Assistants médicaux : la CNAM étend le dispositif aux centres de santé
L’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam) et les organisations représentatives des centres de santé ont signé le 4 février un avenant conventionnel visant à financer des postes d’assistants médicaux et les équipements nécessaires à la télémédecine. L’avenant prévoit également une incitation financière pour favoriser l’installation en zones sous denses des centres de santé dentaires et infirmiers.
Sur le modèle de l’accord trouvé avec les médecins libéraux, l’accord consiste à financer le recrutement des assistants médicaux au sein des centres de santé de 36 000 € pour un assistant médical à temps plein la première année, 27 000 € la seconde et 21 000 € à partir de la 3e année. À la triple condition, de justifier du salariat de deux médecins pour un assistant médical, de ne pas dépasser les 4 assistants par centre de santé et d’augmenter la taille de la patientèle de 5 à 25 % selon la situation de départ.
D’après les calculs de la CNAM, 15 millions d’euros seront ainsi versés aux 1621 centres de santé existant entre 2020 et 2024.
Un avenant pour masquer l’échec de l’avenant n° 7 à la convention médicale ?
6 mois après la signature de l’avenant 7 à la convention médicale et 15 mois après les annonces du président Macron, l’objectif des 4000 postes d’assistants médicaux est loin d’être atteint. En effet, même Nicolas Revel le confessait fin janvier devant l’Association des journalistes de l’information sociale, seuls 302 contrats d’assistants médicaux avaient été signés fin janvier. À ce rythme, l’objectif des 4000 postes serait atteint en 2027 et non pas en 2022.
Rappelons également que l’objectif de cette mesure était de favoriser l’accès aux soins dans les territoires en tensions en libérant du temps médical pour les médecins et de revaloriser l’exercice libéral de la médecine. Or rien n’indique dans la convention que les postes d’assistants médicaux seraient réservés aux zones sous denses. Les centres de santé exerçant dans les grandes villes devraient donc logiquement pouvoir profiter du dispositif. Ce qui est clairement un dévoiement de l’objectif initial et une nouvelle subvention pour la médecine salariée au détriment de la médecine libérale.
Une attaque en douce contre l’exercice libéral de la médecine ?
C’est ce que semple penser le Syndicat des Médecins Libéraux qui a réagi par voie de communiqué.
« Le SML considère qu’en étendant aux centres de santé les dispositifs destinés à soutenir la médecine libérale, l’assurance maladie mène un double jeu au détriment de l’exercice libéral. En effet, dès lors que la médecine salariée des centres de santé bénéficie des mêmes appuis, quels avantages restera-t-il au secteur libéral ?
Le SML considère que l’assurance maladie, pourtant supposée financer et soutenir des dispositifs d’aide à l’installation, et qui prétend vouloir contribuer à améliorer l’attractivité du secteur libéral, est en réalité en train de créer les conditions d’un siphonnage du libéral vers le salariat des centres de santé. L’assurance maladie conduit au rétablissement du système de santé du début du siècle précédent, à savoir une France des dispensaires.
Le SML est totalement opposé à cette évolution et dénonce la sourde hypocrisie de l’assurance maladie comme des pouvoirs publics qui privilégient les structures les plus coûteuses (et souvent déjà subventionnées par ailleurs) et les moins souples, au détriment de la médecine libérale plus compétitive et plus agile. L’assurance maladie aurait mieux fait de réserver aux seuls libéraux le bénéfice du financement des assistants médicaux en le pérennisant et de proposer un niveau de rémunération suffisamment attractif des actes de télémédecine. »
Descripteur MESH : Santé , Maladie , Télémédecine , Infirmiers , Médecine , Médecins , Temps , Calculs , Villes , Soins , Rémunération , France