Le régime universel de retraite menace la démographie des auxiliaires médicaux libéraux
Une étude chiffrée sur l’impact de la mise en place d’un régime universel de retraite sur les revenus et la démographie des praticiens de santé libéraux a été présenté le 1er octobre dernier lors du colloque des 70 ans de la Carpimko[1].
Les auxiliaires médicaux libéraux perdraient, selon les professions, entre 6 et 10 % de leurs revenus [2]. Telle est la principale conclusion d’une étude menée par le cabinet Asteres, et publiée ce jour, afin de mesurer l’impact économique de la réforme des retraites sur les praticiens de santé que sont les infirmiers, pédicures-podologues, orthophonistes, masseurs-kinésithérapeutes et orthoptistes exerçant en cabinet libéral.
Cette étude se fonde sur les préconisations de Jean-Paul DELEVOYE, Haut-Commissaire aux retraites, présentées le 18 juillet dernier dans le cadre de la mise en place d’un régime universel de retraite appliqué aux professions libérales.
Les résultats sont présentés à l’occasion du colloque des 70 ans de la Carpimko, mardi 1er octobre à la Maison de la Chimie. Ceux-ci seront notamment débattus avec le Haut-Commissaire Jean-Paul DELEVOYE, et le député Laurent PIETRASZEWSKI.
La convergence des 42 régimes existants avec un taux de cotisation unique de 28,12 % jusqu’à un revenu annuel équivalent à un PASS [3] (plafond annuel de la sécurité sociale) aura pour conséquence de réduire le revenu annuel de l’ensemble des affiliés de la Carpimko de 6 %, au titre de leur bénéfice non commercial (BNC) — un PASS correspondant à 97 % du revenu moyen des praticiens de santé libéraux. En effet, en comparaison avec les autres professions libérales, notamment dans le secteur de la santé, les praticiens de santé libéraux ont un faible niveau de rémunération, qui plus est contraint par des honoraires encadrés. Les praticiens de santé libéraux seront d’autant plus pénalisés par rapport aux autres professions libérales puisque pour les indépendants, le Haut-Commissariat aux retraites propose de réduire le prélèvement de 15 points de pourcentage au-delà de ce plafond.
Cette perte de revenus engendrée par une hausse des cotisations se traduirait par une perte de 9 755 équivalents temps plein (ETP), soit 4 % du total des affiliés à la Carpimko. Les infirmiers et les orthophonistes seraient les professions les plus sévèrement atteintes avec une perte de 5 % en ETP.
Alors que les besoins en soins sont croissants (vieillissement de la population, virage ambulatoire), ces effets démographiques non négligeables rendront d’autant plus difficile la prise en charge de qualité des patients, sur l’ensemble du territoire français.
« Cette étude démontre le risque pour la viabilité des cabinets et pour l’attractivité des cinq professions concernées » déclare Marie-Anne FRANÇOIS, présidente de la Carpimko.
Les infirmiers perdront à minima 7,0% de leurs revenus
Les infirmiers libéraux sont la profession qui devrait perdre le plus, avec un manque à gagner moyen de 10,6% hors abattement de CSG.
Les masseurs-kinésithérapeutes perdront à minima 5,9% de leurs revenus
- 2512 € et -5% de perte de revenus pour les orthophonistes
-4,5 % de perte de revenus pour les orthoptistes libéraux
-4,7 % pour les pédicures-podologues
Les pédicures-podologues libéraux accuseraient une perte de revenu professionnel de 8,4% avec la mise en place de la réforme des retraites, hors abattement de CSG. Cela représente 2 190 € pour une année. L’abattement de CSG permettrait de limiter la perte à 1 222 €, soit 4,7%.
*Fondé en 1949, la Carpimko, Caisse autonome de retraite et de prévoyance des infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, orthophonistes et orthoptistes, est chargée de la gestion et de la mise en œuvre de la retraite des 300 000 auxiliaires médicaux exerçant en libéral sur le territoire français.
Descripteur MESH : Retraite , Démographie , Santé , Revenu , Professions , Infirmiers , Kinésithérapeutes , Sécurité , Risque , Sécurité sociale , Rémunération , Population , Patients , Soins , Chimie , Vieillissement , Temps