9 médecins sur 10 impactés par des rendez-vous médicaux non honorés
Si le phénomène n’est pas nouveau il exaspère toujours plus de médecins qui, selon le dernier baromètre ODOXA *, sont plus de 90 % à subir l’absentéisme injustifié de leur patient. Ils seraient même 97 % pour ne pas dire la totalité des médecins libéraux à être impactés par le phénomène. Ce n’est hélas pas sans conséquence sur l’organisation de leur travail. Pire dans un contexte de pénurie de temps médical, cela prive probablement de consultations d’autres patients. Alors que faire ?
1 français sur 6 pose des lapins à leur médecin
15 % des Français confessent avoir déjà posé un lapin à leur médecin. 6 % l’ont fait à de multiples reprises. Avec 31 %, les jeunes de 25 à 35 ans sont ceux qui ont le moins l’élégance de ne pas prévenir leur médecin lorsqu’ils ne peuvent honorer leur rendez-vous médical.
Des patients très légers...voire indélicats
Pour justifier leur absence, les patients invoquent le simple oubli dans la moitié des cas (48 %), une contrainte de dernière minute (17 %) ou un retard inopiné (14 %). Si dans 4 % des cas, les patients ne viennent pas, car leur état de santé ne le justifiait plus, il assume leur désinvolture en précisant que ce n’était pas si grave ne de pas prévenir. De quoi faire enrager les professionnels de santé, qui ont un agenda souvent surchargé.
D’ailleurs, les professionnels de santé ne sont pas dupes. Ils sont 43 % à attribuer à la négligence, les rendez-vous non honorés et 37 % à l’oubli.
Des conséquences lourdes sur l’organisation du travail
En désorganisant fréquemment leur agenda, les lapins posés par les patients ont un retentissement fort sur l’organisation du travail des professionnels de santé. 65 % des médecins généralistes et 77 % des spécialistes considèrent que les conséquences sont importantes.
En 2015, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Ile-de-France avait évalué à 40 minutes le temps de consultation perdu en moyenne pour chaque médecin. Ce qui, si l’on extrapolait ces données à l’ensemble du territoire national correspondrait à un équivalent temps plein de plus de 8 000 médecins par an, 28 millions de consultations perdues et un manque à gagner de près de 800 millions d’euros.
En cette période de raréfaction des ressources médicales et du développement des téléconsultations, il est d’autant plus regrettable de perdre 28 millions de consultations par an.
Quelles solutions concrètes pour les professionnels ?
Les plateformes de rendez-vous médicaux avec leur système de rappel automatisé par email et SMS offrent elles une réponse adaptée ?
Si 72 % des Français considèrent que ces plateformes incitent les patients à mieux respecter leur rendez-vous, ils ne sont que 60 % des professionnels de santé et 47 % des médecins à partager cet avis.
À l’AP-HP cette solution a produit des résultats non négligeables avec une baisse de 8 % des rendez-vous non honorés un mois à peine après sa mise en œuvre et 60 % des annulations converties en nouveaux rendez-vous si l’on se fie aux résultats de l’étude la chaire Hospinnomics
Certains professionnels de santé libéraux prennent des mesures radicales et refusent les rendez-vous aux patients désinvoltes. Et la réglementation les y autorise à condition de prendre en charge les cas d’urgence et d’assurer la continuité des soins.
Un professionnel de santé peut légitimement décider d’interrompre les soins d’un patient régulièrement indiscipliné, méprisant ou tout simplement avec qui la mésentente est manifeste à condition de le prévenir (de préférence par LRAR ou courrier remis en main propre) et de lui communiquer les coordonnées d’un confrère à même de le prendre en charge.
L’article R.4127-47 du Code de la santé publique stipule que « quelles que soient les circonstances, la continuité des soins aux malades doit être assurée. Hors le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, un médecin a le droit de refuser ses soins pour des raisons professionnelles ou personnelles. S’il se dégage de sa mission, il doit alors en avertir le patient et transmettre au médecin désigné par celui-ci les informations utiles à la poursuite des soins ».
Si le refus de soins est autorisé, la sanction financière et la facturation d’un rendez-vous non honoré sont proscrites pour les professionnels de santé conventionnés par l’article L 1111-3-4 du Code de la santé publique qui limite les prestations facturables aux prestations de soins.
* Enquête Odoxa pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH), réalisée auprès de 1003 personnes interrogées par internet du 27 mars au 2 avril 2019, et 1267 professionnels de santé, dont 189 médecins (généralistes, spécialistes, internes) interrogés par internet les 27 et 28 mars 2019.
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