Dépistage et prise en charge par les services d'urgence des violences sexuelles faites aux femmes : la SFMU s'engage
Chaque année, près de 220 000 femmes sont victimes de violences conjugales et/ou sexuelles. Au-delà de ce constat affligeant, ces violences représentent de réelles urgences médicales et ce sont les services d’urgence qui constituent le premier maillon de la prise en charge. Mais rares sont les victimes qui parlent de l’origine des agressions qu’elles ont subies : la gageure pour les professionnels de santé des urgences est de dépister ces violences inavouées.
Pour la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU) affirme son engagement pour améliorer les dispositifs de prise en charge de ces violences. Un groupe de soignants de la SFMU (la CSU) est en effet à l’initiative d’un projet de recommandations et de bonnes pratiques visant à mieux diagnostiquer, évaluer et prendre en charge ces violences dans les services d’urgence. Ce groupe de travail interprofessionnel de la SFMU pilote ce projet avec d’autres sociétés savantes, la Mission interministérielle pour la Protection des Femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains, des médecins, des infirmiers, des psychologues, etc.
Elle dévoile en amont les premières pistes de réflexion de ces recommandations qui seront publiées en 2020 à l’attention des professionnels de santé des urgences.
Les premières pistes de recommandations
Le terme de violences sexuelles — considéré dans la réflexion en cours — regroupe les notions de viol, d’agression sexuelle, de mutilations masculines ou féminines, de violences au sein du couple. Il désigne également tous les actes sexuels (attouchement, caresse, pénétration) comme violences avec contrainte, menace ou surprise ainsi que les actes relevant du harcèlement sexuel. Par exemple, en France, 94 000 femmes majeures et 15 000 hommes majeurs déclarent avoir été victimes de viol et/ou tentative de viol sur 1 an.
« En tant que premiers acteurs de soins urgents, les services d’urgences ont un rôle primordial à jouer dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Les recommandations qui seront publiées prochainement découlent des expériences de terrain des médecins urgentistes, infirmiers et personnels de l’urgence pour améliorer la détection et la prise en charge des victimes » ajoute la Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la SFMU.
Plusieurs aspects doivent être intégrés dans les recommandations :
– La formalisation des pratiques de prise en charge, avec des fiches réflexes pour accompagner le médecin urgentiste ainsi que les professionnels de santé dans la prise en charge des victimes : comment les détecter ? Comment examiner la victime ? Comment échanger, discuter avec elle ? Comment se déroule son parcours de soins, son accueil par l’infirmière jusqu’à l’examen médical ? Comment l’aider et l’orienter vers les services judiciaires ?
– La mise en place d’un réseau d’experts dédiés à la prise en charge des violences sexuelles et qui sera composé d’assistants de régulation médicale, d’infirmiers, de médecins urgentistes, de médecins légistes, d’assistantes sociales, de psychologues et de magistrats pour l’aspect juridique. Ce réseau permettra de consolider les bonnes pratiques entre les différents acteurs de la prise en charge.
– L’établissement d’un référentiel commun de prise en charge qui sera par la suite déployé dans les structures d’urgence au niveau local.
– Le déploiement d’initiatives locales pour une prise en charge coordonnée des femmes victimes de violences sexuelles. Elles permettent ainsi de former un vrai réseau local d’experts sur ces questions de prise en charge et de formaliser et uniformiser les pratiques régionales.
– La création et le développement d’indicateurs pour recenser l’activité liée à la prise en charge des victimes de violences sexuelles aux Urgences. Ces éléments chiffrés et codés permettront de mesurer cette activité pour tirer des conclusions et proposer des axes d’amélioration.
En 2020, un ouvrage destiné aux professionnels de santé et axé sur le patient
L’ouvrage dressera un état des lieux national et international des violences sexuelles, développera les aspects psychologiques chez l’adulte et l’enfant, le psycho traumatisme par une approche transculturelle de la violence sexuelle.
Il tentera surtout d’apporter des réponses aux interrogations des soignants au travers d’outils pratiques pour améliorer la prise en charge des victimes que ce soit au SAMU-Centre15, en Service Mobile d’Urgence et de Réanimation (SMUR) ou en Services d’Urgence.
Un projet pluridisciplinaire et interprofessionnel
La CSU, commission paramédicale de la SFMU, est à l’initiative de ce projet de rédaction « d’avis d’experts et de bonnes pratiques face à des patients victimes de violences sexuelles ».
Ce projet est piloté par un groupe interprofessionnel de réflexion composé d’Infirmiers Diplômés d’État (IDE) issus des services d’urgence et/ou des Structures Mobiles d’Urgence et de Réanimation (SMUR), d’Ambulanciers Diplômés d’État (ADE), d’assistantes sociales, d’Assistants de Régulation Médicale (ARM), de psychologues, de médecins issus des Structures d’Urgence adulte et pédiatrique, SAMU - Centre 15, SMUR et de représentants de la justice.
Les recommandations de cet ouvrage pluridisciplinaire sont élaborées avec le concours de plusieurs sociétés savantes avec entre autres : la Société Française de Médecine Légale (SFML) ; le Groupe Francophone de Réanimation et Urgence Pédiatrique (GFRUP), — et la Mission interministérielle pour la Protection des Femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF).
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