Sécurité routière : constat en demi-teinte. Seules les limitations de vitesse sont respectées
Les mesures de répression et les campagnes d'informations gouvernementales pour la sécurité routière ont-elles eu un impact réel sur le comportement des automobilistes ? Les derniers résultats d'une étude réalisée par les chercheurs de l'Inserm (équipe Avenir "Prévention et prise en charge des traumatismes" à Bordeaux) sur plus de 11 000 personnes entre 2001 et 2004 dévoilent que les limitations de vitesse sont les seules à être effectivement respectées. L'application des recommandations vis-à-vis de la consommation d'alcool et de l'utilisation du téléphone portable est moins évidente.Ces travaux de recherche sont publiés dans la dernière édition de l'American Journal of public Heath.
Ce qu'il faut retenir de cette publication L'étude a montré une modification significative des attitudes des conducteurs entre 2001 et 2004 : * Diminution des excès de vitesse et des accidents qui leur étaient attribuables en ville, sur les routes et autoroutes. * Pas de baisse sensible de la conduite en état d'ivresse. * L'utilisation du téléphone portable au volant a fortement diminué mais reste impliquée dans un grand nombre d'accidents corporels. * La somnolence au volant reste un problème préoccupant. Dès 2002, l'accroissement des mesures d'information et de répression décidé par le gouvernement a permis de diminuer très significativement la mortalité routière en France, avec une baisse historique de plus de 40 % en 5 ans.Dans ce contexte, l'équipe "Prévention et prise en charge des traumatismes" du Centre de recherche en épidémiologie et biostatistique de l'Inserm à Bordeaux a entrepris des travaux de recherche sur les comportements des conducteurs français. De 2001 à 2004, les chercheurs ont étudié le comportement au volant de plus de 11 000 volontaires salariés et retraités, afin de mettre en évidence les causes sous-jacentes de cette baisse de la mortalité. © FotoliaSi les 11 240 personnes qui ont participé à l'étude comprennent et acceptent globalement mieux les consignes de sécurité routière qui leur sont imposées avec davantage de fermeté depuis quelques années, les comportements au volant ne sont pas encore exemplaires. Ainsi, seules les mesures de prévention des vitesses excessives ont été visiblement et durablement efficaces et expliquent la baisse spectaculaire de l'insécurité routière. Dans le groupe suivi par les chercheurs de l'Inserm entre 2001 et 2004, les accidents dus à une vitesse excessive ont diminué de moitié (-50 % en ville, -54 % sur les routes et -65 % sur autoroutes). Pourtant favorables à l'idée d'un renforcement des contrôles d'alcoolémie, ces conducteurs corrigent difficilement leurs habitudes de consommation et les chiffres des accidents attribuables à la conduite en état d'ébriété ne baissent pas. Quant à l'utilisation du téléphone portable au volant, elle a diminué de moitié entre 2001 et 2004 mais une petite frange d'utilisateurs assidus (2 %) est encore impliquée dans un grand nombre d'accidents corporels en 2004. Enfin l'étude de l'Inserm met en lumière une méconnaissance des effets de la fatigue sur la conduite. Elle touche plus d'un conducteur sur trois et est encore responsable d'environ 12 % des accidents corporels, soit une faible diminution au cours de cette période 2001-2004. Il est vrai que la fatigue n'a jamais été considérée comme une infraction. Pour les chercheurs, il apparaît aujourd'hui nécessaire de développer des campagnes de communication et de sensibilisation de grande ampleur sur ce sujet, et ce, même en dehors des périodes de grands départs en vacances. Les recherches de l'équipe Inserm se poursuivent par l'analyse des chiffres recueillis en 2007 avec un focus particulier sur l'évolution des comportements liés à l'alcool, le téléphone portable, et la fatigue au volant.Descripteur MESH : Sécurité , Téléphone , Recherche , Comportement , Personnes , Édition , Accidents , Fatigue , Mortalité , Communication , Épidémiologie , France , Gouvernement , Habitudes , Lumière , Vacances