit reconnue et qu’un vrai dialogue se mette en place. Nous n’accepterons pas de payer le prix des politiques restrictives antérieures.
« Cette moindre accessibilité s’explique principalement par la baisse du temps médical disponible, du fait de la diminution globale du nombre de médecins en activité sous l’effet de nombreux départs à la retraite, que les nouvelles installations ne compensent pas quantitativement, en raison de l’effet prolongé des numerus clausus appliqués au cours de ces dernières décennies. » DREES 2018[4]
Au-delà de notre exercice habituel, nous avons prouvé depuis bien des années [5] notre attachement aux territoires, et notre volonté d’améliorer leur attractivité pour les professionnels de santé, afin de faciliter l’accès aux soins. Nous avons apporté des propositions concrètes pour les aménager. La résolution du problème de la démographie médicale ne pourra pas passer par des mesures simples, directes et démagogiques.
« L’accessibilité aux médecins généralistes s’inscrit ainsi dans une problématique plus globale d’aménagement du territoire. » DREES 2018
Orientation, découverte des territoires lors des études, aides incitatives, nouveaux modes d’exercice, recherche, etc. Ce n’est que par une pluralité de mesures, s’articulant ensemble, que nous avancerons pour garantir un meilleur accès aux soins à la population. Certaines propositions ont d’ailleurs été retenues dans les conclusions du Ségur de la Santé [6] comme les Hébergements Territoriaux des Etudiants en Santé (internats ruraux) à destination de l’ensemble des futurs soignants. Il s’agit d’un premier pas qui permettra de favoriser la découverte des territoires isolés. Pour autant cette avancée, loin d’être suffisante, doit être poursuivie.
Les solutions que nous portons nécessitent une volonté forte, tant des acteurs locaux que nationaux, pour enfin être mises en place dans les territoires. Celles-ci sont résumées dans le guide « Élus, jeunes & futurs médecins à la conquête de l’accès aux soins ! »[7], rédigé par les représentants des étudiants en médecine, internes et jeunes médecins généralistes.
Ce n’est qu’à travers une action politique intelligente et courageuse, à l’écoute des futurs acteurs du système de santé que nous améliorerons la situation, pour nous, pour vous, pour tous.
[1] Enquête précarité — ANEMF octobre 2019
[2] Enquête conditions de travail des internes — ISNAR-IMG Février 2019
[3] Enquête santé mentales Jeunes Médecins — 2017
[5] Démographie Médicale — ISNAR-IMG 2008
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