La surcharge de travail : un facteur de risque dans les unités néonatales de soins intensifs
Une étude anglaise publiée dans le Lancet du 12 janvier montre comment une charge de travail trop lourde peut nuire au devenir des patients pédiatriques en unités de soins intensifs. Elle examine aussi les différents paramètres de qualité de soins apportés dans ces unités spécialisées.
Ce travail a été réalisé par le Dr Janet Tucker (Université d'Aberdeen) et des confrères du Groupe d'étude sur les équipes médicales en néonatalogie au Royaume Uni. Ces auteurs ont cherché à savoir si le volume de patients, l'effectif de l'équipe médicale et la charge de travail étaient associés au risque de complications chez ces patients.
Les données de 13.334 nourrissons admis dans 54 de ces unités ont été analysées. Il apparaît que les unités de plus gros volume recevaient les cas les plus graves, ce qui était corrélé à une mortalité brute plus élevée. Le critère principal d'évaluation était la mortalité intra-hospitalière et les lésions cérébrales.
Néanmoins, lorsque étaient pris en compte le risque clinique initial et l'état du patient à son arrivée, ni le volume de patients traités ni l'effectif de l'équipe médicale n'avaient d'influence sur la mortalité ou les lésions cérébrales.
Les auteurs ont toutefois noté que les bactériémies nosocomiales étaient significativement moins fréquentes dans les unités qui avaient le moins de médecins. Le risque serait réduit d'environ 35 % dans ces unités. Les auteurs avancent notamment pour explication une augmentation du risque nosocomial avec les procédures invasives pratiquées par les médecins. Ils n'excluent pas non plus l'introduction d'un biais dans ce résultat.
Le résultat peut-être le plus marquant concerne l'impact de la surcharge de travail: "La mortalité était accrue avec l'augmentation de la charge de travail dans toutes les catégories d'unités néonatales de soins intensifs", écrivent les auteurs.
Selon leurs données, le risque de décès pour un nourrisson serait augmenté de 50 % s'il est hospitalisé dans une unité de soins intensifs à 100 % de sa capacité d'accueil par rapport à une situation où le service est à 50 % de sa capacité.
Cette étude montre donc que si l'on tient compte du risque clinique initial, les performances des unités les plus importantes sont similaires à celles des unités de plus faible volume. Dans ces deux cas, la surcharge de travail constitue un facteur de risque pour le patient.
Source : Lancet 2002;359:99-107
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