Dépistage du cancer du col de l’utérus : le prochain scandale sanitaire ?
La HAS a actualisé en juillet dernier ses recommandations de 2010 sur le dépistage du cancer du col de l’utérus et installe le test HPV en première intention chez les femmes de plus de 30 ans à la place du frottis cervico utérin. 5 mois après ces recommandations, force est de constater que le plan de dépistage français débuté en mai 2018 repose toujours sur le frottis. Le collectif « HPV Maintenant » s’en insurge et met la pression sur le gouvernement en rappelant les enjeux sanitaires d’une telle mesure : sauver 300 vies par an.
Cancer du col de l’utérus : 3000 nouveaux cas et plus de 1000 décès par an.
60 %. C’est le taux de dépistage du cancer du col de l’utérus en France estimé par La HAS et qu’elle juge insuffisant. Pour l’améliorer, elle a publié en juillet dernier une actualisation de ses recommandations qui positionne le test HPV en première intention chez les femmes de plus de 30 ans avec un frottis en complément.
Des tests imparfaits
Si l’examen cytologique s’intéresse à la morphologie des cellules, le test HPV cherche la présence d’ADN du virus HPV à haut risque chez les patientes.
En 2017, la revue cochrane a évalué les études comparants les deux tests. Elle a pu établir que si le test HPV améliore bien le taux de dépistage (4 faux négatifs sur 20 cas qui auraient dû être dépistés, contre 8 faux négatifs sur 20 pour le frottis cervico-utérin), il induit également bien plus de faux positifs (101 vs 29 sur une base de 980 cas négatifs)
En 2018, l’étude Focal est publiée dans le JAMA. Il s’agit d’une étude randomisée portant sur 19 000 femmes canadiennes âgées de 25 à 65 ans suivis par un test HPV ou un frottis. Elle permet d’établir que le test HPV était 2,4 fois plus efficace que le frottis pour détecter des lésions précancéreuses. En d’autres termes pour chaque million de femmes suivies par un frottis c’est 3200 cas qui ne sont pas diagnostiqués.
Face à ces constats, le collectif HPV Maintenant ! qui regroupe médecins, biologistes, témoins et patientes se mobilisent pour convaincre la ministre de la santé d’inscrire dès maintenant le test HPV en dépistage primaire dans le cadre du dépistage national du cancer du col de l’utérus.
La faillite du système de santé irlandais
Il vient de publier un communiqué dans lequel il met lumière l’exemple irlandais. Pour une population de moins de 5 millions d’habitants, au moins 221 Irlandaises identifiées sont mortes ou sont en train de mourir d’un cancer du col de l’utérus alors que leur dépistage était faussement négatif.
« Ce qui est arrivé à tant de femmes et tant de familles n’aurait pas dû arriver. Alors que chaque cas ne relevait pas de négligence, chaque cas a été une occasion perdue pour un diagnostic et un traitement précoce ». Le 22 octobre 2019, Léo Varadkar, Premier ministre irlandais, a présenté les excuses de l’État à ses concitoyens meurtris par le scandale du cancer du col de l’utérus (CCU).
« En tant qu’État, nous avons pour but de faire du cancer du col une maladie rare en Irlande. […] Aussi, nous allons basculer vers le dépistage primaire par test HPV […]. Nous allons également étendre la vaccination anti HPV aux garçons. » Le Premier ministre irlandais pointe la « litanie d’erreurs » ponctuant « la faillite de notre système de santé, de l’État, de ses agences, de son organisation, de sa culture » conduisant à « l’humiliation, l’irrespect et la tromperie » des femmes de ce pays. « Mais ceci n’est pas une affaire d’argent. Il s’agit d’une question de responsabilité ». « Des excuses d’État ne répareront pas tout ce qui a été cassé, ne restaurera pas tout ce qui a été perdu, mais nous pouvons faire en sorte que cela serve de leçon ».
La course contre la montre est engagée.
Pour le collectif HPV Maintenant, désormais, en France comme en Irlande, chaque jour compte et l’arrêté du 5 mai 2018 doit être modifié de toute urgence et le plan de dépistage français doit basculer sur l’HPV en dépistage primaire.
« Il est temps que Mme la Ministre de la Santé, cancérologue, ancienne directrice de l’INCA et ancienne présidente du collège de la HAS, modifie d’urgence l’arrêté du 4 mai 2018 relatif à l’organisation du dépistage organisé du col de l’utérus afin de le rendre conforme aux recommandations de la HAS. Pour ce faire, il faudra assurer le déploiement du test HPV sur le territoire national, mettre en place des actions de communication auprès de la population cible et des professionnels de santé et que les négociations sur le prix du test HPV, soient engagées sans attendre par les acteurs concernés (INCA, CNAM…) »
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