Tentative d'assassinat contre Donald Trump : quelles conséquences sur sa santé mentale ?
Le 13 juillet 2024, Donald Trump, ancien président des États-Unis et candidat présumé du Parti républicain pour l'élection présidentielle de 2024, a survécu à une tentative d'assassinat lors d'un rassemblement de campagne près de Butler, en Pennsylvanie. Thomas Matthew Crooks, un homme de 20 ans, a tiré huit coups de feu avec un fusil AR-15 depuis le toit d'un bâtiment à 120 mètres de la scène, blessant Trump à l'oreille et tuant un spectateur. Crooks a été abattu par les agents du Secret Service.
Si les conséquences physiques ont été limitées à une blessure légère à l’oreille, il est pertinent de s’interroger sur les effets psychologiques potentiels de cet incident.
Stress aigu et troubles post-traumatiques
Les conséquences psychologiques d'une tentative d'assassinat peuvent être profondes et variées. Selon la littérature scientifique, les individus qui survivent à une telle expérience sont souvent confrontés à des troubles de stress post-traumatique (TSPT), de l'anxiété, de la dépression, et des troubles du sommeil. Ces symptômes peuvent gravement perturber la vie quotidienne et nécessitent une prise en charge thérapeutique adaptée, souvent par le biais de thérapies cognitivo-comportementales pour traiter le TSPT et les troubles associés.
Les survivants de violences par arme à feu, y compris les tentatives d'assassinat, présentent un risque accru de troubles de stress post-traumatique, de dépression et de comportement addictif. Le TSPT peut se manifester par des flashbacks, des cauchemars, et une hypervigilance, rendant difficile la gestion du quotidien et des relations personnelles.
Selon le Dr Guillaume interrogé par L’express, environ 45 à 50 % des victimes d’agressions souffrent de ces symptômes, qui peuvent évoluer vers un TSPT si l’état persiste au-delà d’un mois. Le Dr Guillaume précise que le TSPT, plus rare, affecte entre 10 et 15 % des victimes et se caractérise par des symptômes aggravés et des difficultés à mener une vie normale.
La recherche sur les impacts psychologiques des assassinats politiques montre également que les traumatismes subis par les survivants peuvent affecter leur capacité à fonctionner dans leurs rôles publics. L'insécurité persistante et la peur pour leur vie peuvent diminuer leur efficacité et augmenter leur méfiance envers leur entourage et leurs environnements.
Exemples et avis d'experts sur les conséquences psychologiques des tentatives d'assassinat
Lors de la tentative d'assassinat contre lui en 1981, Ronald Reagan a été gravement blessé par balle. Malgré son apparente résilience et son retour rapide à ses fonctions, des rapports ont suggéré qu'il a souffert de troubles psychologiques post-traumatiques, y compris des troubles du sommeil et une vigilance accrue face aux menaces.
En 2011, la députée américaine Gabrielle Giffords a survécu à une fusillade qui lui a causé des blessures graves à la tête. Elle a subi une rééducation physique intense, mais aussi un traitement psychologique pour gérer les effets du traumatisme. Elle a partagé publiquement ses luttes contre la dépression et l'anxiété post-traumatique.
Dr. David Spiegel, professeur de psychiatrie à l'Université de Stanford, explique que "les individus qui survivent à des tentatives d'assassinat peuvent souffrir de TSPT, où les souvenirs de l'événement traumatisant s’immiscent continuellement dans leur conscience. Ces souvenirs peuvent être déclenchés par des stimuli apparemment banals, ce qui complique leur réintégration dans une vie normale".
Dr. Bessel van der Kolk, un expert reconnu en traumatologie, note que "les traumatismes liés aux fusillades peuvent profondément affecter les circuits cérébraux impliqués dans la régulation des émotions. Cela peut entraîner des changements durables dans la façon dont les survivants perçoivent et réagissent au monde autour d'eux".
Dr. Judith Herman, une autorité en matière de traumatologie, souligne que "la survie à une tentative d'assassinat ne concerne pas seulement la guérison physique. Le stress constant et la peur d'une nouvelle attaque peuvent maintenir les victimes dans un état de vigilance élevé, compromettant leur capacité à mener une vie normale et affectant leur santé mentale globale".
Profil psychologique de Donald Trump : narcissisme, impulsivité et manque d’empathie
Les experts en psychologie ont étudié le profil de Donald Trump et ont identifié plusieurs traits dominants. Selon Dan P. McAdams, psychologue à Northwestern University, Trump présente un profil narcissique marqué par une quête incessante de domination sociale et une absence de réflexion introspective. McAdams le décrit comme "un homme épisodique" qui perçoit la vie comme une série de batailles à gagner, sans connexion entre les événements et sans possibilité de croissance ou de développement personnel.
Mary Trump, nièce de Donald Trump et psychologue clinicienne, souligne dans son livre Too Much and Never Enough que l'éducation de Trump a joué un rôle crucial dans la formation de sa personnalité. Elle décrit une mère absente et un père dépourvu d'empathie, ce qui a empêché Trump de développer des traits tels que la vulnérabilité et l'empathie. Cette dynamique familiale a façonné sa quête incessante de l'approbation de son père, influençant son comportement ultérieur.
En 2017, un groupe de 27 psychiatres et experts en santé mentale a publié The Dangerous Case of Donald Trump, mettant en avant des comportements potentiellement dangereux et une incapacité à remplir les fonctions présidentielles de manière compétente. Ils citent des traits de narcissisme, d'impulsivité et de manque d'empathie comme étant particulièrement préoccupants.
Le style de leadership de Trump a été qualifié de manipulateur et autoritaire par plusieurs experts. Le terme "gaslighting", qui désigne une forme de manipulation psychologique visant à faire douter les gens de leur propre perception de la réalité, a souvent été utilisé pour décrire ses actions et déclarations publiques. Cette approche a contribué à polariser davantage le climat politique américain et à amplifier les théories du complot.
Bien que la possibilité d'une résilience psychologique ne soit pas à écarter, considérant tant son profil psychologique que les fonctions auxquelles Donal Trump aspire, envisager les scénarios du pire sur les conséquences psychologiques mérite toute notre attention.
Les pires scénarios d'évolution de la personnalité de Trump apres la tentative d'assassinat
- Renforcement du narcissisme et de la paranoïa
Suite à l'attentat, Donald Trump pourrait voir ses traits narcissiques et paranoïaques se renforcer. Le sentiment d'être une cible pourrait accentuer sa méfiance envers son entourage et ses opposants, augmentant ainsi son besoin de contrôle et de domination. Un narcissisme accru pourrait se manifester par une rhétorique plus agressive et une intolérance aux critiques, exacerbant les tensions politiques.
- Augmentation des comportements impulsifs et des réactions émotionnelles
L'attentat pourrait déclencher des réponses émotionnelles exacerbées, conduisant Trump à prendre des décisions impulsives sans considération pour les conséquences à long terme. Des décisions politiques hâtives et mal réfléchies pourraient émerger, accentuant l'instabilité politique et sociale.
- Utilisation accrue de la manipulation et de la propagande
Pour renforcer son pouvoir et maintenir le soutien de ses partisans, Trump pourrait intensifier l'utilisation de la manipulation et de la propagande. La technique de "gaslighting" pourrait être employée plus fréquemment pour délégitimer ses détracteurs et maintenir une base électorale fidèle, aggravant la polarisation politique.
Bien que les experts aient identifié des traits de personnalité problématiques chez Donald Trump, notamment un narcissisme marqué, de l'impulsivité et un manque d'empathie, il serait réducteur de considérer que ces caractéristiques le destinent inévitablement à une détérioration psychologique accrue après l'attentat. Même les individus présentant des troubles de la personnalité peuvent parfois faire preuve de résilience face aux événements traumatiques.
Certains experts soulignent que même des personnalités fortement marquées par le narcissisme peuvent parfois développer des mécanismes de coping leur permettant de surmonter les traumatismes, à condition de s'engager sérieusement dans un travail sur soi. Bien que ce scénario semble peu probable pour Trump compte tenu de son histoire, il ne peut être totalement écarté.
En fin de compte, le pronostic quant à l'évolution de la personnalité et du comportement politique de Trump suite à l'attentat reste incertain et donc inquiétant. Tout dépendra de sa capacité à s'engager dans un processus de réflexion et de prise en charge de son état psychologique, malgré les défis posés par ses traits de caractère dominants.
Photo : Marco Verch 🤖 / ccnull.de
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