Candidémie à Candida dubliniensis : les quatre premiers cas survenus aux USA
Des chercheurs et épidémiologistes des Centers for Disease Control and Prevention (CDC, Atlanta, Georgia, USA) rapportent les quatre premiers cas nord-américains de levurémie à C. dubliniensis, dont le premier isolement de cet organisme dans le sang d’une personne infectée par le VIH.
Ce travail est le résultat d’une collaboration entre le groupe de Mary Brandt (Mycotic Diseases Branch, Centers for Disease Control and Prevention) et de trois autres équipes, à savoir : la Johns Hopkins University School of Hygiene and Public Health, Baltimore (Maryland, USA), l’University of Pittsburgh Graduate School of Public Health (Pittsburgh, Pennsylvania, USA) et la Yale University School of Medicine (New Haven, Connecticut, USA).
Tous les isolats étaient sensibles in vitro à médicaments antifongiques couramment utilisés. Ce rapport, publié par les CDC d’Atlanta, montre que C. dubliniensis, peut être responsable d’une infection sanguine.
C. dubliniensis, une espèce proche de C. albicans a été impliqué dans des cas de candidose orale chez personnes infectées par le VIH, mais a également été retrouvée chez des personnes non infectées par le virus du sida atteintes de candidose buccale et vaginale.
La plupart des isolats sont sensibles à l’amphotericine B et aux azoles, mais une résistance a été décrite chez des patients VIH+ atteints de candidose bucale au fluconazole.
Trois cas de candidémie à C. dubliniensis ont déjà été rapportés en Europe, tous chez des receveurs VIH- de moelle osseuse.
Aujourd’hui, Mary Brandt et ses collègues rapportent la première isolation de C. dubliniensis à partir du sang de 4 patients résidant aux Etats-Unis. Ces 4 patients avaient de nombreuses pathologies sous-jacentes et au moins un symptôme de septicémie (fièvre, hypotension, ou défaillance de plusieurs organes) au moment où les échantillons sanguins prélevés ont été mis en culture, précisent les auteurs
Ces cultures ont été réalisées entre octobre 1998 et janvier 1999 dans le cadre d’une surveillance pour candidémie des résidants du Connecticut et du conté de Baltimore, soit sur une population de 4,8 millions d’habitants. Les 4 patients, dont trois noirs, chez lesquels C. dubliniensis a été isolé avaient respectivement 74, 30, 39 et 37 ans.
Deux des 4 patients avaient une maladie hépatique au stade terminal, ce qui représente un facteur de risque connu pour les infections sanguines par des organismes qui appartiennent à la flore gastrointestinale normale. « Ceci suggère fortement que le tractus gastrointestinal ait été la source de C. dubliniensis chez ces patients », soulignent les auteurs.
L’identification de C. dubliniensis a été confirmée par une technique sophistiquée [polymerase chain reaction (PCR)-enzyme immunoassay (EIA)], spécifique de cette espèce de candida car basée sur le groupe intron 1 de la grande sous-unité ribosomale.
Les CMI de l’amphotericine B étaient comprises entre 0.25 (1 patient) à 0.5 µg/ml (3 patients); les CMI de l’itraconazole étaient de moins 0.015 (2 patients) à 0.03 µg/ml (2 patients). Quant aux CMI du fluconazole et de la flucytosine, elles étaient inférieures à 0.125 µg/ml pour tous les isolats.
« La démonstration que C. dubliniensis a le potentiel de causer une infection sanguine est essentielle dans notre compréhension de son importance clinique et de son potentiel pathogène », font remarquer les auteurs qui concluent qu’au fur et à mesure que notre connaissance et des tests diagnostiques sur cette levure pathogène émergeante augmenteront, la prévention et un meilleur traitement deviendront possibles.
Source : Press Release from the CDC (Atlanta, Georgia, USA).
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