Covid-19 : l’arrêt du dépistage systématique à l’admission serait corrélé une hausse de 40 % des infections nosocomiales en Angleterre
Une étude publiée début juin dans le JAMA Internal Medicine dévoile une hausse significative des infections nosocomiales à SARS-COV-2 après l’arrêt des tests de dépistage en Angleterre et en Écosse lors de l’admission à l’hôpital.
L’intérêt du dépistage systématique à l’admission
Au cours des premières phases de la pandémie de COVID-19, les individus asymptomatiques ou présymptomatiques ont été à l’origine des deux tiers des infections par le SARS-CoV-2, y compris les infections nosocomiales. En France, le dépistage systématique à l’admission est rapidement devenu la règle au début de la pandémie jusqu’à qu’il soit laissé à l’appréciation des équipes soignantes après la fin de mesure d’urgences sanitaires à la fin de l’été 2022.
Entre ces deux périodes, l’utilité de ces tests de dépistage a été mise en doute, notamment en raison de contraintes de ressources, de retards dans les soins et d’un manque de données probantes démontrant leur effet sur la réduction des infections nosocomiales.
Cette étude a cherché à déterminer si l’arrêt du dépistage systématique était corrélé à une augmentation des infections nosocomiales du SARS-CoV-2 en se basant sur les données de l’Angleterre et de l’Écosse qui ne sont plus tenus de pratiquer ces tests depuis le 31 août 2022 en Angleterre et le 28 septembre 2022 en Écosse.
Une étude révélatrice des conséquences de l’arrêt du dépistage
Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé des données de Public Health Scotland et du National Health Service England pour compter les nouveaux cas hebdomadaires de COVID-19 contractés à l’hôpital entre le 1er juillet 2021 et le 16 décembre 2022, définis comme un test RT-PCR positif pour le SARS-CoV-2 à tout moment dans les sept jours suivants l’admission à l’hôpital.
L’Office for National Statistics du Royaume-Uni (ONS) sélectionne au hasard des ménages pour un dépistage hebdomadaire de la prévalence communautaire du COVID-19, ce qui évite d’éventuels biais liés aux tests de soins de santé initiés par les cliniciens et les patients. Ces données ont été utilisées pour déterminer les changements dans ce taux hebdomadaire après l’arrêt des tests à l’admission à l’hôpital.
L’étude a couvert trois périodes :
- La période Delta, entre le 1er juillet et le 13 décembre 2021.
- La période Omicron, entre le 1er juillet et le 13 décembre 2021, et entre le 30 août et le 27 septembre 2022, en Angleterre et en Écosse respectivement.
Dans ces deux périodes, le dépistage systématique était la règle
- La période Omicron, lorsque le dépistage universel à l’admission n’était plus pratiqué, qui a duré jusqu’au 16 décembre 2022 dans les deux nations.
Une hausse significative des infections nosocomiales
L’arrêt du dépistage universel à l’admission en Angleterre et en Écosse a nettement augmenté les cas de COVID-19 contractés à l’hôpital par rapport aux infections contractées dans la communauté, dans les deux pays.
Au cours de cette période, il y a eu 46 517 admissions liées à la COVID-19 en Écosse et 518 379 en Angleterre. En Écosse, le taux hebdomadaire moyen de nouvelles infections à SARS-CoV-2 survenues à l’hôpital par 1000 infections communautaires estimées est passé de 0,78 pendant la période de dominance Delta à 0,99 pendant la dominance Omicron, puis à 1,64 après l’arrêt des tests de dépistage. En Angleterre, le même taux moyen est passé de 0,64 à 1,00, puis à 1,39.
Si les auteurs conviennent de certaines limites dans leur analyse en raison du design de l’étude ou de données potentiellement faussées, leurs conclusions sont très claires.
En Angleterre après l’arrêt du dépistage systématique les infections nosocomiales à SARS-COV-2 auraient donc bondi de près 40 % en Angleterre et de plus de 60 % en Écosse par rapport au nombre d’infections communautaires.
Les auteurs précisent par ailleurs que cette flambée des infections nosocomiales a entrainé une mortalité brute estimée entre 3 et 13 %, ce qui, même pour des taux bruts est considérable. Ils invitent les directions hospitalières à prendre la mesure des risques tant sanitaires que juridiques ou financiers induits par l’arrêt du dépistage systématique des infections à SARS-COV-2 lors des admissions hospitalières.
Ces risques sont probablement les mêmes en France où tous les gestes barrières ont complètement disparu dans certains hôpitaux et n’ont pas été compensés par une amélioration de la qualité de l’air intérieur contrairement aux promesses non tenues du candidat Macron lors de l’élection présidentielle de 2022.
"J'annonce que si les français me font confiance à nouveau, nous lanceront immédiatement un effort massif de purification de l'air dans nos écoles, nos hôpitaux, nos maisons de retraite, et dans tous les bâtiments publics."
— Caisses de grève (@caissesdegreve) August 16, 2022
Emmanuel Macron, 16 avril 2022 pic.twitter.com/VuKDSQIwqE
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