INSERM 2001 : de la biologie à la santé publique

Les participants à cette conférence de presse étaient :

Conférence de presse Paris le 10 octobre 2000

Les participants à cette conférence de presse étaient :

le Professeur Griscelli, Directeur général de l'Inserm ,

le Pr Yves Agid, Directeur de l'Unité 289,

le Pr Gérard Bréart, Directeur de l'Unité 149, Judith Melki ,Directrice de l'EPI 9913,

le Pr Brenard Roques, Directeur de l'Unité 266

Le gouvernement vient d'allouer une augmentation de crédits de fonctionnement exceptionnel à l'Inserm de plus de 16% (hors salaires) pour l'année à venir.

Une telle hausse qui ne s'était pas vue depuis 1983, témoigne bien du fait que les sciences du vivant sont perçues comme une priorité actuelle et que la recherche ne se résume pas à la recherche fondamentale. Une centaine de nouveaux postes vont donc être ouverts au Concours pour les chercheurs et 35 pour les ingénieurs de haut niveau.

Six grandes priorités vont bénéficier de ce nouveau budget, par le biais d'intercomissions, de nouveaux postes et de nouvelles structures :

- besoins de la population et organisation du système de santé et de soins

- santé mentale et pathologies psychiatriques, trop longtemps délaissées

- modèles expérimentaux naturels ou transgéniques, technologies émergentes en physiologie et physiopathologie

- innovations médicamenteuses et stratégies thérapeutiques

- thérapies cellulaires et géniques, transplantations et vaccinologie

- recherche chirurgicale autre oubliée, malgré les grand intérêt des biomatériaux, de la biomécanique, de l'imagerie interventionnelle, de la chirurgie microinvasive ou robotisée. Des postes d'accueil pour les médecins juniors sont prévus, mais aussi pour les ingénieurs. Le but étant de faire ensemble pour que le résultat soit meilleur

A ces grands axes, il convient de rajouter des champs ponctuels comme la modélisation de la nutrition, la reproduction humaine ou encore le prion où la gravité des enjeux scientifiques vont amener à des collaborations avec d'autres laboratoires.

Judith Melki dirige les recherches sur le gène responsable de l'amyotrophie spinale, son diagnostic, le conseil génétique à prévoir, savoir qu 'est ce qui d'une mutation conduit à la maladie, ou encore comment le fait de coder pour une protéine nouvelle peut entraîner la perte de fonctionnement d'un tissu .Il lui revient d'identifier les molécules partenaires des processus biochimiques pathologiques, ce seront les cibles thérapeutiques, mais il lui faut aussi cibler la mutation dans un tissu…neurone, muscle et définir la faisabilité des thérapeutiques, leur réversibilité. Cette dernière est basée sur la transgénèse inductible, verrouillant et déverrouillant le gène, elle permettra les premiers essais thérapeutiques. En élucidant la physiopathologie, on deviendra capable d'élaborer des thérapeutiques adaptées à la mutation d'un gène et donc à des maladies. Ces travaux se font en étroite collaboration avec l'Association des Myopathes (AFM), un premier appel d'offre vient d'être lancé sur les réseaux français et européens.

Pour Bernard Roques, il apparaît indispensable de poursuivre le travail en partenariat avec les chimistes du CNRS, ce d'autant que l'Inserm travaille sur les grandes pathologies, le fonctionnement des êtres vivants et dispose d'une considérable avance dans ce domaine. Les cibles thérapeutiques potentielles sont souvent découvertes (y compris en 3D) et stockées dans des ciblothèques, mais leur utilisation reste limitée par l'absence de chimiothèques, librairies de molécules ,avec lesquelles l'association s'impose.

Dans le domaine des toxicomanies, l'unité a travaillé sur l'axe dopaminergique et ses récepteurs D3. Il a en effet été démontré que dans cette maladie chronique et récidivante, les substitutions ont un rôle majeur à jouer et que les molécules capables de diminuer la sensation de plaisir dopaminergique sont encore insuffisamment exploitées. La voie des opioïdes internes, optimisable par un processus enzymatique paraît encourageante et vraisemblablement , c'est aussi la place future des thérapeutiques génomiques.

La création de 10 nouveaux centres d'essais cliniques cette année et de trois autres l'an prochain, amènera à l'Inserm 80 lits dédiés aux essais cliniques, soit une place mondiale satisfaisante (250 lits aux USA). La mise en réseau de données sera garante d'une réelle efficacité.

Pour Yves Agid, ces CIC vont favoriser le dialogue entre les chercheurs et les cliniciens, ce qui permettra un appréciable gain de temps pour la mise au point des nouvelles molécules. Ces centres seront exclusivement dédiés à l'homme, les lits seront accessibles aux médecins mais aussi aux chercheurs, sous couvert d'une méthodologie rigoureuse et d'une sécurité extrême, les recherches s'y veulent polyvalentes avec un seul objectif, l'application la plus immédiate possible des découvertes. Ces essais cliniques concerneront des phase II d'où l'importance bien réelle des notions de compétitivité et rapidité, les recherches physiopathologiques y restent très proches de celles des laboratoires de sciences fondamentales. Deux exemples pour illustrer :la neurologie expérimentale a mis en évidence une mutation, sur le 6, d'un gène codant pour la parkine et responsable d'une des formes de Parkinson. Le CIC a concentré les familles et a monté un projet européen, leader dans le domaine, en partenariat avec Aventis et s'intégrant dans le programme post génome. Dans les travaux sur la maladie de Gilles de la Tourette , un protocole sur 5 mois vient d'être élaboré pour identifier les cibles potentielles, à partie d'implants d'électrodes reliées à un pace maker Ces CIC s'annoncent comme le fer de lance de la recherche clinique en France et c'est la raison pour laquelle il a été décidé de créer des CIC de thérapie génique et cellulaire, deux d'ici 3 ans ( Necker et un centre régional à définir). Des chiffres aident à situer l'avancée des choses : l'Inserm pilote 500 essais cliniques dont 270 dans des CIC, 20% d'entre eux sont initiés par l'Inserm, 50% d'entre eux sont des essais en physiopathologie,42% à visée thérapeutique et 8% en épidémiologie clinique.

Pour Gérard Bréart, l'Inserm doit se préoccuper de l'évaluation des besoins de populations, surtout dans le contexte actuel d'inégalités sociales et de précarité en matière de santé publique. Le gros du travail repose sur les cohortes et les données informatisées (80 cohortes à l'Inserm). Pour exemple, la cohorte EPIDOS sur l'ostéoporose à partir de 7500 femmes sur 4 ans dans 5 centres vient de mettre en évidence que la perte osseuse se poursuit jusqu'à un age très avancé et ce par augmentation de la résorption osseuse, les facteurs intrinsèques apparaissent avoir autant d'importance que les osseux et les ultra sons en cheville s'annoncent comme un bon moyen de dépistage. A partir des banques de données, cliniques et biologiques des cohortes, on pourra vérifier les potentielles actions thérapeutiques. Justifié par l'augmentation sensible de la grande prématurité, le programme EPIPAGE s'adressera aux petits ages gestationnels. Dans 50% des cas, l'origine en est une décision médicale, dans 20% c'est une grossesse multiple, les habitudes médicales françaises en la matière étant très différentes des autres pays européens, on manque de données sur le suivi médical à long terme, notamment les facteurs susceptibles d'influencer la survenue de handicap, le rôle de l'environnement médical , familial et social, du fait d'une absence de prise en charge optimale.

La future mise en réseau des CIC permettra à toutes les équipes Inserm de disposer de réseaux patients, de banques cellulaires, de banques d'ADN, de banques de tissus, et c'est là l'innovation structurante la plus moderne, d'où le soutien aux cohortes et collections chez l'homme à fins de recherche, qui démarque largement l'Inserm du monde industriel qui ne dispose pas de ce type de renseignement. Les laboratoires pharmaceutiques participent donc au financement de ce système, sous forme d'un partenariat, avec des budgets souvent supérieurs à 10 millions de francs.

Par ailleurs, l'Inserm va s'adapter aux démarches d'innovation dans le cadre légal, avec pour objectif de reconnaître réellement l'innovation technologique de ses laboratoires, les équipes de l'innovation et de la recherche. Grâce à sa filiale Inserm Transfert, 16 créations d'entreprise ont vu le jour sur une dizaine d'équipe au travail. C'est Inserm Transfert qui a en charge de détecter au sein des équipes, les projets scientifiques porteurs et de leur apporter son soutien dans la validation, l'incubation, le montage du projet avec un e équipe polyvalente de scientifiques ,de juridiques, de financiers et de spécialistes du marketing. D'autre part, l'Inserm, comme le CNRS ou l'Inra participe au financement de BIOAM, le premier fonds d'amorçage dédié aux sciences du vivant et soutenu par les pouvoirs publics.

Par ailleurs, toute la science du vivant générant des problèmes d'éthique, l'Inserm a décidé de fondre son propre Comité d'éthique, présidé par Michel Pardeau (Inserm 523-Institut de Myologie-Paris). Ce comité est complémentaire du Comité national, il est composé de 15 membres, issus du comité scientifique Inserm et son origine répond aussi à une volonté des pouvoirs publics. Son but est d'amener à une réflexion éthique sur les activités de recherche de l'Inserm, d'assurer une veille anticipatoire d'éthique, d'éclairer sur les conséquences éthiques de la recherche en terme économique, social et juridique, de participer au réseau éthique national et de favoriser la formation à l'éthique de scientifiques travaillant à l'Institut

Il faut enfin savoir qu'en dehors des crédits budgétisés par l'Etat, l'Inserm dispose d'un autofinancement d'environ 110 millions de francs, de par les contrats recherche et développement. Les transferts de technologies (brevets) rapportent 47 millions dont 28 sont redistribues vers l'Université, l'Hôpital et certaines universités étrangères.

Jusque là, la recherche fondamentale a été bien financée et c'est sans doute la raison pour laquelle elle restera forte, l'application rapide de ses résultats revêtant une dimension éthique fondamentale.

Le but de l'Inserm est de faire travailler ensemble les chercheurs quelles que soient leurs origines, Hôpital, Université, CNRS, Inra ou autre, car il importe avant tout de défendre la recherche biologique et l'ensemble de la santé en France .

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