Les indemnités de gardes des internes enfin revalorisées à hauteur de 25 %
Fruit d’une mobilisation sociale sans précédent en décembre 2019 et d’une implication sans failles dans la lutte contre l’épidémie de la Covid-19, les internes verront à compter du 1er novembre 2020 leurs indemnités de garde augmentées d’environ 25 %. C’est bien le minimum que pouvait faire le gouvernement pour répondre à la dégradation continue de leurs conditions de travail et de leur santé mentale.
C’est le 16 juillet dernier qu’un accord a été trouvé entre les principales organisations représentatives des internes en santé (ISNI et ISNAR-IMG) et le gouvernement pour revaloriser les émoluments des internes et mieux structurer la formation pendant les stages.
Ainsi à compter du 1er novembre lorsqu’ils font des gardes durant la semaine, les internes percevront une indemnité forfaitaire de 149 € brut contre 119 € avant et 163 € brut pour les gardes du week-end alors qu’il ne percevait que 130 € auparavant.
Au-delà des gardes, la rémunération de base des internes et docteurs juniors en médecine, pharmacie et odontologie a également été revalorisée à compter du 1er novembre 2020 à hauteur de 5 à 10 %. Le barème de leur rémunération est désormais le suivant.
• 18 473 euros pour un interne en 1re année ( 1769 euros/an soit 147 euros/mois) ;
• 20 450 euros pour un interne en 2e année ( 1957 euros/an soit 163 euros/mois) ;
• 27 042 euros pour un interne en 3e année ( 1389 euros/an soit 116 euros/mois) ;
• 27 063 euros pour un interne en 4e année ( 1410 euros/an soit 117 euros/mois) ;
• 27 080 euros pour un interne en 5e année ( 1427 euros/an soit 119 euros/mois).
Enfin, l’indemnité forfaitaire d’hébergement, allouée aux étudiants effectuant un stage en zone sous-dense, est revalorisée de 200 à 300 euros brut mensuels, et ses conditions d’octroi sont assouplies pour permettre son versement sans condition d’éloignement kilométrique du CHU ou du domicile.
Au total cet accord représente un budget annuel de l’ordre de 126 millions d’euros
Le calendrier de la mise en œuvre du volet non financier de cet accord sera défini par un comité ad hoc à compter de la fin du mois de novembre
« Tout professionnel de santé connaît le rôle clé que jouent les internes dans notre système de santé. Ils en sont un maillon capital, et la reconnaissance que nous leur devons doit être à la hauteur. C’était l’une des questions que nous avons abordées avec leurs représentants lors du Ségur de la santé. L’accord auquel nous avons abouti porte une revalorisation historique de leur rémunération et une amélioration de leurs conditions de travail sans précédent. Notre exigence, en lien avec les organisations étudiantes, a toujours été que ces mesures soient mises en œuvre rapidement et nous sommes aujourd’hui au rendez-vous. » a déclaré Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé.
La santé mentale des internes est d’autant plus mauvaise que leurs conditions de travail se dégradent
Si cet accord est incontestablement un pas dans la bonne direction, pour Léonard Corti, porte-parole de l’ISNI, il demeure insuffisant. Dans une déclaration publiée sur twitter, il rappelle que rapportée à la moyenne de 58 heures de travail hebdomadaires, la rémunération des internes en 1re année demeure sous le niveau du SMIC. Il réclame un minimum de 300 euros supplémentaires.
[Thread #FactCheck - @ISNItwit @olivierveran]
— Léonard Corti (@LeonardCorti) October 31, 2020
+ 25% d’indemnité de garde = SMIC horaire pour du travail de nuit de 18h à 9h du matin entre Bac + 7 et bac + 12... #normal [1/5] https://t.co/9PWnZqDgyq
L’ISNI a mis en ligne au printemps dernier une enquête édifiante sur le temps de travail des internes en médecine. Si les internes dépassent systématiquement le temps de travail hebdomadaire réglementaire de 48 h par semaine ils sont 30 % à ne pas pouvoir prendre leur repos de sécurité après une garde en raison des pressions de leur employeur.
Au-delà des aspects financiers, c’est la santé mentale des futurs médecins qui en jeu avec plus de 58 heures de travail hebdomadaires à l’hôpital (75 h pour certaines spécialités) et sans compter le travail réalisé à leur domicile ou à la faculté pour leurs présentations.
Dans une étude publiée en 2017 par l’ANMEF la prévalence du syndrome dépressif est estimée à 27,7 % et des idées suicidaires à 23,7 % chez les étudiants en médecine. Et pour améliorer la santé mentale des carabins, la fondation Jean Jaurès propose un train de mesures au premier rang duquel on trouve l’amélioration de leur rémunération pour les sortir de la précarité, la réduction de leur temps de travail et la lutte contre le harcèlement.
« Les quelque 60 000 étudiants en médecine des hôpitaux français constituent, comme en témoigne leur mobilisation exemplaire face à la crise du Covid-19, un rouage indispensable de notre système de santé. Mais leurs conditions de travail sont difficiles et se dégradent. L’inquiétante prévalence d’épisodes dépressifs et la multiplication des cas de suicides parmi les futurs médecins français doivent alerter les pouvoirs publics. » Fondation Jean Jaurès
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