Carnet de santé 2025 : des améliorations mais un retard digital préoccupant

Carnet de santé 2025 : des améliorations mais un retard digital préoccupant Le 1er janvier 2025 marque l’entrée en vigueur d’une nouvelle version du carnet de santé des enfants. Conçu à partir des recommandations actualisées du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), ce carnet se veut un outil modernisé et enrichi, tant pour les familles que pour les professionnels de santé. Cependant, l’absence d’une version numérique suscite des critiques, notamment sur la capacité des pouvoirs publics à innover dans un monde de plus en plus digitalisé.

Un élan pour une prévention renforcée et un suivi adapté


Le nouveau carnet de santé, désormais étendu à 128 pages, propose des contenus réactualisés pour répondre aux défis actuels. Parmi les thèmes clés abordés :

  • Les écrans : De nouveaux messages de prévention alertent sur les risques liés à la surexposition aux écrans, avec une recommandation stricte d’éviter leur utilisation avant 3 ans. Les parents sont également encouragés à privilégier les interactions directes pour favoriser le développement psychomoteur de l’enfant.
  • L’alimentation : Des conseils précis sont donnés sur la diversification alimentaire, notamment l’introduction du gluten entre 4 et 6 mois.
  • La prévention des violences : Le carnet inclut des pages dédiées à la sensibilisation contre les violences physiques et psychologiques, destinées à guider les parents vers une éducation bienveillante.


Le carnet détaille les 20 examens médicaux obligatoires, avec l’ajout d’un nouvel examen à 6 ans. Ce moment charnière permet de dépister précocement les troubles de l’apprentissage, de surveiller le poids et d’évaluer la santé mentale des enfants à l’entrée en école primaire.

Les grilles de dépistage des troubles du neurodéveloppement ont été enrichies et insérées dans les consultations obligatoires, permettant aux professionnels de mieux repérer les signes précurseurs et d’orienter les familles si nécessaire.

Une opportunité pour un suivi pédiatrique adapté

Malgré ces critiques, le nouveau carnet de santé offre aux professionnels de santé un outil enrichi et structurant pour le suivi des enfants. Il représente une avancée en matière de prévention et d’accompagnement parental, même si une transition plus rapide vers le numérique aurait été souhaitable.

Les professionnels sont invités à exploiter pleinement les ressources du carnet pour approfondir le dialogue avec les familles, tout en anticipant l’intégration future des outils digitaux.

Carnet de santé 2020  : Frédéric Bizard dénonce un retard technologique préoccupant 

Frédéric Bizard, économiste et professeur à l'ESCP Europe, critique sévèrement l'absence de version numérique de ce carnet, qu'il qualifie d'échec flagrant des institutions publiques en matière de gestion du numérique. Selon lui, cette incapacité à intégrer une solution numérique dans le suivi de santé des enfants est symptomatique d'une gouvernance éclatée et inefficace des technologies en santé. En effet, le ministère de la Santé a annoncé que la version numérique ne serait disponible qu'en 2026, ce qui laisse sceptique sur la capacité réelle du pays à intégrer les nouvelles technologies dans la gestion de la santé publique.

Le principal obstacle selon lui réside dans la gouvernance de la santé numérique en France, qui est fragmentée entre plusieurs entités (Ministère de la Santé, Assurance Maladie, Agence du Numérique en Santé, etc.), chacune ayant des missions mal définies. Cela génère des retards dans l’innovation et l’implémentation de solutions numériques, comme le carnet de santé. Ce constat de désorganisation est également souligné par d'autres experts du secteur. Toutefois, des réformes ont été entreprises pour améliorer cette situation, notamment avec la mise en place de « Mon Espace Santé ».

Il évoque également une certaine réticence chez certains hauts fonctionnaires, qui craignent les coûts élevés du numérique ou la perte de contrôle sur les données sensibles des citoyens. Cette hésitation à adopter de nouvelles technologies pourrait nuire à l'efficacité de la gestion de la santé publique à long terme. En effet, alors que des pays comme l’Estonie ou le Danemark ont su adopter des solutions numériques avancées dans leur système de santé, la France semble marquer un retard notable.

L'économiste met en avant les économies potentielles que permettrait l’intégration d’un carnet numérique : selon lui, une telle transition pourrait permettre des économies considérables à court terme, estimées entre 5 et 10 milliards d'euros, tout en réduisant l’impact écologique lié à l’impression de millions de carnets papier. Bien que ces chiffres soient difficiles à confirmer, le principe même de la dématérialisation présente de nombreux avantages, en particulier pour les familles et les professionnels de santé, qui bénéficieraient d’un accès plus rapide et personnalisé aux informations médicales de l’enfant.

Un impact sur la crédibilité des pouvoirs publics

L’incapacité des pouvoirs publics à proposer une solution numérique met également en lumière une perte de crédibilité, estime Bizard. Il interroge la capacité de l'État à réguler et évaluer le système de santé lorsqu'il ne parvient pas à déployer un outil numérique de base tel qu'un carnet de santé. Cette situation soulève des questions sur la performance globale du système de santé, notamment en ce qui concerne les politiques de prévention et la gestion des données de santé.

Sa conclusion est sans appel : « En 2025, se priver des opportunités du numérique revient à déclasser notre système de santé au niveau des pays émergents. »

 

Descripteur MESH : Santé , Santé publique , Conseil , Solutions , Parents , France , Économies , Danemark , Maladie , Europe , Précis , Assurance maladie , Assurance , Papier , Éducation , Lumière , Santé mentale

1 réaction(s) à l'article Carnet de santé 2025 : des améliorations mais un retard digital préoccupant

  • MyPassion

    roland leyri| 08/01/2025- REPONDRE

    Vous oubliez un petit problème: c'est Microsoft qui a été choisi pour hébergé nos données de santé et ça c'est un scandale !
    et ça sera sans moi (et je ne suis pas le seul)

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