Greffe de tissu ovarien : une vingtaine de femmes ont été prélevées en France
Des prélèvements de tissu ovarien ont été réalisés en France à une vingtaine de patientes soumises à une chimiothérapie et/ou une radiothérapie entrainant une destruction des follicules primordiaux ovariens. Conservés par congélation, ces fragments d'ovaire pourront être leur restitués quand elles souhaiteront mener une grossesse une fois guéries.
Plusieurs équipes françaises ont prélevé ces trois dernières années du tissu ovarien dans le but de préserver la fertilité de fillettes et de jeunes femmes. Atteintes de cancer ou d'autres pathologies, ces patientes devaient recevoir un traitement qui altère de façon définitive les follicules primordiaux qui donnent naissance, après la puberté, à un ovocyte mature lors de chaque cycle ovarien. Celui-ci amputait donc leur capital folliculaire, les exposant à une ménopause précoce et à une infertilité irréversible.
Chez l'homme, la congélation du sperme permet de pallier à la toxicité gonadique iatrogène. Le sperme peut être utilisé si le patient, guéri de son cancer mais rendu infertile par les traitements, désire un enfant. Chez la femme, il n'y avait pas de procédé identique. La seule alternative est le don d'ovocytes, méthode qui ne marche pas très bien après les traitements anticancéreux et qui implique un renoncement à sa propre fertilité.
Les premiers prélèvements de tissu ovarien remontent en France à 1996-97. Ils ont été effectués chez de jeunes patientes à Limoges, Lille, Caen. D'autres ont suivis à Nantes, Clermont-Ferrand, Clamart.
La première patiente prélevée il y a plus de deux ans à Limoges avait une maladie de Hodgkin traitée par chimiothérapie et irradiation pelvienne. Les deux autres patientes devaient également recevoir des agents alkylants au long cours mais pour des pathologies bénignes, en l'occurrence une récidive de lupus érythémateux disséminée et une périartérite noueuse. Ce dernier prélèvement remonte à deux mois. Ces trois patientes avaient entre 24 et 28 ans, précise à
Soumis à l'approbation d'un CCPPRB
Depuis le début de cette l'année, il est obligatoire que les prélèvements de tissu ovarien aient lieu dans le cadre d'un protocole agréé par un CCPPRB (comité consultatif de protection de personnes participant à la recherche biologique). L'autorisation de cryopréservation de tissu ovarien fait ainsi partie des 'règles de bonnes pratiques en procréation médicalement assistée'.
Le centre français à avoir effectué le plus de prélèvements de tissu ovarien est sans doute celui de l'hôpital Cochin à Paris, dirigé par Pr Pierre Jouannet, directeur du CECOS (centre d'étude et de conservation des oeufs et du sperme humain) de Cochin.
A ce jour, nous avons prélevé le tissu ovarien de 14 jeunes femmes et des fillettes. La première patiente, prélevée en avril 1998, a été une pré-adolescente atteinte de drépanocytose qui devait être traitée par un puissant agent alkylant. Nous avons aussi un protocole avec l'hpital Henri Mondor de Créteil pour des enfants souffrant de drépanocytose homozygote grave avec de nombreux effets secondaires et pour lesquels un traitement chimiothérapeutique lourd est envisagéö, indique a
Il existe en effet des pathologies non cancéreuses pour lesquelles on utilise des chimiothérapies aussi lourdes que pour certains cancers et qui sont elles aussi stérilisantes, souligne-t-elle.
L'équipe de Cochin a établi une collaboration avec l'Institut Gustave Roussy de Villejuif pour certaines pathologies tumorales pédiatriques, comme le néphroblastome métastatique et le sarcome d'Ewing, mais également avec l'Hôpital Curie et celui de la Pitié à Paris.
Selon le Dr Yves Aubard (CHU de Limoges), initiateur en France des recherches sur les autogreffes de tissu ovarien, la première autogreffe de tissu ovarien devrait avoir lieu dans notre pays dans les mois qui viennent, en l'an 2000.
Des risques potentiels majeurs
Une des principales indications d'autogreffe de tissu ovarien sera la sauvegarde de la fertilité d'enfants ou de femmes leucémiques. En effet, ces patientes sont soumises à une lourde chimiothérapie et souvent une irradiation corporelle totale, déclare le Dr Aubard.
Il existe pourtant un risque potentiel majeur lors de la greffe de fragments de tissu ovarien chez ces patientes guéries de leur hémopathie maligne : celui d'autogreffer des cellules malignes résiduelles présentes dans le prélèvement effectué lorsque la patiente était cancéreuse.
Cette possibilité a été démontrée chez la souris par des chercheurs australiens, confirmant donc que des cellules malignes peuvent survivre dans le greffon. Ce danger est quasi-nul dans certaines situations, comme la maladie de Hodgkin, mais existe dans d'autres. On doit en tenir compte chez des patientes en poussée de leucémie aigüe qui ont souvent des cellules leucémiques dans de nombreux organes, souligne le Dr Aubard.
Le risque de greffer ces cellules malignes pourrait également se rencontrer dans le cas où l'ovaire est lui-même porteur d'une tumeur cancéreuse ou pré-cancéreuse. C'est la raison pour laquelle il sera nécessaire de rechercher des cellules anormales dans l'ovaire prélevé en ayant notamment recours à des techniques de biologie moléculaire. D'autres méthodes pourraient être utilisées comme la greffe de fragments de cortex ovarien à des souris 'nude', caractérisées une absence congénitale de thymus et donc incapables de rejeter une greffe de tissu étranger, afin de s'assurer qu'aucune tumeur ne se développe.
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