Périnatalité : la Cour des Comptes pointe la médiocrité des résultats sanitaires
Devant des performances sanitaires qu’elle qualifie de médiocre et des pratiques de soins qui ne répondent pas toujours aux normes de sécurité attendues, la Cour des Comptes critique dans un rapport les petites maternités et plaide pour une réforme en profondeur qui privilégierait la sécurité plutôt que l'accessibilité.
Des investissements inefficaces
La Cour des Comptes s’interroge sur l'efficacité des investissements dans la politique de périnatalité française, malgré une augmentation notable des moyens financiers (9,3 milliards d'euros en 2021, en hausse de 9 % depuis 2016). Cette hausse contrastante avec la baisse de la natalité (diminution de 5,3 % sur la même période) coïncide avec des résultats sanitaires peu reluisants. La France se classe 22e sur 34 pays européens en termes de mortalité néonatale, une situation alarmante qui appelle à une révision des stratégies employées. Le rapport de la Cour des Comptes révèle que la réglementation des maternités, inchangée depuis 25 ans, ne correspond plus aux besoins actuels des prises en charge ni à la restructuration des soins.
Défis et inégalités en santé périnatale
Les facteurs de risque tels que l'obésité, les addictions et les grossesses tardives, qui représentent près d'un quart des naissances, sont en hausse et engendrent des complications accrues pour les mères et les enfants. De plus, les disparités sociales et territoriales exacerbent les inégalités en matière de santé périnatale, les mères en situation de précarité étant particulièrement vulnérables à des morbidités plus élevées.
Une organisation inadaptée
L'organisation actuelle des soins périnataux s'avère inadaptée et inefficace. La Cour des Comptes souligne que vingt maternités ne respectent pas le seuil minimal de 300 accouchements par an, tandis que celles réalisant moins de 1 000 accouchements annuels peinent à recruter et retenir du personnel qualifié. Lors d'une conférence de presse, Pierre Moscovici, premier président de la Cour, a exprimé sa préférence à la sécurité plutôt qu'à l'accessibilité, appuyant son argument sur un consensus médical favorisant les structures de plus grande taille et mieux sécurisées. Le rapport met en avant des études récentes indiquant que les maternités avec un volume élevé d'accouchements présentent une morbidité moindre dans les prises en charge maternelles et infantiles. Il souligne aussi que les performances de certaines petites structures se sont détériorées, en grande partie à cause de pénuries de personnel et de difficultés à maintenir une équipe stable.
Perspectives d'amélioration et stratégie des "1000 premiers jours"
Bien que des progrès aient été réalisés dans le domaine du dépistage de maladies rares et de la vaccination, le rapport pointe du doigt les insuffisances des mesures préventives, particulièrement pour les publics les plus à risque. La stratégie gouvernementale des « 1000 premiers jours » se concentre sur la prévention des risques psychiques et développementaux durant la période périnatale, mais elle manque de mesures concrètes pour améliorer la qualité et la sécurité des soins périnatals. Le maintien du service « Prado maternité » jusqu'à l'établissement d'autres dispositifs efficaces est recommandé pour garantir une meilleure coordination des parcours de soins. Ce rapport de la Cour des Comptes met en lumière la nécessité de repenser en profondeur la politique de périnatalité en France. Une meilleure allocation des ressources, une offre de soins restructurée, et une approche plus ciblée de la prévention sont essentielles pour répondre efficacement aux besoins des mères et des enfants, tout en réduisant les inégalités marquées dans ce secteur crucial de la santé publique.
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Thomas BONNET| 07/05/2024-