Des maladies discutables et discutées
Le British Medical Journal vient de publier les résultats d'un sondage sur les termes de "maladie" et "non-maladie". Plus largement, cette enquête pose la question de la définition d'une maladie et sur la tendance actuelle à classer certains problèmes sous le terme de maladie.
Ce sondage est publié dans les colonnes de l'édition du BMJ du 13 avril. Initié par les éditeurs de cette revue médicale, il demandait aux lecteurs de classer par ordre croissant les problèmes qui n'étaient pas des maladies selon eux. La centaine de problèmes initiaux proposés par les éditeurs a vu son nombre arriver jusqu'à 200 en prenant en compte les propositions des lecteurs.
La première place des "non-maladies" revient au vieillissement. La calvitie, le décalage horaire (jet lag), la cellulite ou encore la grossesse étaient dans les 20 premières places. On retrouve aussi dans ce top 20 des problèmes plus originaux : les cernes sous les yeux, avoir de grandes oreilles, avoir des cheveux gris, avoir des tâches de rousseur ou encore se poser des questions sur la taille de son pénis. On peut aussi noter que le travail arrive en deuxième position des "non-maladies"…
Outre son aspect récréatif, l'article de Richard Smith (rédacteur en chef du BMJ) souligne surtout que de plus en plus des problèmes cités dans l'étude ont tendance à être reconnus comme des maladies. "Notre objectif premier était d'illustrer la nature glissante de la notion de maladie", écrit Richard Smith. Bien entendu, des pathologies comme la tuberculose, le cancer du poumon ou encore le paludisme ne souffrent d'aucune ambiguïté quant à leur qualité de maladies.
Selon Richard Smith, la définition de la maladie est aussi délicate à formuler que celle de la santé. Et de citer à ce propos la définition de la santé d'après l'Organisation Mondiale de la Santé : "un bien être physique, psychologique et social complet". Nous serions alors presque tous malades la plupart du temps.
Quelle que soit l'ampleur de cette difficulté, il faut selon lui surtout s'attacher à évaluer les conséquences de la classification d'un problème sous le terme de maladie. Ceci peut avoir un effet positif direct en terme de reconnaissance de son problème par le corps médical.
Evidemment, cet effet déculpabilisant peut profondément modifier la façon dont le problème est perçu par la personne mais aussi son entourage. "Vous êtes immédiatement plus enclins à attirer la sympathie plutôt que la faute", ajoute Smith. Il évoque également une meilleure prise en charge financière du problème.
L'effet contraire peut être envisagé lorsque le problème est reconnu comme maladie à part entière. "On pourrait vous refuser une assurance, une hypothèque, un emploi", selon Smith. Plus grave, être reconnu malade peut représenter un obstacle majeur pour que le patient surmonte son problème.
Source : BMJ 2002;324:883-5
SR
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