Les processus cérébraux du désir sexuel hypoactif masculin décryptés
Serge Stoléru et Jérôme Redouté (Unité Inserm 483, dirigée par Yves Burnod) et leurs collaborateurs du Cermep (Centre d'Etudes et de Recherches Médicales par Emission de Positons, Lyon) viennent de mettre en évidence une corrélation entre le désir sexuel hypoactif masculin (peu ou pas de désir sexuel) et une inhibition de certaines zones cérébrales impliquées dans le processus du désir. Cette inhibition entraîne un manque d'activation au niveau des régions cérébrales impliquées dans l'imagerie motrice, la fonction qui nous permet de nous représenter mentalement les actions que nous souhaitons accomplir, tout en ne passant pas nécessairement à l'acte. Cette découverte pourrait permettre une meilleure prise en charge de ce trouble, notamment par la psychothérapie. Le détail de cette étude est publié dans le dernier numéro de Psychiatry Research: Neuroimaging.
30 octobre 2003
Serge Stoléru et Jérôme Redouté (Unité Inserm 483, dirigée par Yves Burnod) et leurs collaborateurs du Cermep (Centre d'Etudes et de Recherches Médicales par Emission de Positons, Lyon) viennent de mettre en évidence une corrélation entre le désir sexuel hypoactif masculin (peu ou pas de désir sexuel) et une inhibition de certaines zones cérébrales impliquées dans le processus du désir. Cette inhibition entraîne un manque d'activation au niveau des régions cérébrales impliquées dans l'imagerie motrice, la fonction qui nous permet de nous représenter mentalement les actions que nous souhaitons accomplir, tout en ne passant pas nécessairement à l'acte. Cette découverte pourrait permettre une meilleure prise en charge de ce trouble, notamment par la psychothérapie. Le détail de cette étude est publié dans le dernier numéro de Psychiatry Research: Neuroimaging.
Un à 15 % de la population adulte masculine souffre d'un désir sexuel diminué, voire absent. Les traitements actuellement utilisés, notamment l'administration de testostérone ou la psychothérapie, sont peu efficaces.
L'équipe de Serge Stoléru (Unité Inserm 483) avait déjà identifié les zones cérébrales impliquées dans le contrôle du désir sexuel chez les hommes ne présentant pas de trouble clinique de la sexualité (cf note de presse du 22 février 1999 " Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur… le désir masculin " L'excitation sexuelle cartographiée dans le cerveau). Donnant un prolongement et une application clinique à ce travail, les chercheurs se sont cette fois intéressés aux processus cérébraux liés à la baisse ou à l'absence de désir sexuel masculin. Ils ont cherché à identifier si elle traduisait une diminution primaire du désir ou bien si le désir était présent, mais réprimé.
L'équipe a donc comparé l'activité des différentes régions cérébrales chez des hommes souffrant de désir sexuel hypoactif et des hommes sains. Pour identifier les zones cérébrales activées, les chercheurs ont utilisé avec leur collègues du CERMEP une technique d'imagerie fine : la tomographie par émission de positons, qui mesure le flux sanguin dans les différentes régions du cerveau.
Ainsi, les 7 volontaires souffrant de désir sexuel hypoactif et ne présentant pas d'anomalie hormonale et les 8 volontaires sains sélectionnés ont visionné des images génératrices de désir sexuel. Il s'agissait de clips vidéo muets de 3 minutes et de 3 séries de photographies comportant une gradation de neutre à explicite.
Chez les hommes sains, une partie du cortex orbito-frontal gauche se désactive en réaction aux stimuli visuels : on observe une baisse d'activité de cette zone. Par contre, chez les patients souffrant de désir sexuel hypoactif, cette zone n'est pas désactivée et l'activité y est maintenue. C'est le maintien de cette activité qui est interprété par les chercheurs comme l'origine de la diminution de l'activation des régions cérébrales de l'imagerie motrice. En effet, chez ces patients, les zones correspondant aux processus émotionnels et d'imagerie motrice sont moins activées que chez les sujets sains.
Les chercheurs en déduisent que ces patients présentent un manque de levée de l'inhibition exercée par le cortex orbito-frontal.
La mise en évidence de l'importance de ce mécanisme inhibiteur pourrait se révéler précieuse pour les psychothérapeutes et leur donner des pistes de travail avec ces patients pour mieux identifier et moduler le versant psychologique des inhibitions liées au désir sexuel hypoactif. En effet, l'interaction entre phénomènes psychologiques et processus cérébraux est telle que l'on a pu montrer, dans le cadre d'autres troubles, que des modifications induites par des interventions psychothérapiques se reflétaient dans des changements du pattern d'activité cérébrale.
Source
Brain processing of visual sexual stimuli in men with hypoactive sexual desire disorder Serge Stoléru (a), Jérôme Redouté (a,b), Nicolas Costes (b), Frank Lavenne (b), Didier Le Bars (b), Henri Dechaud (c), Maguelone G. Forest (d), Michel Pugeat (e), Luc Cinotti (b), and Jean-François Pujol (b)
a = Unité INSERM 483, Paris.
b = Centre d'Etudes et de Recherches Médicales par Emission de Positons, Lyon
c = Service de Radiopharmacie et de Radioanalyse, Hôpitaux de Lyon
d = Unité INSERM 329, Lyon
e = Fédération d'endocrinologie, hôpital de l'Antiquaille, Lyon
Psychiatry Research: Neuroimaging, octobre 2003, Volume 124, pages 67-86., accessible on line à l'adresse: http://authors.elsevier.com/sd/article/S0925492703000684
Descripteur MESH : Psychothérapie , Hommes , Patients , Cerveau , Travail , Testostérone , Tomographie par émission de positons , Tomographie , Sexualité , Endocrinologie , Adulte , Population , Hôpitaux , Photographies , Paris